On nous raconte beaucoup de choses mais on ne nous dit pas tout, il est temps de se poser les bonnes questions sur des sujets très différents.1. On nous parle de la “crise des migrants”
Ces masses de gens qui fuient le Moyen Orient en guerre et cherchent désespérément à entrer en Europe. Ce qui est étonnant et mériterait qu’on nous explique, c’est pourquoi ils ne sont que si peu tentés de venir chez nous. Ils affluent en Allemagne, s’installent en Scandinavie, et s’ils s’agglutinent à Calais, ce n’est pas pour y rester, mais pour essayer de passer en Angleterre. Serions-nous à ce point peu enviables ? Pouvons-nous décemment nous en réjouir ?
2. Il y aura des élections en France l’an prochain, et dès cet automne des primaires – sur le mode américain.
Les candidatures se manifestent déjà et se multiplient dans un camp. L’autre, qui a lancé cette pratique, devrait s’y remettre aussi, étant donné que notre actuel président, dont la cote reste bien basse, pourrait fort bien renoncer à briguer un second mandat. Or la manière dont le système fonctionne cette année aux États-Unis laisse redouter le pire. Donald Trump, auprès duquel un Silvio Berlusconi fait figure d’intellectuel sensible et délicat, semble sur le chemin d’emporter l’investiture d’un côté. Et de l’autre, la peu inspirante Hillary Clinton est menacée par Bernie Sanders, inattendu porte-drapeau d’une “gauche” aussi ringarde que peu crédible. Les primaires s’avèrent un moyen de promouvoir les extrémismes. La moulinette démagogique, qui pourrait produire un duel Trump-Sanders là-bas en novembre, ne risque-t-elle pas de nous offrir ici au printemps 2017 une lamentable empoignade entre les champions de deux versions antagonistes mais également irréalistes du populisme ?
3. Enfin, pourquoi le cardinal Barbarin devrait-il partir se cacher ?
On ne lui reproche rien qu’il aurait fait, mais ce qu’il n’a pas fait, à savoir dénoncer à la police et à la justice un prêtre coupable d’actes de pédophilie commis vingt-cinq ans plus tôt. La dénonciation a pour but d’empêcher que de tels criminels continuent de sévir. Or rien n’a été reproché depuis au prêtre en question et les monstruosités qu’il a commises ne peuvent probablement plus être poursuivies, dans la mesure où il y a prescription. La dénonciation n’aurait donc servi à rien. La question qui se pose est donc de savoir si les accusations portées contre l’archevêque de Lyon, contre ses collaborateurs et (pour faire bonne mesure dans le n’importe quoi) contre le préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi et même le secrétaire de celui-ci, visaient futilement à protéger des innocents non menacés ou à “se payer” la tête d’un homme d’Église qui ne mâche pas ses mots. Autrement dit, le cardinal Barbarin est-il pris pour cible parce qu’il dérange un anticléricalisme qui a sans doute des raisons, lesquelles n’autorisent cependant pas à désigner un bouc émissaire ? Ou bien est-ce parce qu’il n’a pas suspendu plus tôt et dénoncé, alors qu’il n’y avait plus de motif ? Une question subsidiaire serait de savoir si, comme nul n’est bon ni mauvais à 100%, ce prêtre n’aurait pas, ces dernières décennies, fait un peu de bien. Finalement, si certaines de ses anciennes victimes confondent justice et vengeance, quel apaisement trouveront-elles dans l’accablement de cet innocent du mal qu’elles ont subi qu’est le cardinal Barbarin ?