Un ancien diplomate retrace chronologiquement la vie de Jésus-Christ au gré des quatre Évangiles.Nous savons qu’un jour le Christ est entré dans l’Histoire, mais la plupart des commentateurs ne sont pas d’accord la date exacte de cet événement inouï. Et l’histoire humaine de Dieu fait homme demeure assez floue, les synoptiques préférant regrouper les paraboles ou les événements majeurs sans souci de les ordonner chronologiquement. Seul Jean fournit quelques indications éclairantes sur ce point. C’est pour cette raison qu’il faut absolument lire le livre de Gabriel Robin, ancien ambassadeur français et auteur d’essais de géopolitique, qui emprunte son titre au Credo : Sous Ponce Pilate.
En menant une enquête passionnante où toutes les indications bibliques sont utilisées et relayées par le contexte historique, comme la disgrâce de Séjean, favori de Tibère, l’auteur aboutit à un tracé linéaire de la vie du Christ, mois après mois, durant les quatre années et demi de sa vie publique, de 28 à 33.
Le lien de Jésus avec Jean Baptiste, dont la portée véritable se mesurait difficilement, est dévoilé et s’impose comme un point de départ essentiel de sorte que la Tentation au désert et l’épisode des marchands du Temple s’inscrivent dans la démarche prophétique où le Christ prend volontairement et publiquement le relais du Baptiste. Quand la tête de ce dernier est offerte à Salomé par Hérode Antipas, Jésus se révèle comme le Messie attendu, même s’Il le fait d’abord de manière indirecte.
Un des mérites de ce livre est aussi de proposer tout au long du texte une interprétation plausible de certaines réponses du Christ qui, jusqu’alors, restaient encore énigmatique, comme la question : “Qu’êtes-vous aller voir au désert ? Un roseau agité par le vent…”.
L’enchaînement des épisodes de prédication en Galilée et de fuites dans des provinces comme la Pérée ou la Décapole pour échapper aux menaces montre assez que Jésus n’était pas ce “doux rêveur” dépeint par Renan, mais un homme conscient des dangers et décidé à les fuir, habile à échapper à ses ennemis jusqu’à l’heure, choisie par Lui, de mourir à Jérusalem, et d’être Celui dont on ne prend pas la vie mais qui la donne.
Il est difficile de donner la mesure de l’émotion qui étreint le lecteur en suivant ce tracé dont il connaît déjà les différentes étapes, mais qui, sous la plume de Gabriel Robin, devient soudain une histoire proche, presque palpable. On referme ce livre avec le sentiment d’avoir touché le manteau du Seigneur comme on tourne une page.
Sous Ponce Pilate de Gabriel Robin. Editions de Fallois, 2016, 389 pages, 22 euros.