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Le Pape et le metteur en scène : quand le théâtre réunit les contraires

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Maëlys Delvolvé - publié le 17/03/16
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Jean-Philippe Mestre imagine un échange fécond entre Jean-Paul II et Antoine Vitez, ancien administrateur général de la Comédie-Française.

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Un soir de juillet de l’année 1988, la Comédie-Française donne une représentation privée du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc de Péguy, dans les jardins de Castel Gandolfo, la résidence d’été du pape. À la fin de la représentation, Jean-Paul II bouscule le protocole qui prévoyait un départ rapide, et tient à s’entretenir avec la troupe. Il entame notamment une discussion avec Antoine Vitez, tout récemment nommé administrateur général du théâtre.
Jean-Philippe Mestre, romancier et journaliste au Progrès de Lyon, enregistre ces échanges. C’est à partir de ce document qu’il imagine un dialogue entre le Pape et l’homme de théâtre, en s’inspirant des œuvres écrites des deux personnages.

Un dialogue profondément respectueux

Sur scène, tout oppose les deux protagonistes, d’un côté l’homme de foi, intimement confiant dans l’amour divin du christ, et de l’autre l’homme de raison, éternel athée laïc, très remonté envers l’institution religieuse. Le spectateur se demande si cette discussion peut aboutir à quelque chose.
Pourtant, les deux hommes s’écoutent, avec un édifiant respect, au-delà de toutes les provocations dont chacun peut faire preuve envers l’autre.
De multiples sujets sont évoqués, à commencer par l’Inquisition, qui condamnait les acteurs de théâtre pour leur vie peu exemplaire – alors même, comme le rappelle Jean-Paul II, que le théâtre était considéré comme un “lieu d’exemple” pour les contemporains, les rapports entre science et foi, la pauvreté et la souffrance, mais aussi la différence entre l’universalité de l’Église, et l’utopie internationaliste du communisme. Antoine Vitez, ancien compagnon de route lucide sur l’échec du projet communiste qu’il a soutenu corps et âme, n’hésite pas à interpeler le pape sur la question du pouvoir papal et de sa mise en scène. À cette réponse, l’homme en blanc rétorque, avec amusement et fermeté : “Je ne joue pas le pape.”, après avoir gratifié son interlocuteur du surnom de “grand pontife” du théâtre.
C’est donc une discussion extrêmement dense que combine Jean-Philippe Mestre, entre deux hommes entiers, chacun dotés d’une répartie brillante et taquine, non dénuée d’humour. Bernard Lanneau incarne pleinement Jean-Paul II, dans toute sa douceur et sa bienveillance, mais aussi son immense lucidité. Quant à Michel Bompoil, il est brillant dans le rôle d’Antoine Vitez, l’esprit cartésien par excellence, audacieux et critique envers les institutions – et l’Église particulièrement, mais ouvert au dialogue et admiratif de l’auteur de La Boutique de l’Orfèvre.

 

Le triomphe de la parole

Le point commun de nos deux grands hommes : la passion pour le théâtre, qui doit être avant tout le “lieu de libération de la parole”, et ne pas être gâté d’inutiles fioritures. Sur ce point, ils sont d’accord : “On ne peut pas faire de théâtre si l’on n’a pas faim de parole.”, affirme Jean-Paul II. Pour ce dernier, “le Christ lui-même s’est fait acteur de la parole”, et le théâtre doit permettre à la pensée de s’exprimer sans artifice. Cet échange autour du théâtre conduit le Saint-Père à se confier intimement à son interlocuteur, et l’on ne peut qu’être ému de ses récits de jeunesse dans laquelle le théâtre occupe une place décisive.
C’est à l’image du théâtre de Jean-Paul II et de Vitez que Pascal Vitiello a mis en scène ce délicieux échange : tout en sobriété. De simples éclairages rouges et bleus se succèdent pour suggérer l’avancée de l’heure, et permettent aux mots d’exercer toute leur résonnance. Les répliques éclairées fusent, “La liberté humaine n’est pas dans les temples du matérialisme. Elle est dans l’amour divin.”, déclare, face à l’ironie du metteur en scène, celui pour lequel “La sainteté d’un pape est comme une aile sous laquelle les fidèles viennent s’abriter”. Et combien nous la ressentons, aujourd’hui, cette aile, à travers ces paroles qui nous élèvent…

Jean-Paul II-Antoine Vitez, Rencontre à Castel Gandolfo, de Jean-Philippe Mestre, mise en scène de Pascal Vitiello au Théâtre La Bruyère, 5 rue La Bruyère, Paris 9ème.
Du mardi au vendredi à 19h, le samedi à 18h.

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