“En tant que chevalier chrétien, il te faut placer ta vie sous la bénédiction de Dieu et par conséquent aimer le pays et la période dans laquelle tu as vu le jour.”À quoi peut bien ressembler le chevalier des temps modernes ? Pour répondre à cette épineuse question, Aleteia a remis au goût du jour un ancien code de chevalerie en vigueur au XIIe siècle. Ces dix commandements, à l’image du décalogue de l’Église catholique, dictaient la conduite des chevaliers désireux de cultiver les saintes vertus et d’éveiller en eux les sentiments les plus nobles. Répondant aux problématiques médiévales, un tel code peut à première vue sembler désuet ou inapproprié à l’époque moderne. Vraiment ? Largement imprégnés par la morale chrétienne, ce seront des prêtres, bien dans leur époque, qui revisiteront et réactualiseront pour vous les préceptes de ce code dont notre société moderne gagnerait beaucoup à s’inspirer. Faisons naître ensemble un nouvel esprit chevaleresque !
Le père Bernard Peyrous a étudié cette semaine l’une des vertus du chevalier : l’amour de son pays. Prêtre, membre de la Communauté de l’Emmanuel, ancien recteur des Sanctuaires de Paray-le-Monial, il est l’auteur du livre Connaître et aimer son pays : une réflexion chrétienne sur les nations.
Tu aimeras le pays où tu es né
Chevalier ! Aime ton pays, parce que tu sais que l’on ne naît pas par hasard. La coïncidence n’existe pas quand on croit que Dieu est Providence. Le Seigneur aime tant la Terre qu’Il en a béni chaque lieu. En tant que chevalier chrétien, il te faut placer ta vie sous la bénédiction de Dieu et par conséquent aimer le pays et la période dans laquelle tu as vu le jour.
En 1914, il n’y avait que 53 nations dans le monde… contre 226 aujourd’hui ! Une nation, tout particulièrement les plus anciennes d’entre elles, ont besoin de retrouver leur âme, leur vocation profonde pour répondre à l’appel de Dieu. Saint Jean Paul II l’a très bien expliqué à propos de la Pologne dans son livre-testament : Mémoire et identité. Cela signifie que si je nais en France, je dois participer à sa vocation. Il faut ainsi s’atteler à connaître son pays, son Histoire et sa culture pour s’imprégner de cette vocation. La destinée de la France est liée à l’amour de l’Homme, à la vérité et au courage de se battre et d’espérer.
C’est précisément le contraire du chauvinisme qui revient à ne penser qu’à soi et à s’isoler. Benoît XVI a abordé cette question lors de sa visite en France en 2008, comparant l’ensemble des nations à une grande famille où chacun de ses membres est à la fois différent et indispensable :
Je suis convaincu que les nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d’autres ou se noyer dans une terne uniformité. “La nation est en effet, pour reprendre les termes du pape Jean Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La nation existe “par” la culture et “pour” la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent “être davantage” dans la communauté” (Discours à l’UNESCO, 2 juin 1980, n. 14). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce pays de mieux comprendre d’où il vient et où il va. Par conséquent, dans le cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles s’est construite l’identité de la nation.
(Allocution du pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les cardinaux et évêques français à l’hémicycle Sainte-Bernadette à Lourdes)
Pour permettre à la nation d’accomplir sa vocation, nous devons nous aider de nos propres grâces, tout en gardant en tête que la grâce des Anglais n’est pas la même que celle des Français. Comment vivre cet amour du pays ? En y croyant, en l’incarnant et en le proclamant. Cela implique de changer son regard, et de le positiver : chevalier, accueille, vis et aide tout ce qui est vertueux, en particulier tout ce qui émane des gens simples et humbles car tu es la force au service des faibles. Fais le serment que tu ne râleras plus (ce qui est une plaie en France), évite à tout prix de t’installer dans la guerre permanente qui consume la société mais au contraire suscite chez tes compatriotes ce qu’il y a de meilleur.
J’ai eu la joie de venir dans votre pays pour y présider les cérémonies commémoratives du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j’ai senti l’attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La France célébrait alors sa libération temporelle, au terme d’une guerre cruelle qui avait fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, c’est surtout en vue d’une véritable libération spirituelle qu’il convient d’œuvrer. L’homme a toujours besoin d’être libéré de ses peurs et de ses péchés. L’homme doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n’est pas son ennemi, mais son Créateur plein de bonté. L’homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et qu’il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à jamais la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d’amener la portion du Peuple de Dieu confiée à vos soins à la reconnaissance de ce terme glorieux.
(Allocution du pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les cardinaux et évêques français à l’hémicycle Sainte-Bernadette à Lourdes)
Enfin, le chevalier français devra tout particulièrement prier les saints patrons et protecteurs de la France : la Mère de Dieu depuis que Louis XIII a fait le vœu de lui consacrer la France le 10 février 1638 ; la “petite Thérèse” depuis mai 1944 ; et sainte Jeanne d’Arc, depuis que Pie XI l’a reconnue officiellement en 1922 comme “seconde patronne de la Fille première née de l’Église romaine”. Le Pape a donné à ces patronages un caractère irréversible, “nulle autorité ne pourra, à l’avenir, le remettre en cause”.
Les Français peuvent aussi se tourner vers l’Archange saint Michel, sainte Pétronille, les saints évêques Rémi, Martin et Denis, et bien entendu saint Louis, roi de France qui complètent ce panthéon des protecteurs de la Fille aînée de l’Église.