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Depuis 3 ans, François peint l’histoire de l’Église avec le pinceau de la Miséricorde

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© Antoine Mekary / ALETEIA

Le Suisse Rom@in - publié le 15/03/16

Hommage poignant de l'Abbé Dominique-Fabien Rimaz au Saint-Père.

Très Saint-Père,

Voici déjà trois ans que vous êtes notre Pape, le doux émissaire du Christ sur la terre.
Je suis trop proche des événements et je n’arrive pas à porter sur eux un regard panoramique, pour les lire dans leur amplitude, avec un regard libre et détaché de l’immédiat. Un peintre ne doit pas être scotché devant ses couleurs.
Ce temps m’a permis une certaine décantation pour mieux découvrir la fresque que Dieu dessine dans l’Église, dans le monde et sur la toile de nos âmes.

Le coup de tonnerre de la renonciation

Je ne fus pas vraiment surpris par la renonciation de votre grand prédécesseur, Joseph Ratzinger, Sa Sainteté Benoît XVI, mais j’avais été marqué par le tonnerre et la foudre qui s’est abattue sur la coupole de la basilique Saint Pierre.

Il avait laissé entendre qu’il pourrait renoncer au pontificat, et je le sentais très fatigué. Pour moi, c’est un saint vivant, semblable à saint Jean Paul II, un prince de l’Église, un Père de l’Église, un fidèle serviteur de l’Église. J’ose l’avouer : la crise et la corruption dans l’Église catholique m’avait fait douter. La corruption me donnait la nausée. L’action décisive de Joseph Ratzinger m’avait convaincu de demeurer dans la grande famille de l’Église. Je suis resté grâce à lui !
Autant son élection m’avait fait quitter mes genoux pour sauter sur mes deux jambes, autant votre élection m’a certes réjoui, mais m’a laissé dans l’expectative. J’ai bondi vers mon ordinateur,  je ne vous connaissais pas.
Je l’avoue … lorsque le Cardinal Tauran a prononcé joyeusement votre nom, avec un air taquin, il mesurait déjà la divine surprise, ce fût la toute première fois que je l’entendais. Ce fameux 13 mars, après que l’épaisse fumée blanche recouvre les toits du Vatican, j’avais une interview à la télévision. J’ai foncé sur Internet pour mieux vous connaître et glaner un maximum d’information.

L’oiseau de bonne augure

La mouette posée sur la cheminée de la chapelle Sixtine me reste également en mémoire, comme un oiseau de bonne augure, annonçant un Pape venu d’au-delà des mers. Je le dis sans complexe : je pensais que le Pape viendrait d’Amérique.
Dès vos premiers pas, je vous ai suivi, lu, observé, écouté et aimé. Je confesse que votre sens liturgique m’a un peu étonné, tant j’avais pris l’habitude de prier avec Benoît XVI, dans des liturgies splendides, rayonnantes de beauté, de sobriété et de foi. L’équilibre liturgique avait été atteint. Je l’avais vu de tout près.
Je vous ai vu aller vers les malades, les pauvres, les prisonniers et les petits. Je vous ai admiré, car très à l’aise avec les journalistes, au point que des larmes de joie ont arrosé mes joues. Vous communiquiez comme mes professeurs de la Sainte Croix durant mon séjour romain : images percutantes, sens de la formule, avec ces mots ficelés et ciselés pour les salles de rédactions et pour les gens simples, comme Jésus avec ses paraboles. Depuis le début, je suis fan de votre sens de la communication.
J’ai lu presque tous les livres vous concernant : celui d’Andrea Tornielli, l’un de mes vaticanistes préférés ; celui d’Arnaud Bedat, un journaliste de mon pays, ravi et saisi par votre personnalité ; ceux du correspondant de l’AFP Jean-Louis de la Vaissière et bien d’autres articles de différentes agences de presse, sans oublier ma préférée I.Media.
Le livre d’Austen Ivereigh, “l’avènement d’un Pape radical” (The making of a radical Pope), m’a permis de mettre des mots sur l’espérance qui m’habitait. L’Esprit Saint réforme toujours l’Église, la met dans sa forme originelle et nous entraîne à sa suite. La prière et la conversion sont des entraînements pour nous mettre en forme.
Au Brésil, j’avoue avoir été d’abord fâché quant à votre décision de ne pas rencontrer les journalistes lors de la traversée de l’Atlantique. Puis, j’ai confessé ma grossière erreur lorsque je vous ai vu si à l’aise lors du vol de retour, passant plus d’une heure avec nous. Vous m’avez conquis. L’effet “post voyage” donnait un rayonnement unique à votre petite conférence de presse improvisée.

La lumière du confessionnal

Grâce à vous, ma vie spirituelle a fait un bon en avant, tant vos homélies du matin à Sainte Marthe sont concrètes, pétries de réalisme et de sagesse, avec un peu du génie de Saint Ignace. Avec vos propos, je cours plus vite au confessionnal, comme vous qui ne vous gênez pas de vous confesser publiquement et nous montrez l’exemple.

Vos mots sonnent comme des doux reproches affectueux et bienveillants, qui ne m’écrasent pas, qui ne me culpabilisent pas, mais me poussent à me convertir, pour ne pas m’installer, m’établir ou demeurer dans la tiédeur. Vos propos ne sont pas piqués des vers, car ils piquent le temps d’un instant, comme un aftershave, avant de me faire sentir le baume et reposer dans la quiétude et la paix de la conscience.

Vous êtes une sorte de Dalaï Lama de la Sagesse, un Père Teresa, non pas de Calcutta, mais de Buenos Aires. Vous me rappelez que la foi ne consiste pas d’abord à mettre la virgule théologique au bon endroit, mais qu’elle s’incarne dans une vie concrète, quotidienne et ordinaire.

Benoît XVI fut passablement chahuté par le monde médiatique. Depuis 1982, son service fidèle et précis à la Congrégation pour la doctrine de la foi, en a laissé plus d’un nourrir de la rancune contre son action limpide. Autant vous étiez un inconnu avant votre élection, autant Benoît XVI avait eu le temps de voir venir des ennemis fort puissants depuis belle lurette.

Votre sens de la communication

La médiatisation de son pontificat pécha par manque de lumière, tant ses interventions n’étaient pas reprises, censurées ou ignorées. Votre pontificat attire trop la lumière. C’est toujours la même histoire : le trop et le trop peu, les excès sont déformants.
Vous êtes partout. C’est phénoménal. Mais vous êtes devenu un objet commercial. Il est tellement facile d’être avec vous quand le vent vous est encore favorable.

Je fus stupéfait qu’un simple “bonsoir” aie pu donner à croire que vous alliez abattre les vérités de la foi qui brillent comme des étoiles dans la nuit de notre monde. Vous alliez décapiter l’infaillibilité, renverser les tables, déformer l’Église, changer la doctrine poussiéreuse que Joseph Ratzinger avait patiemment précisée et sculptée, telle une montre sortie des ateliers suisses les plus prestigieux.

La majorité vous voyait changer la nécessité, pour tous et chacun, d’être en état de grâce pour recevoir le Corps de Jésus. Autrement dit, vous seriez celui qui abolirait l’interdiction de communier des personnes divorcées remariées. J’épluchais vos prises de positions et ne lisais manifestement pas la même chose. De même quand vous dîtes : “Si une personne homosexuelle suis droitement le Seigneur, qui suis-je pour la juger”. Le monde ne voulut entendre que le “Qui suis-je pour juger ?”. C’était oublier un peu vite ce devoir de “chercher droitement le Christ”. (…)

La Miséricorde

“At last but not the least ! ” Vous êtes le Pape de la Miséricorde. Avec vous, j’ai découvert pourquoi le Christ m’a appelé, parce que je suis un pécheur. La Miséricorde appelle. Elle me fait sortir de mon moi, de ma médiocrité, de mes défauts, de mes infirmités, un peu comme Lazare du tombeau : “viens dehors”. Les bandelettes qui entourent les blessures de mon âme tombent et me laisse gambader comme un homme libre, ivre l’Esprit Saint, pour me jeter vivant dans les bras affectueux de Dieu mon Père, mon Papa.

Vous peignez l’histoire de l’Église avec le pinceau de la Miséricorde. Karol Wojtilà fut élu car il manquait de saints pour nous donner l’exemple. Joseph Ratzinger fut appelé car l’Église souffrait de la confusion doctrinale. L’Église n’avait pas une belle image, c’est alors que Dieu vous a choisi.

Avec votre visage, vos mimiques dignes de Don Camillo, la foi est attractive, bienveillante et suscite l’intérêt. Vous dites ne jamais regarder le petit écran, mais vos expressions sont une petite lucarne, une mise en image de la foi. On y entrevoit sa profondeur, son intériorité et son humanité : la joie, la souffrance, les rires, les pleurs, la colère et la compassion.

Pour tout cela, très Saint Père, je vous remercie d’avoir accepté ce choix de Dieu, merci d’avoir dit oui à l’Esprit Saint, merci d’être, depuis 3 ans, notre Pape bien-aimé.

Tags:
Pape François
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