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Promenades littéraires au gré du vent et des marées du Finistère

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Thomas Renaud - publié le 06/08/16

Dans "Géographies de la mémoire", Philippe le Guillou propose un récit autobiographique d'un nouveau genre.

Et si les lieux qui nous ont marqué et les rencontres que nous avons faites en disaient plus de nous que la petite mise en scène égotiste que nous nommons habituellement autobiographie ? C’est en tout cas avec sa pudeur habituelle que Philippe Le Guillou a pris le parti de se raconter par ces petites touches géographiques. Celles-ci évoquent tantôt l’enfance, tantôt l’âge mûr ou les jalons d’un travail littéraire qui l’a porté jusqu’à sa position actuelle : il est aujourd’hui l’un des auteurs contemporains les plus remarquables de Gallimard.

Des promenades de plein vent

Les promenades que nous faisons sur ses pas, le plus discrètement possible tant il nous faut préserver la grâce de ces instants, sont légères, de plein vent. Elles contrastent avec la grisaille vulgaire de notre époque. Et pourtant, Philippe Le Guillou n’est pas homme d’un autre temps, il possède simplement en lui les ressources suffisantes pour fendre les eaux saumâtres sans s’y salir.

La Bretagne occupe une place de choix dans cette biographie par la carte. Le Finistère sauvage du Faou, qui l’a vu naître, mais aussi Brest puis Morlaix. Une Bretagne dure, inflexible, qui ne permet pas de « jouer de rôle » et qui impose « une exigence, une forme de dénuement permanent ». Une Bretagne chrétienne, encore vivante de sa piété populaire, d’un christianisme « celtique, primitif, lié aux éléments, rugueux, entier. Le christianisme de Rumengol et de Landévennec ».

Chères amitiés

Philippe Le Guillou apprécie les paysages, qui ne sont pas pour lui des décors de cartes postales mais des lieux évocateurs, porteurs d’un message que seules peuvent entendre les âmes attentives. Mais il n’oublie pas les hommes et se garde de revêtir l’habit de l’exilé poseur, lui qui tient tant aux belles amitiés qui offrent cette rare proximité des intelligences et des cœurs.

Avec lui nous rencontrons Michel Mohrt, Julien Gracq, Michel Déon… L’hommage rendu à ce dernier nous fait toucher la finesse d’une langue ciselée. Il évoque ainsi un Déon « retiré aux limites de l’Europe pour toucher du doigt sa frontière liquide et laisser remonter de vieux rêves, dans le bruit des marées et l’odeur des varechs remués », un auteur « inséparable des paysages d’Irlande, des falaises creusées, des anfractuosités où nichent les goélands argenté, des lacs aux rives indécises, des hêtres qui bruissent telle une vague sur la grève, éternel chasseur dans la compagnie des pluviers ».

Les antiques vertus

Philippe Le Guillou sait se souvenir qu’il est l’enfant d’une lignée, et l’importance de ses deux grands-pères apparaît très souvent dans son œuvre. Sur l’un d’entre eux, il nous livre ce témoignage d’une époque : « Les hommes de ce siècle (…) n’avaient aucun conflit avec le devoir et la fatalité, les évènements leur arrivaient, ils tombaient presque comme un décret, une sanction venus d’en haut et ils s’en accommodaient. Ils ne connaissaient pas la rage, la révolte, la conscience de l’absurde. Ils se soumettaient entièrement à ce qui advenait ».

Le Guillou est aussi l’auteur des antiques vertus, sans pédanterie ni pharisaïsme. Aux grandes leçons, il préfère d’ailleurs les pèlerinages. Ceux qui savent ce qu’est un instant passé à contempler l’immensité des mers depuis la Chaussée des Géants ou les falaises d’Aran, ce qu’enseignent de longues promenades méditatives en forêt de Paimpont ou sur les innombrables sentes de notre vieux pays ne pourront que lui donner raison.

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Géographies de la mémoire de Philippe Le Guillou. Éditions Gallimard, 272 pages, 21 euros.

Tags:
Bretagne
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