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Pape François : “Chers collaborateurs, voici les 24 vertus à respecter”

Pope Francis (C) speaks next to the prefect of the papal household Georg Gaenswein (L) during the traditional Greetings to the Roman Curia on December 21, 2015 at the Vatican. AFP PHOTO / ALBERTO PIZZOLI / AFP / ALBERTO PIZZOLI

La Stampa - publié le 22/12/15

Comme chaque année, le pape François présente ses vœux de Noël à la Curie romaine. Il a dressé la liste des vertus nécessaires pour remplir les tâches qui leur incombent.“Nous poursuivrons la réforme de la curie avec détermination et lucidité, pas question que les scandales occultent l’importance de son travail qu’elle rend au pape et à toute l’Eglise avec dévouement”, promet le pape François à tous ses collaborateurs. L’année dernière il les mettait en garde contre une quinzaine de “maladies”, cette année il leur propose de “revenir à l’essentiel” en pratiquant une vingtaine de “vertus nécessaires”  pour y remédier, “comme vous prendriez des antibiotiques”, les a-t-il encouragés dans son discours traditionnel à la veille de Noël et dans le cadre du jubilé de la Miséricorde, ouvert le 8 décembre dernier.

Le pape dresse une liste de 24 vertus – “à enrichir et compléter”, tient-il à ajouter – qu’il présente deux par deux sous forme d’un anagramme à partir du mot “miséricorde”, en italien : m-i-s-e-r-i-c-o-r-d-i-a.

Vertu missionnaire et vertu pastorale  

La vertu missionnaire “rend la curie, lui donne une image, fructueuse et féconde”, alors qu’avoir de saines qualités pastorales est la vertu indispensable pour “un bon prêtre”.

Aptitude et sagacité  

La première demande des efforts personnels pour “remplir les conditions demandées” et “exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec intelligence et intuition”. C’est “l’antibiotique” idéal contre “les pistons et les pots-de-vin”. La sagacité permet, quant à elle, d’avoir “l’esprit ouvert et réactif face aux situations qui demandent sagesse et créativité”.

Spiritualité et humanité  

La spiritualité est “la colonne vertébrale de tout service à rendre à l’Église et dans la vie chrétienne”. L’humanité “incarne l’authenticité de notre foi”, elle fait de nous “autre chose que des machines et des robots qui ne sentent rien et n’ont aucune émotion. Quand on a du mal à pleurer à gros sanglots ou à rire de bon cœur c’est que notre déclin, notre processus de transformation en quelque chose d’autre, a commencé”.

Exemplarité et fidélité 

L’exemplarité sert à “éviter les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage”. Fidélité à “notre consécration, à notre vocation”. Ici, le Pape cite Jésus et les terribles paroles qu’il prononça contre celui qui scandalise les petits : il vaudrait mieux qu’il soit jeté au fond d’un gouffre.

Rationalité et amabilité  

Etre rationnel sert à “éviter les émotions excessives”, être aimable à “éviter les excès de bureaucratie, programmation et planification”. Tout excès, relève le Pape, est “signe de déséquilibre”.

Innocuité et détermination  

L’innocuité fait de nous “des personnes prudentes dans leur jugement, capables de s’abstenir de toute action impulsive ou précipitée”. La détermination c’est “agir de manière volontaire, résolue, avoir une vision claire des choses en obéissant à Dieu” pour la seule loi suprême du Salut des âmes.

Charité et vérité  

“Deux vertus indissociables de l’existence chrétienne… Car sans vérité, la charité devient de l’angélisme, une idéologie destructrice ; et sans charité, la vérité se réduit à un jugement de valeur totalement aveugle.”

Honnêteté et maturité  

Être honnête c’est “être droit et cohérent, agir dans une sincérité absolue avec nous-mêmes et avec Dieu”. Les personnes honnêtes agissent correctement même en l’absence de surveillants ou supérieurs, “un honnête homme ne craint jamais d’être surpris sur le fait, parce qu’il ne trompe jamais celui qui a confiance en lui”. Et “il n’exerce jamais de chantage sur les personnes ou sur les choses qui lui sont confiées”. Être mûr c’est “rechercher le bon équilibre entre nos capacités physiques, psychiques et spirituelles”.

 Respect et humilité  

Le respect est la qualité de ceux qui “cherchent toujours à manifester des égards aux autres, qui respectent leur rôle, leurs supérieurs et leurs auxiliaires, sont respectueux des documents, respectent le secret et la confidentialité”. L’humilité est la vertu “des personnes pleines de Dieu qui, plus elles grandissent en importance, plus la conscience de n’être rien et de ne pouvoir rien faire sans la grâce de Dieu grandit en elle”.

Don de soi et attention  

“Inutile d’ouvrir toutes les portes saintes de toutes les basiliques du monde si la porte de notre cœur est fermée à l’amour, si nos mains ne donnent pas, si nos maisons et nos églises sont fermées à l’accueil”, affirme le Pape. Avoir de l’attention c’est soigner les détails et offrir aux autres ce que nous avons de mieux, ne jamais baisser la garde face à nos propres vices et carences”.

Audace et promptitude  

C’est-à-dire “ne pas se laisser impressionner par les difficultés, ne pas en avoir peur” mais “agir avec audace et détermination, ne pas être tiède”. Être prompt c’est “savoir agir avec liberté et agilité sans s’attacher aux choses matérielles qui sont éphémères”, sans jamais “se laisser surcharger en accumulant des choses inutiles et en s’enfermant dans ses propres projets”, ne jamais “se laisser dominer par l’ambition”.

Fiabilité et sobriété  

Une personne fiable c’est “quelqu’un qui tient ses engagements de manière ferme et crédible quand il est observé mais surtout quand il est tout seul » et « ne trahit jamais la confiance qu’on lui a donnée”. Une personne sobre c’est “quelqu’un qui a la capacité de renoncer au superflu et de résister à la logique de la surconsommation ambiante”. C’est “regarder le monde avec les yeux de Dieu et le regard des pauvres, en se mettant à la place du pauvre”. La personne sobre est “essentielle en tout, parce qu’elle sait réduire, récupérer, recycler, réparer, et vivre en ayant le sens de la mesure”.

Le pape François a conclu son discours en souhaitant que la miséricorde “guide” la Curie dans ses actions, “l’inspire” dans ses réformes, “éclaire” ses décisions. “Qu’elle nous dise quand nous devons avancer et quand nous devons reculer d’un pas”, a-t-il ajouté en citant une prière dédiée au Bienheureux Oscar Romero par un évêque américain : “Qu’elle nous aide de temps en temps à faire un pas en arrière et regarder avec du recul… Nous sommes des ouvriers, pas des contremaîtres, des serviteurs, pas le Messie”.

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