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Pendant les fiançailles : « Aime et fais ce que tu veux ! »

FIANCES

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François-Marie d'Hermon - publié le 07/02/16

Certains moralistes ont cru devoir établir un relevé des caresses permises pendant les fiançailles chrétiennes et, plus émoustillant, une évocation précise des gestes défendus. Et si tout était permis aux fiancés ?

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Au long du chemin de leurs fiançailles, les futurs mariés chrétiens sont invités à découvrir qu’ils sont promis à devenir l’un pour l’autre sacrement de la présence du Christ. C’est ainsi qu’une fois mariés, ils pourront inscrire intimement leur vie dans la communion de l’amour divin et ce, d’une manière spécifique à leur vocation propre. Dans cette perspective, les fiancés doivent apprendre, déjà, à ne plus vivre sous le régime d’une loi, mais sous celui de la grâce. Or, sous le régime de la grâce, il n’est pas d’autre loi que celle de l’amour, qui est une loi de liberté totale selon la recommandation de saint Augustin : « Aime et fais ce que tu veux ! ». De ce fait, on peut dire que dans le nouveau régime qu’ils expérimentent dès maintenant, en tant que futur mariés, les fiancés cessent de dépendre dans leurs relations d’une liste de choses permises ou défendues, de choses qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, de choses qu’ils peuvent faire jusque là mais pas plus.

Pour un disciple de Jésus Christ, « ceci est mon corps » signifie le don total de sa vie

Alors, tout serait permis pendant les fiançailles ? Mais oui… Oui mais ! Quand saint Paul, parlant de la loi morale, pose la question : « Tout est permis ? », il ajoute aussitôt : « Tout est permis, mais tout n’édifie pas ». L’édification est à comprendre ici en tous ses sens : construction, élévation et sanctification. Appliquée aux fiançailles, la sentence de saint Paul dit bien ce qu’elle dit : certains agissements des fiancés peuvent empêcher de construire, d’élever et de sanctifier leur relation d’amour, en vue du sacrement de mariage dont ils vont être les ministres et les sujets.

Ces agissements qui « n’édifient pas » sont d’abord tous ceux qui sont et seront toujours incompatibles avec l’amour conjugal, ceux inspirés par la frivolité, la vanité, l’égoïsme, la possessivité, la brutalité, la grossièreté, la colère, etc. Et puis, il y a des agissements qui certes édifient merveilleusement la relation conjugale une fois que l’on est marié, mais qui ne l’édifient pas encore pendant les fiançailles, parce qu’ils sont prématurés. Ce sont en premier lieu les actes sexuels. En effet, accomplis avant le mariage, de tels actes séparent ce que Dieu a uni.

Pour notre bonheur, Dieu notre Père a uni les deux plus grandes preuves d’amour qu’un homme et une femme soient capables de s’offrir l’un à l’autre : l’union sexuelle ET l’engagement public, total, exclusif et définitif à donner sa vie à l’élu(e) de son cœur. De surcroît, ces deux plus grandes preuves d’amour, le Christ les a ré-unies pour notre salut et en a fait l’icône de son union avec l’Église. C’est pourquoi le grand mystère de l’amour des époux participe de l’accomplissement du mystère de l’Incarnation. Pour un disciple du Christ, « Ceci est mon corps » signifie le don total de sa vie. Et ce n’est pas un hasard si notre Seigneur a voulu accomplir le premier signe de sa mission à l’occasion d’un mariage, à Cana de Galilée. L’eau de l’amour des fiancés est promise à être changée en vin divin. Si bien que la grâce du sacrement de mariage ne fait rien moins que « d’élever l’amour humain au rang d’amour divin » (concile Vatican II).

La chasteté est une vertu qui élève et sanctifie les relations sexuelles

Le guide du bon usage des relations sexuelles selon le dessein bienveillant de Dieu s’appelle la chasteté. Dans le cadre du mariage chrétien, la chasteté n’est pas une vertu qui fait refuser, déprécier ou limiter les relations sexuelles. Bien au contraire ! La chasteté est une vertu par laquelle les époux ne cessent d’élever et de sanctifier leurs relations, y compris sexuelles, en les orientant dans le sens de l’épanouissement plénier de l’amour, selon le dessein bienveillant de Dieu. Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon. En ne faisant plus qu’un seul être, de telle manière que la volonté de Dieu notre Père soit faite sur la terre comme au ciel, les époux chrétiens ont l’indicible privilège de pouvoir vivre leurs étreintes amoureuses « à la gloire de Dieu » ! Ce qui confère à leurs relations sexuelles une qualité sublime que les plus avisés des fornicateurs hédonistes ne pourront jamais ne serait-ce que pressentir dans leur quête, effrénée et toujours plus insatisfaite, du plaisir pour le plaisir.

Pour inscrire leur projet de vie commune dans l’accomplissement de la volonté du Père, les fiancés ont eux aussi à inscrire leurs relations dans la pratique de la chasteté. Cependant, avant le mariage, la pratique de cette vertu implique un véritable renoncement : c’est en s’abstenant de toute relation sexuelle que les fiancés pourront élever et à sanctifier leurs relations. Il s’agit pour eux, par un temps d’ascèse, de construire la relation chaste qui s’accomplira merveilleusement lors de la consommation de leur mariage.

Dieu est amour et il n’y qu’un seul amour, celui dont Dieu est la source

Attendre le soir du mariage pour faire l’hommage de sa virginité à l’élu(e) de son cœur constitue le plus beau cadeau que l’on puisse lui offrir. C’est aussi un signe fort du don exclusif et définitif qu’on lui fait de soi-même. Mais c’est avant tout le plus pur et le plus bel acte de foi en leur amour que des nouveaux époux puissent faire. En effet, il n’est pas de plus grande foi en l’amour que de vouloir inscrire son histoire d’amour dans l’accomplissement du dessein bienveillant de Dieu. Dieu est amour et il n’y qu’un seul amour, celui dont Dieu est la source. Dans cette perspective, même les couples qui ont partagé leur intimité avant de décider de se marier chrétiennement, sont invités à mettre leurs relations sous le signe de la chasteté et pour cela, à renoncer à toute relation sexuelle pendant le temps de leur préparation au mariage. S’ils cohabitent déjà, ils seront invités à vivre ensemble « comme frères et sœurs », jusqu’au jour de leur mariage.

On le voit, les fiançailles sont à l’opposé de la conception qui en ferait une période de quasi mariage à l’essai, non totalement consommé certes, mais où la grande question serait de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. Il est vrai cependant que les fiançailles servent à acquérir la certitude que c’est bien avec « Lui », que c’est bien avec « Elle » que l’on veut conjuguer sa vie en faisant rimer amour et toujours et ce, jusqu’à ne plus penser en terme de « je » mais de « nous ». Cependant, on ne trouve pas des réponses à ces questions en singeant une vie plus ou moins maritale. Combien voit-on de couples qui ont vécu maritalement des années et qui se séparent quelque temps après s’être enfin mariés ? Des êtres humains ne peuvent s’essayer comme on essaye une voiture avant de l’acheter. Et l’enjeu essentiel du mariage chrétien n’est pas là.

C’est pourquoi, avant qu’ils ne s’engagent définitivement et qu’ils ne consacrent leur vie à Dieu en se consacrant l’un à l’autre, il est bon que les fiancés se donnent un temps de préparation ascétique, un temps qui s’apparente à la retraite au désert que le Christ a faite avant de s’engager dans sa vie publique. Ainsi, de même qu’au désert Jésus s’est préparé à sa mission terrestre en se privant de nourriture, alors même que sa mission allait connaître son plein accomplissement au cours d’un repas ; de même les futurs époux, pendant leurs fiançailles, se préparent-ils à leur mission propre en se privant de toute consommation sexuelle, alors même que leur mission va trouver son plein accomplissement au cours de leur union sexuelle, laquelle signifiera l’indissolubilité de leur union de corps, d’âme et d’esprit.

« Alors, quelles sont les caresses permises pendant les fiançailles ? »

Quand Jésus se retire au désert, la question n’est pas de savoir combien de grains de caviar il peut manger sans enfreindre son jeûne ! De même, est-il totalement hors sujet de se demander jusqu’où les fiancés peuvent aller trop loin dans les caresses sexuelles qu’ils se donnent ! En vérité, les fiançailles servent à édifier les fondations d’un engagement irrévocable qui a la même nature qu’une consécration religieuse, la spécificité sacramentelle en plus. Et nous l’avons vu, cela ne peut se faire que dans un désert sur le plan des expériences sexuelles.

Pendant ce temps de retraite, « au désert » sur le plan sexuel, un temps où ensemble, l’un par l’autre et l’un avec l’autre, les fiancés veulent se préparer au mariage dans la chasteté, il convient qu’ils ne présument pas de leurs forces : l’esprit est ardent mais la chair est faible. Ils s’aiment comme personne n’a jamais aimé personne. Et leurs émois peuvent les submerger comme une vague que même la plus ferme résolution ne pourra endiguer. C’est donc en amont qu’il leur faut tenir bon. Quand ils ont encore le plein contrôle d’eux-mêmes. C’est pourquoi la chasteté parfaite, pendant le temps des fiançailles, exige que le voile délicat d’une ferme pudeur interdise l’accès à toute sollicitation des zones génitales. Ce qui n’empêche pas les marques de vraie tendresse, les doux baisers et les chastes câlins. Mais ce qui exclut toutes les caresses, à partir du moment où, précisément, l’on commence à se demander si elles sont permises pendant les fiançailles !

À la vérité, les fiançailles chrétiennes s’apparentent, par bien des aspects, à un combat spirituel. Les meilleures armes pour en sortir vainqueur sont précisément les vertus qu’il faudra pratiquer pour réussir son mariage : la maîtrise de soi, la pudeur, la pureté de cœur, mais aussi la douceur, la délicatesse des sentiments, la tendresse des gestes, avec au centre la prière en commun d’un seul cœur et d’une seule âme. Au plus fort de ce combat spirituel, la vie amoureuse des fiancés aura comme source et sommet l’Eucharistie, le sacrement de l’unité dans l’amour, qui leur révèlera ce que donner son corps veut dire. Alors, le temps de leur préparation au mariage aura été pour les fiancés un réel temps d’édification, un temps où ils auront bâti les fondations de leur mariage sur le roc : « Les vents pourront mugir, un déluge pourra s’abattre, les torrents pourront déferler, tous les éléments pourront se déchaîner contre cette maison : elle ne s’écroulera pas, parce qu’elle a été bâtie sur le roc ! ».

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