Natalie Saracco, réalisatrice française, connue en particulier pour son long métrage La mante religieuse sorti en 2014, publie un livre-témoignage Pour ses beaux yeux. Elle y raconte la rencontre qui a bouleversé sa vie. En 2011, alors qu’elle file vers la Normandie avec une amie, un camion les percute et leur voiture s’encastre dans la glissière centrale à 130 km/h. Natalie vit alors une expérience de mort imminente et se retrouve face au Christ “pleurant et souffrant le martyre”.
Aleteia : Comment vous êtes-vous retrouvée face à Jésus ?
Natalie Saracco : J’étais coincée dans le véhicule et je sentais mon énergie, la vie, la chaleur me quitter par les pieds, comme une bouteille percée. J’étais cependant totalement consciente, encastrée dans la voiture de laquelle les pompiers cherchaient à nous extraire mon amie et moi. L’un deux n’arrêtait pas de m’appeler par mon prénom car il voyait bien que je partais. Je me suis d’un coup retrouvée dans un endroit où tous nos codes humains avaient disparu : sans temps, sans espace, sans décors. Tout était blanc et Jésus se tenait en face de moi, sous des traits humains. En tant que croyante, je n’étais pas surprise de Le rencontrer. Non seulement je m’y attendais mais je l’espérais ! Mais là où j’ai été scotchée, c’est de me retrouver face au Seigneur pleurant et souffrant le martyre…
En quoi cette rencontre a transformé votre vie ?
Plus que le Christ, c’est son Cœur que j’ai rencontré. À cette époque, je ne connaissais pas du tout le Sacré-Cœur en dehors de la basilique de Montmartre. Et lors de cet accident, je me retrouve nez à nez avec ce Cœur ensanglanté : Jésus qui pleure et qui souffre le martyre. C’est cela qui m’a complètement chamboulée.
À quoi voyiez-vous qu’Il souffrait à ce point ?
Jésus pleurait à chaudes larmes et tremblait d’une souffrance abominable. Il me désignait son Cœur qui était comme sorti de sa poitrine. C’était tellement énorme, tellement incarné… Son Cœur rouge était entouré d’une couronne d’épines et versait comme des larmes de sang. D’autres larmes avaient même défiguré son visage. Certains me demandent parfois la couleur de ses yeux… “Vous délirez les gars ? Je n’en sais rien !” J’ai été envahie, absorbée par sa souffrance. C’était insupportable pour moi de voir le Christ et de sentir physiquement sa douleur… Il voulait clairement que je la partage avec Lui.
Comment avez-vous réagi face à ce douloureux spectacle ?
Je lui ai demandé : “Mais pourquoi pleures-Tu mon Seigneur ?”. Sa réponse, qui s’adresse à tout le genre humain, m’a laissée sans voix : “Je pleure parce que j’ai donné ma vie pour vous, pour vous tous mes enfants chéris, que je ne sais plus quoi faire pour vous et qu’en échange je n’ai que froideur, mépris et indifférence”. Vous vous rendez compte ? Je ne connaissais pas Paray-le-Monial à l’époque et quand j’ai raconté ce dialogue à des prêtres quelque temps après, j’ai découvert que c’était le message que le Christ avait déjà donné à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Quand j’ai acheté le livre qui raconte cela, j’ai fondu en larmes. Il y avait des passages où le Seigneur lui avait confié “texto” ce qu’Il m’avait dit à moi !
Que vous a-t-Il dit d’autre ?
“Je pleure parce que j’ai donné ma vie pour vous et que je vous aime à la folie. Je ne sais plus quoi faire pour vous et en échange je n’ai que froideur, mépris et indifférence. Je pleure parce que mon Cœur se consume d’un Amour fou pour vous tous, qui que vous soyez.” Et alors qu’Il me parlait encore, Il m’a fait sentir physiquement son Amour pour moi, pour nous tous… Cela dépasse tout entendement ! Quelle puissance et quelle joie… on ne va pas s’ennuyer au Paradis croyez-moi ! Nous serons plongés dans son Amour, Il sera en nous et nous en Lui, ce sera l’extase éternelle.
Vous décrivez dans votre livre un dialogue permanent avec le Christ depuis votre accident… Vous pouvez discuter avec Lui directement comme avec n’importe quelle personne ?
Complètement ! Cette rencontre avec le Cœur de Jésus n’a pas été une fin mais un nouveau départ. Je savoure et me délecte du cheminement qu’Il me fait vivre dans ses bras, dans une rencontre de plus en plus personnelle, je dirais même amoureuse avec Lui.
Cette joie et cette paix qui émanent de votre visage viennent donc directement de Lui ?
Je prie deux heures par jour, forcément cela laisse des traces ! Même si je ne suis pas une convertie à proprement parler, parce que j’étais déjà croyante avant cet accident, ma rencontre avec le Christ a été véritablement une renaissance dans ma foi. Mes interlocuteurs sont souvent surpris de la manière dont je parle du Seigneur, comme s’Il était mon amoureux ! La relation avec ce Dieu Amour relève vraiment du personnel mais comme je Le porte en moi, cette relation dégage quelque chose qui me dépasse. Cela ne fait pas de moi une sainte, Dieu seul est Saint et la Vierge Marie est Immaculée Conception ; nous sommes tous pécheurs et pour moi la conversion dure jusqu’à la fin de notre vie… On ne devrait d’ailleurs pas dire “êtres humains” mais “apprentis humains” ! Nous sommes là pour construire notre humanité.
Avant cet accident, à quoi ressemblait votre vie de chrétienne ?
J’ai été élevée avec une mère très croyante qui a toujours été un exemple de charité et d’amour. Elle avait pigé le truc ! Mon père était médecin généraliste à Levallois et Maman faisait venir des sans-domicile durant la nuit pour qu’ils dorment dans la salle d’attente du cabinet et leur faisait à manger. Elle a eu l’intelligence de nous parler de Dieu sans jamais rien nous imposer. C’était très intelligent de sa part. Et quand j’avais 14 ans, alors que je ne suis pas du matin, je prenais mon vélo (et plus tard ma moto) et avant de partir au collège, je me rendais de Levallois jusqu’au Sacré-Cœur de Montmartre pour assister à la messe de 7 h avec les religieuses. Ces sœurs sont vraiment devenues des amies : elles m’ont vu grandir et elles ont connu toute mon évolution de comédienne.