Rome ne connaît pas la Chine
« La politique du kowtow, s’abaisser devant le pouvoir central chinois, ne peut porter de bons fruits », a-t-il déclaré. Le Pape parle d’adopter une attitude humble. « Très bien, répond-t-il, l’humilité est une vertu cardinale, mais il ne faut pas le faire en abandonnant toute dignité, la dignité de notre foi, la dignité de l’Église. »
À Rome, « ils ne connaissent pas la Chine, ils ne parlent ni ne lisent le chinois, ils n’ont pas pratiqué les communistes chinois », regrettait le cardinal dans cet entretien, avant d’ajouter : « Mes craintes sont donc fortes, même si le Saint-Père n’a pas encore pris position clairement sur le sujet. J’ai très souvent écrit au pape François. Ce que j’espère, c’est qu’il écoute, qu’il écoute tout le monde, tous ceux qui ont des avis divergents sur cette question des rapports avec la Chine. Mais je ne cache pas que la situation actuelle est pleine de dangers, car il y a tant de gens autour de lui qui poussent à conclure un accord avec Pékin ».
Pour comprendre…
Le père jésuite Joseph Shih, dans un article paru en mai dernier dans la revue italienne La Civiltà Cattolica, confirme : pour comprendre l’Église catholique en Chine, « il ne faut pas trop prendre à la lettre les déclarations des autorités chinoises, ne pas trop se fier des informations diffusées par les médias étrangers, et mieux connaître la foi des catholiques qui vivent en Chine ».
Le gouvernement de Pékin impose aux cinq grandes religions reconnues sur son territoire – taoïsme, bouddhisme, islam, catholicisme, protestantisme et confucianisme – « des organes de contrôle spécifiques » pour les diriger et gérer leurs mouvements.
Joseph Shih reconnaît que la situation de l’Église catholique en Chine n’est pas une situation idéale et que les décisions du Saint-Siège la concernant n’ont pas toujours fait l’unanimité parmi les fidèles. Mais, affirme-t-il, « il est impératif que celui qui parle de l’Église en Chine tienne compte des circonstances réelles des faits ».