Ici ou là, y compris dans des milieux catholiques, on s’étrangle sur les derniers propos du pape François, tenus au cours d’une conférence de presse.
Faits divers contre tueries de masse
Ma première réaction, comme Français et prêtre catholique, est d’abord de la stupéfaction. En effet, depuis l’affaire Merah, toutes les actions terroristes menées sur le territoire de mon pays, sont liées – et c’est bien malheureux pour tant et tant de musulmans qui y vivent- à l’islam, par le biais de l’idéologie islamiste. C’est si vrai que nos « nouveaux clercs » – les médias –reprennent systématiquement en chœur le discours du « pas d’amalgame », au risque d’ailleurs d’empêcher toute vraie réflexion ou même les musulmans de notre pays d’entamer un nécessaire travail de clarification sur le statut de la violence dans les textes sacrés de l’islam. Une stupéfaction qui se double d’une incompréhension formelle : je reste surpris que le Pape compare des « faits divers » avec des tueries de masse et je ne vois absolument pas à quoi le Souverain Pontife fait allusion en parlant de « violence catholique ». Alors dans un premier temps, je ne peux que dire ceci : je ne comprends pas ces propos. Ils dépassent ma capacité, sans doute parce que je n’ai pas une connaissance suffisamment universelle qui me permettrait de saisir ce qu’est cette « violence catholique ». Je rappelle ici que nous sommes en train de parler de terrorisme, de plusieurs centaines de morts sur notre sol, de milliers de chrétiens dont l’existence est en jeu, en Orient en particulier.
Sur les traces de Pie XII ?
Ce dernier point m’a finalement mené au parallèle suivant. Comme Pie XII s’est retrouvé confronté au totalitarisme nazi, François l’est au totalitarisme islamiste. Comme Pie XII a réalisé que ses condamnations de l’idéologie nazie entraînaient sur le terrain encore plus de persécutions et de drames pour les catholiques ou les Juifs, François sait – à l’aune des violentes réactions qui ont suivi le fameux discours de Ratisbonne de son prédécesseur Benoît XVI – que ses paroles peuvent avoir des conséquences dramatiques dans un certain nombre d’endroits du globe où l’idéologie islamiste est conquérante. Comme Pie XII, le pape François, prend le risque personnel d’être incompris – y compris par les siens- voire même de paraître un jour devant le tribunal humain de l’histoire comme un pape « collaborateur ».
Humilité et révérence
Alors ? Ma réaction de Français, prêtre catholique ? Je décide de faire confiance au successeur de Pierre. Non pas que je sois obligé de partager tous ses points de vue en matière politique – car c’est bien de cela dont il s’agit–, mais dans un acte d’humilité et de révérence, j’admets volontiers que le Saint Père est mieux informé et plus intelligent que moi. Saint Pierre, pourtant si faible, ne s’est-il pas entendu dire par le Christ : « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » ? Alors, à mon humble place, je veux défendre le Pape François, je veux l’aimer, je veux prier pour lui, pour cette mission immense qui est la sienne : guider le peuple de Dieu et à travers lui l’humanité.
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