Avant de débuter la Semaine Sainte, découvrez l’histoire de Saint Théophane Vénard, missionnaire au Vietnam, à la spiritualité téméraire et joyeuse.
Souhaitant devenir missionnaire dès sa plus tendre enfance, Théophane Vénard est envoyé, par les Missions étrangères de Paris, au Tonkin le 13 juillet 1854 à l’âge de 25 ans, alors que la persécution y sévissait depuis 20 ans. Arrêté sur dénonciation le 30 novembre 1860, il fut condamné à mort et décapité le 2 février 1861. Il marcha au supplice en chantant le Magnificat. Ses reliques furent ramenées du Tonkin à Paris et sont aujourd’hui rue du Bac, au séminaire des Missions étrangères de Paris, où il est depuis peu possible de se procurer une médaille à son effigie dans la librairie.
- “Je me disais, à la vue des nouveaux prêtres, je serai un jour comme eux, un jour je serai soldat de Jésus-Christ et la bannière de l’Église deviendra ma bannière.”
- “Chaque être, ici-bas, a une route qu’il doit suivre, un point de départ et un but. La mer s’agite, le ruisseau murmure, le fleuve coule, la fleur s’épanouit, l’animal broute, l’homme vit et marche à Dieu. […] Eh bien, moi, j’ai hâte de m’élancer au milieu de la société, j’ai hâte de servir mes frères.”
- La perfection n’est pas plus dans un lieu que dans un autre; elle est dans la correspondance à la grâce de Dieu , là où Il nous veut.”
- “Je sens que mon âme prend des forces en souffrant, qu’au milieu de ses blessures elle acquiert une nouvelle sève et un tempérament plus solide”
- “Il n’y a que la souffrance qui puisse enfanter des âmes à Jésus”
- “Je ne m’appuie pas sur mes propres forces, mais sur la force de celui qui a vaincu la puissance de l’enfer et du monde par la Croix”
- “Il vaut mieux envisager la vie sous son beau côté et rendre autant que possible les impressions de son âme tranquilles et sereines. Il n’y a que peu d’utilité dans la tristesse, en sorte qu’au sein de l’abattement et du dégoût et de toute espèce de souffrances, il faut prendre son cœur à deux mains et lui faire crier malgré lui : Vive la joie quand même !”
- “Puisque la sentence se fait attendre, je veux vous adresser un nouvel adieu qui sera probablement le dernier. Les jours de ma prison s’écoulent paisiblement. Tous ceux qui m’entourent m’honorent, un bon nombre m’aiment. Depuis le grand mandarin jusqu’au dernier soldat, tous regrettent que la loi du royaume me condamne à mort. Je n’ai point eu à endurer de tortures, comme beaucoup de mes frères. Un léger coup de sabre séparera ma tête, comme une fleur printanière que le maître du jardin cueille pour son plaisir. Nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre le lys virginal, autre l’humble violette. tâchons tous de plaire, selon le parfum ou l’éclat qui nous sont donnés, au souverain Seigneur et Maître.”
À l’instar du saint missionnaire, Sainte Thérèse de Lisieux développe le même genre de métaphore pour aborder la question de la destinée de chaque être humain : “Longtemps je me suis demandé pourquoi le bon Dieu avait des préférences […] Jésus a daigné m’instruire de ce mystère. Il a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette… J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes.” Il existe de grandes similitudes entre la spiritualité de Théophane Vénard et celle de Thérèse de Lisieux : “Ce sont mes pensées, mon âme ressemble à la sienne”, s’écrie la petite Thérèse à la lecture de ses écrits.
Le procès de béatification de Théophane Vénard s’ouvre peu après sa mort, il est béatifié en 1909, puis canonisé en 1988 par Jean Paul II.