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Un curé sur catalogue

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Corinne SIMON/CIRIC

La rédaction d'Aleteia - publié le 14/04/16

Entre le rejet et l’adulation, la raideur et l’affection, il peut être ardu de trouver la juste pose pour un laïc comme pour un consacré.

“Fréquentant le milieu ecclésial depuis toujours à titre amical ou professionnel, évoluant dans une famille où l’on répond favorablement à l’appel du Seigneur d’oncles en neveux, de tantes en nièces, de génération en génération, je saisis combien entre le rejet et l’adulation, la raideur et l’affection, il peut être ardu de trouver la juste pose pour un laïc comme pour un consacré.”

Le texte suivant est écrit par une mère de famille, sœur de deux prêtres et paru initialement sur le Blog du padre

Le prêtre dieu

Ah oui, ça pour être idolâtré, le curé est vite transformé en veau d’or. C’est tellement plus facile !
Pour nous : pas de question à se poser, on suit tout ce qu’il dit ! Il est saint, forcément !
Pour lui : magnifique, il est le plus beau, il est parole d’Évangile, les ouailles l’adorent, il est génial. Il y a celles qui le fuient : il est vénérable et intouchable ! Il y a celles qui le scotchent et tentent de toucher son habit, à qui il distribue ses faveurs, veux-tu un sourire, une poignée de main, un clin d’œil, un bon mot.

– Et mes sermons, hein, tu as vu ?
– Quelle intelligence, quelle finesse, quel talent d’orateur !
– Tu en as des sujets à louer à mon compte ! Je fais tout ça pour toi, pour qui ?
Pour moi ! Pour vous, oui !
Ah oui tu as vu ma liturgie ? Je m’adapte : tu es plutôt de gauche, c’est tendance, tu es plutôt tradi… je peux tout faire pour te plaire…
Ah ça, n’est pas curé qui veut !
Tu n’as même plus besoin de ton Dieu.

Le prêtre papa

Un père spirituel : essentiel pour progresser en sainteté !
Papa spi, mon père spirituel, mon confesseur, mon directeur de conscience, ma fille spi, mon dirigé, ma charge d’âmes… des termes plus ou moins affectueux, c’est selon.
Mais oui le prêtre est un père, il nous donne à manger, il nous pardonne, il veille à notre élévation, il conseille nos décisions, il éclaire nos consciences, il vit par Jésus. Bienveillance, discernement, Vérité : il cherche !
Qu’il n’ait pas peur non plus de la proximité ; las les complotistes : une main sur l’épaule, une tape sur la joue, une imposition de main dans une broussaille de cheveux et la joie rejaillit !

Mais toi, l’ouaille, ne profite pas de tes faiblesses pour lui demander plus, à ton père spi ! Il n’est pas là pour combler tes manques ! Lui aussi panse et pense ses fragilités ! Prie le Saint Esprit pour lui, qu’il sache t’aider et te soigner par les sacrements, et sois acteur de ta vie spirituelle, ce n’est pas un gourou, il n’a rien à te dicter et tu n’as pas à t’en faire un führer ! Et accepte ses sautes d’humeur : estimes-tu tes sollicitations toujours à propos ? Relis les vies de saints, ils n’étaient pas toujours affables ! Ploie la nuque et rumine. Laisse lui ses temps de prières, oublie son téléphone, ne l’indispose pas en le prenant pour le SAMU. Enquête par toi-même en premier lieu, lis des docteurs de l’Eglise, médite, prie, et sollicite le pour ton âme, pas tes états d’âme. Utilise ta liberté. Qu’il t’aide à en disposer. Cherche Dieu.

Le prêtre copain

Ben oui, le prêtre a droit d’avoir une vie sociale ! C’est un ami du Bon Dieu, c’est un ami pour chacun.
Mais diantre, te doit-il des comptes sur ses fréquentations ? Et doit-il entrer dans l’intimité de tous parce qu’il est prêtre ?
Tu es une femme, une fille, une épouse ou une religieuse, te crois-tu obligée de rentrer en contact rapproché pour mieux saisir les attentes du Seigneur ? Tes mini-jupes et autres cliquetis au premier rang de l’église sont-ils nécessaires à la méditation ? Crois-tu que tu sois sa sœur dans le Christ au point que rien ne l’émeuve ? Penses-tu vraiment qu’il est immatériel parce que consacré au Seigneur ? Et ta naïveté, là, ne rime-t-elle pas avec impureté ? Au fait, son célibat implique-t-il le pensum de t’écouter déblatérer sur tes ennuis sentimentaux ou tes petites vacheries de bureau pendant des heures ? As-tu pensé à parler avec ton mari/ ta supérieure/ ta sœur/ des sujets qui te préoccupent avant de le harceler ?

Rire avec lui, soit, le soutenir, bravo, le retenir, non : des âmes attendent ! Et toi, homme, dois tu l’entraîner dans tes délires matérialistes au point de l’inonder de cadeaux high-tech, ou sous prétexte qu’il est curé-qui-doit-être-pauvre ne jamais lui offrir un chèque ? Crois-tu nécessaire de lui infliger tes conversations de troisième mi-temps et ta descente légendaire ? Doit-il t’accompagner dans tes vices pour témoigner de son amitié ?

Et toi, curé, quand te permettras tu d’être toi-même : un super mec qui a décidé de dire jour après jour oui à son Dieu et intègre pleinement qu’il n’est pas de ce monde ? Hormis les prudes et faux naïfs, nous savons bien que tu sais ce qu’est “la chose”, expérimentée ou non. N’en remontre pas en te la jouant, dansant un rock avec Madame, flattant Monsieur dans ses faiblesses, complimentant de sa dernière photo torse nu l’éphèbe ou chantant Rihanna avec la petite. Et bien oui, c’est rigolo de faire le curé cool, mais là, tu dépasses les bornes ! Tu te desserts et tu gênes. Tu choques et tu paralyses. Tu catalyses les chutes. Et ton âme et ta santé ? Et l’alcool dans tout ça ? Ton lever de coude, personne n’en doute ! Finir en tonneau attirera-t-il les âmes ? Tes tiraillements, garde les pour ton psy ou ton père spi ! Ne laisse pas tes fidèles se gausser de tes sermons obsédés et de tes frustrations ni soignées ni transcendées.

Rappelle-toi qu’il y a des heures pour partir, des heures pour se taire, des heures pour regarder ailleurs, des heures pour laisser le couple face à lui-même, les célibataires à leur solitude, l’enfant à ses rêves. Retrouve-toi toi-même, chaque jour. Offre leur peine, offre la tienne, seul Dieu suffit.

Le prêtre tuteur

Et oui trop de familles adoptent un curé et le phagocytent. C’est une chance inouïe, curé, que tu fasses partie de la famille, que tu nous fasses l’honneur de ta présence le dimanche ou aux fêtes de famille, et merci pour ta patience ! C’est généreux, les ouailles, de l’inviter en vacances avec vous, en WE au bord de la piscine, au mariage et au baptême !

Mais qui a pensé aux honoraires ? Qui se rappelle qu’un déplacement ça coûte, que le temps du curé, c’est aussi de l’argent, et ses vacances aussi pour son repos ? Si les tiennent riment avec glande, bronzage et apéros, doit il supporter tes femmes en bikini et tes conversations douteuses ? Crois-tu que les câlins de tes enfants soient destinés à tous, penses-tu que poster tes photos avec bébé nu sur ses genoux soit la meilleure idée pour la prospérité ? Et quand tu lui demandes de véhiculer ta fille ou de partir en WE avec ton fils pour profiter de ces moments pour “de bonnes conversation”, penses-tu user de prudence pour sa réputation ? Crois-tu que ton enfant sera à l’aise dans ce tête-à-tête ?

Et lui, tout dans le don, sait-il seulement dire non, s’imposer des limites, dresser des barrières, filer à l’anglaise, rentrer à l’église ? Prêtre, ta dignité passe aussi par tes refus. Le couple sombre, les enfants dévient, les liens se distendent, la communication s’étiole… Inviter le curé ré enchanterait les relations ? Ou est-ce un pansement sur une plaie purulente ? “N’exaspérez pas vos enfants”… par la présence permanente du clergé dans la cellule familiale, et ne croyez pas que l’amour conjugal s’alimente à coup de fréquentations ecclésiales. Seul Dieu suffit.

Alors que fait-on ?

“Le prêtre s’use quand il ne sert pas” : demandons lui les sacrements.
Le prêtre est faible : servons-le !
Le prêtre est pêcheur : aidons-le !
Le prêtre est consacré : respectons-le !
Le prêtre est notre frère en Christ, aimons-le… en Christ !
Les ouailles sont perdues : éclairons-les… avec le Christ !
Les ouailles sont en manque : montrons-leur le Christ !
Les ouailles sont pauvres : offrons-leur le Christ !
Les ouailles sont absentes : apportons leur le Christ !
Lui qui luit le jour et la nuit !
Dieu seul suffit !

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