Chaque semaine Aleteia dépoussière une règle de conduite oubliée pour faire renaître l’esprit chevaleresque.
À quoi peut bien ressembler le chevalier des temps modernes ? Pour répondre à cette épineuse question, Aleteia a remis au goût du jour un ancien code de chevalerie en vigueur au XIIe siècle. Ces dix commandements, à l’image du décalogue de l’Église catholique, dictaient la conduite des chevaliers désireux de cultiver les saintes vertus et d’éveiller en eux les sentiments les plus nobles. Répondant aux problématiques médiévales, un tel code peut à première vue sembler désuet ou inapproprié à l’époque moderne. Vraiment ? Largement imprégnés par la morale chrétienne, ce seront des prêtres, bien dans leur époque, qui revisiteront et réactualiseront pour vous les préceptes de ce code dont notre société moderne gagnerait beaucoup à s’inspirer. Faisons naître ensemble un nouvel esprit chevaleresque !
Cette semaine, le père Stéphane Mayor, vicaire de la paroisse Sainte-Marie des Batignolles dans le 17e arrondissement de Paris, s’est penché sur le premier précepte du chevalier des temps modernes :
Tu protégeras l’Église
“Sachez une chose : le principal ennemi de l’Église c’est le péché, et son principal protecteur, c’est le Christ. Chaque chrétien ne dispose en réalité que d’une seule arme pour protéger l’Église : la sainteté.
“Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu.”
(Éphésiens 6, 11-17)
Un chevalier sera d’autant plus capable de défendre l’église des menaces physiques qu’il le fera avec la sainteté de sa propre vie. Lorsque sainte Jeanne d’arc libère la France du joug anglais, elle le fait d’une toute autre manière que les simples militaires, exigeant du roi de France qu’il soit sacré et reçoive de Dieu l’assistance promise aux royaumes chrétiens. De la même mystérieuse manière, saint Jean Paul II a résisté face à l’invasion de la Pologne par les nazis, en créant une troupe de théâtre afin de sauvegarder la culture polonaise dans l’attente de la libération. C’est ni plus ni moins parce qu’il vivait saintement qu’il a réagi de cette façon. En somme, quand les chrétiens sont en danger, les protéger concrètement est un devoir mais qui doit impérativement s’établir sur la sainteté de l’Église.
Mais protéger l’Église c’est aussi se confronter à la pensée non chrétienne, développer un argumentaire et pouvoir exprimer la vérité de la foi en tenant compte des personnes auxquelles on s’adresse. Lorsque les fondations de notre foi sont sapées, lorsque les murailles de nos certitudes sont ébranlées, nous devons nous rappeler que le Christ nous avait prévenu, non pour nous effrayer mais pour nous éveiller. Pour que nous soyons capables d’aborder paisiblement toute opposition. Il a ainsi mis en garde ses disciples :
“Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes. Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez conduits devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.”
(Mt 10, 16-22)
Il est vrai que nous avons, dans une large mesure, perdu l’art de l’apologétique, l’art de débattre avec le monde pour mettre en valeur la beauté et la vérité de la sagesse chrétienne. L’apologétique est aussi là pour défendre les raisons de croire. Les penseurs chrétiens ont toujours dialogué avec leurs homologues non chrétiens, ils n’ont jamais eu peur de se confronter à leurs idées. Un chevalier des temps modernes doit faire revivre sans crainte cet esprit de joute intellectuelle, ce dialogue où l’Église renouvelle mystiquement ses forces :
“Ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire.”
(Lc 12, 11-12)
Les chrétiens qui veulent embrasser un idéal chevaleresque doivent s’engager dans un débat d’idées et ne peuvent se contenter d’affirmer la foi en faisant abstraction de la contradiction.”