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Fuites, révélations et vérités dérangeantes

Emmanuel Macron (L) – Manuel Valls (R)

© Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock

Philippe Oswald - publié le 09/04/16

Du nouveau scandale du Panama aux sujets tabous des mères porteuses et des effets de la pilule contraceptive, on n’a pas manqué de "scoops" cette semaine.

C’est le nouveau scandale du Panama. Le précédent, qui éclata le 6 septembre 1892, faillit emporter la République. Il causa bien des soucis non seulement aux maîtres d’œuvre du célèbre canal, Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel, mais aussi à 104 parlementaires et hommes politiques français de premier plan : Émile Loubet, alors ministre des Finances, Charles Baïhaut, ministre des travaux publics, Georges Clemenceau…

Mouillés par les fuites du Panama

Aujourd’hui, si  le scandale ne vient pas du canal, ce sont tout de même des fuites organisées par la presse sur le paradis fiscal panaméen qui “mouillent” des chefs d’État – dont David Cameron et le Premier ministre islandais, contraint à la démission – ainsi que des hommes politiques et des célébrités du monde entier, dont un millier de Français, mais aussi des banques, dont la Société Générale. “Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux”, résume Le Monde. “Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais  exploitée par des médias.”

Nombre de banques ont usé et abusé des “paradis fiscaux” (Panama, Hongkong, Singapour, Luxembourg, Belgique, Irlande, Pays-Bas…)  pour elles-mêmes et pour certains de leurs gros clients. En France, la palme semble revenir à la Société Générale, rapporte Le Figaro:

“Les données des cinq plus grandes banques françaises ont été analysées par le CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et le Secours Catholique. Les résultats sont édifiants. (…) “Alors que les banques françaises réalisent un tiers de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, ceux-ci ne représentent qu’un quart de leurs activités internationales déclarées, qu’un cinquième de leurs impôts et seulement un sixième de leurs employés” (…). La Société générale est la banque pour laquelle “l’écart de profitabilité entre les paradis fiscaux et les autres pays est le plus important: à volume d’activité égal, ses activités dans les paradis fiscaux rapportent quatre fois plus que dans les autres pays”, apprend-on dans le rapport. (…) pour un même niveau de production, les activités du Crédit Agricole et de la Société Générale sont respectivement 19 fois et 16 fois plus rentables dans les paradis fiscaux qu’en France.”

De l’eau au moulin de Kerviel

L’affaire des Panama Papers “apporte de l’eau à mon moulin”, a déclaré Jérôme Kerviel, jeudi sur France Info. Pour l’ancien trader de la Société Générale en conflit judiciaire avec la banque depuis huit ans, les révélations de l’existence de sociétés offshore appartenant à la Société générale ne sont “absolument pas une surprise” : “On fait mine de découvrir aujourd’hui des choses qui étaient sues depuis des années et des années. En 2012, j’avais été entendu également dans la commission d’enquête sénatoriale sur le sujet en question, et j’avais dit exactement la même chose aux sénateurs”.

Parmi ceux qui s’étonnent publiquement, François Hollande. Le journaliste et écrivain André Bercoff s’en amuse dans une tribune de FigaroVox : “L’intervention hollandaise appelle plusieurs remarques. La première, c’est qu’il est pour le moins étonnant qu’un chef d’Etat découvre le pot aux roses après la divulgation. N’a-t-on pas eu, aux cimes de l’Elysée, les moyens de savoir ce qui se passait, quelques jours au moins avant le scoop ? Deuxièmement : faut-il à chaque fois se précipiter pour faire un commentaire, quitte à mélanger une fois de plus les fonctions présidentielles et simplement chroniqueuses? Enfin, comment l’exécutif se permet-il de donner des ordres au judiciaire, en annonçant que des poursuites sont d’ores et déjà engagées? Nous qui croyions naïvement à la séparation des pouvoirs, en sommes, comme d’habitude, pour nos frais”.

Avec la loi El Khomeri, la gauche touche le fond

Les manifestations se poursuivent contre la loi El Khomeri. “Les organisations de jeunesse étaient à nouveau mobilisées mardi, au premier jour de l’examen du projet de la loi travail à l’Assemblée nationale. Dans la capitale, des policiers ont chargé des jeunes cagoulés et armés de bâtons, mêlés à des lycéens manifestant contre la loi travail. Près de 130 personnes ont été interpellées”, rapporte Le Point. On n’en voit pas le bout : “Dans un communiqué commun, les organisations de salariés CGT, FO, FSU, Solidaires, d’étudiants Unef et de lycéens UNL et Fidl “réaffirment fermement leurs revendications de retrait de ce projet de régression sociale” et appellent à “une nouvelle journée de grève interprofessionnelle et de manifestations le 28 avril”, après celle déjà prévue le 9″, annonce Sud-Ouest.

En attendant une rencontre promise par le Premier ministre Manuel Valls, les députés ont commencé  mardi 5 avril l’examen en commission des quelque 800 amendements du texte, avant un débat dans l’hémicycle à partir du 3 mai…D’ici là, pour tout arranger, “la loi El Khomri pourrait être retoquée pour vice de forme”, relève Le Figaro. Sur le fond, sans doute est-il “abusif de prétexter aujourd’hui que la consultation n’a pas été effectuée” comme le soutient le redoutable patron de FO Jean-Claude Mailly. “Mais là où Jean-Claude Mailly marque peut-être un point, c’est que le gouvernement semble s’être précipité et a brûlé les étapes en envoyant, avant de leur avoir présenté dans l’intégralité, le préprojet de loi pour avis au Conseil d’État. Et ce n’est qu’ensuite, à cause de la fronde qui s’est manifestée, qu’une large consultation a été organisée et que le texte a été amendé puis présenté, avec 15 jours de retard sur le calendrier initial, en conseil des ministres. Le Conseil d’État – qui a validé la méthode – a même été mandaté ensuite de formuler un nouvel avis sur les changements effectués au texte. Tout va donc dépendre de l’interprétation qu’en fera le Conseil constitutionnel, si jamais la question lui est posée. Suspense…”

Le nouveau pataquès de la loi sur le travail ne fait pas remonter la cote de l’exécutif. “La loi El Khomri ne sera-t-elle bientôt plus qu’une loi “El Martinet”, du nom du président de l’Unef ? C’est cela qui va nous conduire jusqu’à l’été… En attendant, la gauche est dans le noir”, constate Valeurs Actuelles. Le chef de l’Etat perd deux points et tombe à 13% d’opinions favorables dans la dernière vague du baromètre YouGov réalisé pour Le HuffPost et I-télé, tandis que Manuel Valls reste à un niveau très faible avec 20% d’avis favorables et 70% d’opinions défavorables. “Signe que l’exécutif est au fond du trou, la cote du gouvernement dans son ensemble plonge et atteint le plancher de 12% d’opinions favorables.”

La goutte d’eau Macron

C’est le moment qu’a choisi le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, pour lancer, le 6 avril, un nouveau mouvement politique “En marche” supposé dépasser le clivage gauche/droite. “Au sein de la majorité, l’annonce par Emmanuel Macron du lancement de son mouvement politique a été accueillie plutôt froidement. Et l’agacement est palpable du côté du gouvernement”, souligne BFMTV. “Il serait absurde de vouloir effacer” les différences entre droite et gauche, a ainsi réagi le premier ministre, Manuel Valls, même si “nous savons aussi que ces perceptions ont changé, que les différences se sont estompées, et que parfois même elles ne sont pas perçues par nos concitoyens”, rapporte Le Monde. Reste que l’initiative de Macron ressemble à une fuite… en avant.

Un jour, les digues se rompent

On se souvient de la saillie de Coluche : “On ne peut pas dire la vérité à la télé : il y a trop de monde qui regarde”. Sur certains sujets tabous, c’est applicable aux grands médias, notamment aux magazines féminins. Mais il ne faut jamais désespérer : en quelques jours, deux d’entre eux, et non des moindres, sont sortis de leur lit. Elle, dans son édition du 20 mars, révélait “ce qu’on ne dit pas” sur les mères porteuses (“manipulation délibérée”, “désarroi”, “souffrance psychique” des “machines à reproduire” – encore un effort, et Elle s’apercevra de la connexion entre la GPA et le “mariage pour tous”…). Le 6 avril, c’était au tour du Figaro Madame d’accomplir une sorte de révolution copernicienne en donnant la parole aux femmes “qui cassent le mythe de la pilule” sur Twitter : “Dépression, saignements continus, baisse de libido, caillot sanguin … Les histoires se multiplient, se recoupent et ne se ressemblent pas toujours. Un seul dénominateur commun : la souffrance vécue par des femmes à la suite de la prise d’une pilule contraceptive qui ne leur correspondait pas”. N’allons surtout pas imaginer, se rassure Le Figaro Madame, qu’une campagne anti-pilule se cache sous le hashtag #MyPillStory. Non, c’est juste “pour protester contre le “tout-pilule” et les injonctions à la prendre sans se plaindre, comme s’il s’agissait d’un bonbon inoffensif”. C’est pourtant bien le message que les magazines féminins, notamment, ont seriné aux femmes depuis quatre décennies… Mais un jour ou l’autre, les digues se rompent, la vérité ne peut plus être contenue.

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Emmanuel MacronMédiaspanamaPolitique
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