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Les remords d’une maniaque du contrôle

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© Ollyy/Shutterstock

Elizabeth Dye - publié le 13/04/16

De l’importance du libre arbitre.

Bonjour, je m’appelle Elizabeth… et je suis une maniaque du contrôle.

Un jour, j’ai décidé qu’il était juste et noble, d’imposer mon aide aux personnes qui semblaient incapables de faire de bons choix tous seuls.

Le contrôle des personnes, s’il est mis à profit du bien, n’est-il pas la vocation la plus noble ? En tant que bonne chrétienne, je me sentais dans l’obligation d’aider ceux qui étaient incapables de s’aider eux-mêmes. Même si cela signifiait piétiner leurs propres désirs.

Besoin d’un conseil non sollicité ? Je suis là pour vous !

Besoin d’une bénévole ? Je suis la personne qu’il vous faut !

Quelqu’un doit bien s’assurer que les choses sont faites correctement !

Mais un jour, tout cela s’est effondré. Le jour où j’ai rendu visite à une personne que j’aimais… dans sa chambre d’hôpital. Auparavant, croyant œuvrer pour son plus grand bien, je m’étais imposée dans sa vie et je l’avais manipulée.

En entrant dans sa chambre, je réfléchissais encore à la manière dont je pourrais intervenir. Je regardais les oies, confectionnées avec des serviettes, placées délicatement sur le rebord de la fenêtre par les femmes de ménage, dans une vaine tentative de faire ressembler la chambre d’hôpital à un bateau de croisière.

Je me suis sentie complètement vaincue. Face à la volonté et aux choix des hommes, tout était inutile. J’ai donc abdiqué.

Avec la grâce de prier enfin pour que soit faite la volonté de Dieu, j’ai réalisé toute l’affection que j’avais pour cette femme. Et que tout ce que j’avais réellement désiré c’était de lui donner mon amour. Le seul regret que j’aurais pu avoir dans ma vie, c’était de ne pas aimer. J’ai regretté toute les fois où je n’avais pas aimé. Je parle là du véritable Amour, et non pas de sentiments ou d’émotions. Je voulais seulement lui donner de l’Amour. Je voulais aimer davantage.

Alors que je priais pour trouver une manière d’aimer, que mon amie puisse percevoir dans son état de faiblesse, j’ai vu une femme dépourvue de tous les signes extérieurs de dignité, à l’exception de sa peau.

Je me suis alors emportée contre Dieu : “Comment puis-je aimer ça ?”.

Il m’a répondu : “Donne-lui la dignité qui lui appartient”.

Quelle dignité ? Elle n’en a plus !

La dignité du libre arbitre. La dignité du droit à suivre ses propres choix, même s’ils sont mauvais et qu’ils nous blessent. Le libre arbitre, c’était la dernière chose que je voulais lui offrir, mais je n’en ai jamais eu l’occasion.

Pour un instant, j’ai imaginé la souffrance que Dieu éprouve à chaque fois que nous utilisons ce don suprême du libre arbitre pour nous détourner de lui. J’ai compris à quel point ce don est important… et j’ai eu honte.

Honte pour toutes les fois où j’avais violé ce don, dans la vie des autres.

Honte pour toutes les fois où j’avais empêché les personnes de prendre de bonnes décisions, par eux-mêmes.

Honte pour toutes les fois où je les avais empêchés d’apprendre de leurs propres erreurs.

Voilà ce que j’avais fait avec mon libre arbitre : je l’avais nié aux personnes qui m’étaient chères.

Qu’ai-je appris d’autre ? J’ai appris que ce que je qualifiais “d’aide aux autres”, ne concernait en définitive toujours que moi : mon niveau de confort et mon orgueil, quand je croyais savoir ce qui était bon pour les autres ou pour moi-même. Je voulais jouer le rôle de Dieu, non pas par amour, mais pour éviter d’avoir à regarder les conséquences de leurs mauvais choix, leur souffrance. Je mettais en avant ma “capacité d’aider” et ma “grande expertise”. Mais mon aide n’a en définitive jamais apporté une différence positive. Pire encore, mon aide a probablement été un obstacle.

Voilà une leçon amère et humiliante. Mais je l’ai bien apprise.

Ces derniers temps, je travaille grandement à utiliser le don suprême de mon libre arbitre, afin de permettre aux autres d’avoir leur propre dignité. Je crois avoir finalement compris que l’amour ne signifie jamais porter atteinte à ce don. Peu importe la gravité de la situation, ou combien noble est notre intention. Ce n’est pas facile, surtout quand il y a des personnes qui en abusent et empirent leur vie.

Mais après tout, la chute a commencé par un mauvais choix, fait librement. Et le salut du monde a commencé par un “Oui”, prononcé aussi librement. Alors je sais que c’est une chose sérieuse et importante.

Je m’appelle Elizabeth… et je suis une maniaque du contrôle en voie de guérison.

Tags:
liberation
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