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L’Europe face à l’islam radical ou l’éclatement des Empires

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Antoine-Joseph Assaf - publié le 09/03/16
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Quel avenir pour l’Europe avec l’islam radical ?Après tant de guerres et de violences ouvertes et cachées, secrètes et déclarées, l’Europe des rois, l’Europe des croisades, l’Europe des révolutionnaires, l’Europe des empereurs, l’Europe des républicains et des démocrates devrait aujourd’hui tirer les leçons de ses relations angoissées, passionnelles et tragiques avec l’islam qui se radicalise sur son sol comme à travers toute la planète.

Une leçon d’intelligence et de doctrine

En tant que doctrine radicale et force militaire, l’État islamique en Irak et au Levant (as Sham, en arabe) ou son acronyme : Daesh, connaîtra le même avenir que tous les califats islamiques radicaux, le nazisme ou le communisme qui l’ont précédé : l’éclatement et la désunion. La raison de cette division est inscrite aux racines mêmes du surgissement de l’islam. Tout le discours politique et religieux de Daesh se fonde sur le Coran, un livre écrit au VIIe siècle pendant les guerres que menait Mahomet. Il ancre l’islam dans un terreau fertile, pris en étau entre l’Empire perse et l’Empire byzantin. Les versets radicaux et violents doivent être interprétés dans ce contexte guerrier des batailles menées victorieusement par le prophète de l’islam, entre 622 et 629.

Les musulmans se radicalisent en transposant ces versets à notre époque, pour voir renaître cet islam conquérant, en divisant le monde entre “terre d’islam” – Dar El islam – où l’islam est déjà installé et “terre de guerre” – Dar El Harb – où l’islam doit encore s’imposer par toutes sortes de conquêtes. Pour éviter ce travers, il faut rétablir la logique chronologique de ces versets, les replacer dans leur contexte des années 622-629, et disposer, en quelque sorte, d’un ancien et d’un nouveau Coran afin que les musulmans renouent avec une autocritique historique de leur religion. En tenant le Coran pour incréé, nous validons ipso facto le radicalisme exégétique du Coran. Les musulmans doivent accepter l’exégèse historique.

Une leçon de révélation impossible

Le corpus coranique est peut-être inspiré, mais comment valider une “dictée” de l’ange Gabriel à Mahomet, sans accuser l’Archange de l’Annonciation de délivrer deux messages contradictoires et d’être responsable par là de la grande division qui règne entre les fils angoissés d’Abraham ! Certains de ses versets sont propres à un contexte historique et n’ont plus guère de légitimité aujourd’hui. On ne peut plus les lire ni les interpréter de la même manière, à moins de prendre position à la fois contre les droits de l’homme et contre les lois de Dieu ! Ibn Khaldoun, un philosophe du XIVe siècle, appelait les musulmans à vivre en respectant le contexte historique de leur époque, à ne pas chercher à répéter la geste militaire de Mahomet à l’infini. C’est pourtant bien ce que cherche à accomplir Daesh. Cette lecture absolutiste du Coran n’est pas rationnelle, et ne permet pas d’étayer la foi en un Dieu miséricordieux et créateur.

Une leçon d’histoire

Le monde occidental, depuis la bataille de Lépante, domine par les armes, qu’il s’agisse des catholiques ou des protestants américains, ou des orthodoxes de Russie. Les pays musulmans, anciennes grandes nations au temps de Saladin, se trouvent pris entre les feux de deux grandes puissances qui leur vendent des armes, utilisent leur pétrole et surtout les dominent, et sont toutes deux chrétiennes. Car l’Europe a beau se laïciser, elle reste une puissance chrétienne aux yeux des musulmans qui voient dans ses habitants les descendants des colonisateurs et des croisés.

Une leçon d’avenir proche

Je crois à une victoire totale de la stratégie russe et de sa coalition avec l’Iran et le Hezbollah libanais, contre les rebelles anti-Assad. Avec la reprise d’Alep, les Russes et leurs alliés contrôleront l’État dit alaouite de l’Ouest de la Syrie, avant d’affronter, à l’Est, l’État islamique, ennemi de la terre entière. La stratégie de l’Arabie saoudite est vouée à l’échec malgré les bruits de bottes de son armée qui s’approche. Tout montre qu’en voulant détruire l’armée noire de Daesh, que les rois Saoud ont presque créé ou aidé à naître, ils cherchent à créer une balance avec l’Iran et les chiites, si lourde dans l’Histoire de l’islam depuis sa naissance. La stratégie des États-Unis prouve qu’elle a fini par reconnaître, avec une sorte d’alliance objective, la stratégie russe qui ne dérange en rien ses intérêts en Syrie. La Turquie joue tous les jeux possibles pour garder en secret ses ambitions impérialistes qui renaissent à l’ombre de toutes ces guerres désordonnées.

Reste l’Europe qui peine tant à faire reconnaître sa légitimité dans une région et dans des pays dont elle a tracé méthodiquement et parfois maladroitement, quoiqu’en vertu de nombreux intérêts, les frontières. Cette Europe peine d’autant plus que les peuples qui fuient la mort et le massacre des terres anciennes de l’Irak et de la Syrie se réfugient dans ses capitales civilisées mais si fragiles devant ce déchaînement d’égarement et souffrances humaines. Mais c’est là que la vieille Europe prend conscience que nulle terre au monde ne connaît pas la guerre hormis la sienne. Qu’elle joue sa destinée et risque de sectionner pour de bon ses racines déjà si fragiles et trop longtemps délaissées, en oubliant que sa civilisation est née des souffrances de l’humanité mortelle en attente de sa rédemption. L’Europe est née au pied de la Croix !

L'islam radical © Eyrolles

L’islam radical © Eyrolles

Antoine-Joseph Assaf est l’auteur de L’islam radical : faut-il avoir peur de l’avenir ?. Éditions Eyrolles, 2015, 164 p. 16 euros.

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