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Quelle mouche a piqué cet Amok ?

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Maëlys Delvolvé - publié le 22/03/16

Alexis Moncorgé, seul sur scène, adapte avec génie la nouvelle de Stefan Zweig au Théâtre de Poche.

Il ne reste plus que quelques heures à ce navire pour atteindre l’Europe, destination bénie pour ceux qui, comme ce jeune médecin, ont vécu plusieurs années au milieu de la jungle, loin de toute société et de la civilisation. Ce jeune homme d’origine allemande revient en effet de cinq ans d’exercice dans la Malaisie coloniale, où l’ennui et l’isolement l’ont rongé.

Pourtant, en cette nuit de mars 1912, il se tient à l’écart des autres passagers, dans la cale du navire. Il porte en lui un terrible secret qu’il dévoile peu à peu aux spectateurs que nous sommes, dans l’obscurité et l’intimité de la nuit. On apprend que ce voyage n’est que le terme d’une histoire terrifiante, où notre héros, pris d’une passion destructrice, a tenté de retrouver une “femme blanche” de la ville, venue solliciter son aide, quel qu’en soit le prix à payer. Le cœur enflammé et l’esprit éperdument obsédé par cette mystérieuse patiente froide et dédaigneuse, il perd la raison et se jette à bras-le-corps dans une course obsessionnelle, que rien ne peut arrêter, tel un “amok”, opiomane atteint d’une ivresse meurtrière, qui tue tout sur son passage…

Une course effrénée d’une heure et quart

Seul sur scène, le magistral Alexis Moncorgé porte toute l’histoire sur ses épaules, et la fait pleinement vivre à son public qui en reste troublé. Comme le jeune médecin est possédé par une fièvre tropicale démoniaque, l’acteur est littéralement possédé par son texte qu’il épouse passionnément. Il court, il saute, il crie, il pleure, il danse, il tue, et se jette furieusement dans cette aventure tragique. Son énergie débordante nous entraîne dans un tourbillon d’émotions.

Le public est en effet à la fois horrifié de cette démence dont est atteint son personnage, et ému par ce récit profondément subjectif, où le héros se défend tant qu’il peut, et ne ment sur aucun de ses sentiments. Sa rage bestiale succède à un désespoir profondément humain, avant de reprendre le dessus. On ne peut que saluer l’ardeur de ce grand acteur, petit-fils de Jean Gabin, qui, en 1 h 15, crée un lien unique avec son public, et le fait voyager tant géographiquement qu’émotionnellement.

 Alexis Moncorgé seul sur scène ©Christophe Brachet
Alexis Moncorgé seul sur scène ©Christophe Brachet

Une mise en scène brillante

Ce récit fiévreux est soutenu par un jeu extrêmement juste et mesuré de sons et de lumières, qui maintiennent cette atmosphère tendue et pesante. Caroline Darnay met en scène une habile combinaison de coups de projecteurs, d’échos et de musiques indigènes qui renforcent le caractère inquiétant de cette course infernale, sans jamais l’alourdir inutilement.

Un grand spectacle, porté par un immense acteur, qui a su mettre en exergue toute la théâtralité du texte de Zweig. Une fois encore, le Théâtre de Poche nous propose un excellent moment, tout en soutenant une toute jeune troupe très prometteuse. Une pièce qui ne vous laissera pas indifférent.

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Affiche du spectacle Amok © Théâtre de Poche

Amok, de Stefan Zweig , adapté par Alexis Moncorgé, au Théâtre de Poche, 75 boulevard du Montparnasse, Paris 6e. Mise en scène de Caroline Darnay.

Du mardi au samedi à 19 h. Dimanche à 17 h 30. Jusqu’au 22 mai 2016.

Tags:
Théâtre
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