Depuis la Manif pour tous, on assiste à une libération de la parole des évêques. Malheureusement, cette parole est souvent mal maîtrisée et ne débouche que sur une succession de scandales.
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Chers pères évêques,
Voilà des années que de nombreux catholiques attendent que vous portiez le message de l’Église dans la sphère publique. Petit à petit, plusieurs d’entre vous osent enfin s’imposer dans les débats. Merci ! Le temps du silence et de la honte a été trop long.
En effet, depuis 50 ans, les catholiques ont souvent donné le sentiment d’avoir honte du message évangélique. Nombreux sont ceux qui, depuis Vatican II, ont même été tentés de croire que délaisser la doctrine attirerait nos contemporains. C’est un échec, tant dans les résultats concrets – les bancs sont vides en de nombreuses églises et les vocations rares en de nombreux diocèses – que vis-à-vis de notre vocation de baptisés.
Prenons ce constat pour une opportunité ! Tant de cœurs qui ne demandent qu’à être évangélisés, n’est-ce pas là une mission exaltante ? Aimons ce que nous enseigne l’Église depuis 2000 ans. Réjouissons-nous d’avoir été choisis pour être les témoins du Christ. N’ayons pas peur de l’annoncer ! Soyons fiers d’être des baptisés !
Dés lors, il ne s’agit plus d’adapter le fond, qui est immuable, mais la forme du message, afin de l’adresser à ce temps particulier qui est le nôtre. Car cette parole, chers évêques, vous êtes de plus en plus nombreux à la prendre avec certes beaucoup de courage, mais hélas, beaucoup de maladresse aussi.
Si les récents propos de Mgr Marc Aillet, du cardinal Philippe Barbarin ou de l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne ont été déformés et incompris, c’est avant tout parce qu’ils n’étaient pas audibles pour beaucoup. Dans un monde où les médias guettent la moindre petite phrase qui, dés lors qu’elle aura été soigneusement sortie de son contexte, saura engendrer une polémique, il est indispensable de ne pas prendre la parole n’importe comment !
On ne peut dire en 140 caractères que l’avortement est un crime, sans donner l’impression d’accuser les mères concernées d’être des assassins. On ne peut faire une conférence de presse sur un sujet aussi délicat que la pédophilie, sans l’avoir d’abord soigneusement préparée et mesuré la distance dans l’esprit du public qui sépare le droit canon de la loi civile. On ne peut dire non plus qu’un pédophile n’a pas forcément commis un péché, sans que ceux qui ne connaissent pas les subtilités du catéchisme de l’Église catholique n’en soit horrifiés.
Certes, certains ont profité de ces maladresses pour se déchaîner sur l’Église, mais l’immense majorité n’a tout simplement pas compris. Mère ayant avorté et victimes de prêtres pédophiles ne pouvaient que se sentir blessés par ces propos. Je les comprends. Et au final, le message du Christ en sort abîmé et blessé, car inaudible et rejeté…
Il y a donc urgence ! Urgence de comprendre les codes de notre société ! Urgence de recruter un professionnel de la communication de crise dans chaque diocèse ! Urgence d’instaurer des cours de communication dans les séminaires !
Cessons de penser qu’il nous suffit de clamer la vérité brute, et que la communication est un artifice moderne qui trahirait le message. Réveillons-nous ! Le fossé est trop grand entre la beauté du message évangélique et la pensée de nos contemporains pour ne pas user de pédagogie !
Dieu Lui-même, de la Création du monde à la venue de son Fils, n’a-t-Il pas passé son temps à user de pédagogie face à la dureté de cœur de Son peuple ?