Il y a le genre "affirmatif" et le mode "propositionnel". Mais il n’y a pas à choisir entre les deux.
Nos débats aiment les alternatives : blanc ou noir, gauche ou droite, juste ou faux, admirable ou abominable, et il est parfois difficile de se situer entre les deux. C’est ce qui semble, du moins jusqu’à un certain point, se dessiner ces temps-ci parmi les catholiques pratiquants.
D’un côté, un courant dit sans doute un peu vite « identitaire ». On n’y a pas peur d’afficher sa particularité, sa différence, son décalage même par rapport au reste de la société de plus en plus sécularisée. L’indignation contre le passage en force du « mariage pour tous », imposé par certaines élites malgré une protestation populaire massive, a donné à ce besoin l’occasion de prendre conscience de sa vigueur : on se distingue, on s’affiche, on entend ne rien lâcher, et tant pis pour ceux qui persistent dans leurs errements, même si leur nombre ne cesse d’augmenter. On les plaint, mais on reconnaît qu’ils sont libres. Il s’agit seulement de ne pas se laisser contaminer et de tenir bon en priant l’Esprit Saint de toucher les cœurs des brebis égarées, voire de la faune charriée depuis quelques décennies par les flux migratoires.
D’un autre côté, une attitude plus ouverte, plus attentive aux tentations et aux épreuves, mais aussi aux inquiétudes comme aux convictions de nos contemporains dont on ne désespère pas et auxquels on ne se juge pas infailliblement supérieur. On sait que l’anathème et l’automarginalisation ne sont pas des moyens efficaces d’évangélisation et qu’il faut, comme tous les missionnaires depuis vingt siècles, écouter et comprendre ceux auxquels on est envoyé. Dans cette perspective, apprendre leur langue, donc leur vision du monde, et christianiser leur culture au lieu de la conformer à un modèle idéalisé (celui de la chrétienté médiévale ou post-tridentine, par exemple), c’est être non pas laxiste, mais fidèle à la Tradition la plus sure, qui enseigne que la fermeté n’exclut ni la bienveillance, ni la patience, ni la confiance.
Affirmatif ou propositionnel ?
On voit ici que cette bipolarisation n’est pas une simple mutation de l’antagonisme d’antan entre progressistes et conservateurs. Le catholicisme que l’on peut appeler « affirmatif » n’est pas passéiste et cherche à résister plutôt qu’à (re)prendre du pouvoir. Son symétrique, que l’on pourrait nommer « propositionnel » et qui est probablement majoritaire parmi ceux qui se disent croyants, n’a pas davantage d’ambitions de conquête et ne verse pas dans les approximations liturgiques et théologiques qui ont ébranlé l’Église après Vatican II.