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Jean-Frédéric Poisson : « Nous devons imposer ce que nous sommes »

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AFP

Charlotte d'Ornellas - publié le 24/03/16

Le président du Parti chrétien-démocrate, fait le point après les attaques de Bruxelles (1ère partie).

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Aleteia : Vous revenez tout juste du Maroc ou vous avez passé quelques jours à rencontrer les autorités politiques et religieuses… Quel regard portez-vous désormais sur cet ancien protectorat français ?

Jean-Frédéric Poisson : J’ai premièrement été frappé par l’amitié extrêmement solide qui demeure entre le Maroc et la France. Le pays a pris sont indépendance en 1956, mais des liens très étroits ont continué à se tisser entre nous, contrairement à la situation algérienne, nettement plus conflictuelle. J’ai vraiment pu le constater en rencontrant les présidents des deux chambres, des membres du gouvernement ou encore le directeur du Conseil économique et social. Mais j’ai également constaté une volonté et une réalité de développement assez impressionnantes.

C’est un pays qui est exceptionnel en Afrique, il est le plus stable politiquement de tout le continent. D’ailleurs, j’ai été le témoin d’un attachement très net à la monarchie et à la personne du roi, ainsi qu’un soutien populaire des grands projets de modernisation lancés ces 15 dernières années par Mohammed VI. En quelques années seulement, Casablanca est devenue une place financière qui compte. D’ailleurs, elle est 44ème dans le classement international qui place Paris en 37ème place ! La dynamique de développement est très intéressante.

Vous étiez également sur place pour parler de l’islam, de sa place en France, de la formation des imam. Qu’avez-vous constaté à ce sujet dans le pays ?

Le Maroc veut être le promoteur d’un islam pacifique, dont nous aurions grandement besoin. C’est donc un acteur avec lequel il est intéressant de parler en effet. J’ai visité un centre de formation à Rabat notamment, qui forme plus de mille imams venus d’une quarantaine de pays, et parmi lesquels trente sont français. Au delà de la formation religieuse, cette école leur apprend un métier.

Pour répondre à mon étonnement sur ce point, le directeur m’a expliqué que c’était un moyen d’échapper à l’islamisme. Lorsqu’ils n’ont pas de sources de revenus, les imams deviennent rapidement dépendants économiquement des radicaux qui les paient grassement en échange d’une diffusion de leurs messages. L’école de Rabat offre une réponse très pragmatique sur ce sujet.

Vous avez donc été conquis par le Maroc ?

Il y a vraiment de très bonnes choses et c’est un pays qui prend son avenir et son développement en main. Mais le Maroc paisible que j’ai vu donne également une place importante aux frères musulmans, ce qui pose un certain nombre de questions. Par ailleurs, le système éducatif est très faible, c’est le grand enjeu de l’avenir du pays. Il y a également la problématique du Sahara occidental : on sent une très grande tension entre l’Algérie et le Maroc sur le contrôle de cette région.

Pour revenir sur la formation des imams, est-ce une bonne chose qu’elle soit faite à l’étranger ? Cette école doit-elle être un modèle ?

Non, il doivent être formés en France, et en français. Mais nous pouvons imaginer un partenariat avec cette école marocaine ou avec l’université Al-Azhar (du Caire, la plus haute autorité intellectuelle islamique hors péninsule arabique, Ndlr) que j’ai visitée en septembre dernier. Je rappelle qu’aujourd’hui, la majorité des organisations musulmanes de France sont aux mains des frères musulmans, pendant que l’Égypte les déclare terroristes ! Il est impossible de continuer ainsi. Mais la formation est une question épineuse très difficile à gérer.

Dans le Coran, il existe ainsi deux lignes de fuite. L’une est incarnée par le soufisme, dégagé des contingences juridiques (la loi islamique ou sharia, Ndlr) ou guerrières (la guerre sainte ou jihad) qui nous inquiètent légitimement aujourd’hui. Cette lecture se sépare clairement des versets authentiquement agressifs. L’autre école d’interprétation est violente. Le problème c’est que les deux lectures sont possibles, et qu’il est très difficile de privilégier une lecture à l’autre et de l’instaurer sous la contrainte.

Comment doit-on alors faire, en France par exemple ?

La France doit être intransigeante. Les prêches doivent se faire qu’en français, autrement, les agréments doivent être interdits, point.

L’État doit passer un contrat dans lequel, par définition, les deux parties ont des engagements très clairs à tenir. L’État garantit une pratique à la communauté musulmane, les musulmans doivent prêcher en français, et choisir une ligne pacifique, acceptable en France.

Le problème, c’est que derrière tout cela, il y a aussi l’argent de pays étrangers.

Il est clair que la France doit rapidement choisir son camp. Il faut interdire les financements étrangers qui sont autant de moyens de pression au service d’intérêts étrangers, politiques, religieux, etc.

Mais une autre question se pose alors : si l’on bannit ces financements, qui paie ?

Je ne dis pas qu’il faut que ce soit le contribuable, je pose simplement la question. Nous devons nous la poser pour nous mettre à l’abri des puissances étrangères qui profitent des mosquées en France.

J’ai clairement dit, par exemple, au vice-président du Sénat marocain, au président de l’Assemblée et au ministre des Affaires étrangères que nous ne pouvions plus accepter que les communautés musulmanes de France servent de relais aux luttes d’influence qui existent entre le Maroc et l’Algérie. On ne peut plus l’accepter, il faut être ferme avec ce fléau.

Il y a d’un côté les autorités musulmanes, mais il y a aussi la base très communautarisée, quel regard porter sur les « Molenbeek à la française » par exemple, dans lesquelles les radicaux sont suivis mais protégés ?

C’est un problème très réel en effet. Le ministre Michel Sapin a provoqué un tollé en invoquant la « naïveté » des autorités Belges sur la question du communautarisme musulman… Il a pourtant raison. Mais lorsque le ministre belge répond qu’il y a la même chose en France, il a aussi raison !

Nous sommes en train de payer les conséquences d’un aveuglement dramatique.

Même les musulmans qui pratiquent un islam modéré (si tant est que l’on puisse parler de modération pleine et entière à propos de l’islam, ce qui demeure une vraie question à mes yeux), sont sous pression de l’oumma, de la communauté, c’est une réalité que nous ne pouvons ignorer.

Il ne suffit pas de faire venir quelques « alibis » sur des plateaux de télévision pour traiter le problème, ces musulmans modérés qui arpentent les studios de télévision sont une caution, mais cela ne répond pas à la question : comment fait-on pour distiller un discours pacifique en profondeur, dans les communautés ?

Alors que faire ?

Il faut retrouver notre intransigeance ! Il faut virer les imams qui posent problème, et entrer dans une logique de contrainte. Ceux qui semblent poser problème doivent être convoqués toutes les huit heures au commissariat pour rendre compte de leur vie. En clair, il faut être intransigeant avec eux, on ne doit jamais laisser tranquilles des ennemis de notre civilisation et de notre modèle politique.

Il faut même aller plus loin : ceux qui bénéficient d’un titre de séjour et qui ne sont pas en règle doivent retourner d’où ils viennent. L’État doit redevenir maître des gens qu’il accueille ou non.

J’assume, je préfère une injustice au désordre. Le temps de la fermeté est venu, je crois que les Français n’attendent que cela. Je pense qu’avant tout, il y a des mesures de lutte féroce contre toute forme d’expression radicale à prendre. Et tant pis si la liberté de ces individus extrémistes doit être restreinte.

Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

Retrouvez la deuxième partie de cet entretien demain !

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