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COP 21 : Protéger la forêt pour lutter contre le réchauffement climatique

Violaine Plagnol - publié le 04/12/15

La forêt représente un atout considérable pour lutter contre le réchauffement climatique. Reportage en forêt d’Ermenonville, avec Laure garde forestier.Les feuilles mordorées crissent sous ses pas. Flanquée de ses deux chiens Chablis et Iouk, Laure s’exclame le nez en l’air : “Ma saison préférée c’est l’automne ! Les couleurs et la lumière y sont magnifiques. C’est plus clair, on voit nos arbres !”. Les grands feuillus ont laissé glisser au sol leur épais manteau oranger. Les fougères roussies par le soleil tapissent les sous-bois. Bienvenue dans la forêt domaniale d’Ermenonville, vaste étendue de 3 300 hectares dont Laure Gautier, agent patrimonial de l’Office national des forêts a la charge d’environ 1 300 hectares.

La forêt évolue avec le climat

Ici, chênes et pins sylvestres se partagent le territoire. “Mais nous avons aussi des châtaigniers, tilleuls, bouleaux, érables, sorbiers, alisiers… Plus beaucoup de frênes, car ils sont attaqués par un champignon, et de moins en moins de hêtres”, précise Laure. Avide d’humidité ambiante et de brouillard, le hêtre est en passe de disparaître. “Avec le réchauffement du climat et les périodes de sécheresse, il ne sera plus du tout adapté ici. Il va se déplacer vers l’extrême Nord-Est de la France”.

Laure Gautier, agent patrimonial de l'ONF, sur une parcelle de régénération. Forêt domaniale d'Ermenonville.

© Violaine Pagnol
Laure Gautier au cœur de la forêt domaniale d’Ermenonville dont elle a la charge

Quant au chêne, il change de nom ! De “pédonculé”, il devient “Sessile”. Gros consommateur d’eau et fragile au stress hydrique, le chêne pédonculé ne résiste pas aux longues périodes de sécheresse. Composant majoritairement les peuplements forestiers d’Ermenonville, il présente de plus en plus de signes de dépérissement. “Le chêne Sessile, lui, est plus tolérant à des sécheresses exceptionnelles comme celle que nous avons connue cet été”, explique la garde forestière. “Certains disent même qu’un jour on trouvera une végétation méditerranéenne dans l’Oise !”, s’amuse-t-elle.

Régénérer la forêt

Les agents de l’Office national des forêts accompagnent donc ces changements. “Je suis responsable d’une zone forestière dont je m’occupe dans sa globalité. Je gère les coupes de bois, je planifie les travaux, j’organise la régénération des arbres, je surveille le tableau chasse, je prends soin de la biodiversité, des sols et du paysage. J’accueille et je sensibilise également le public, notamment des groupes scolaires.”

Car la forêt est l’un des atouts essentiels de la lutte contre le réchauffement climatique : les arbres par la photosynthèse captent et stockent le carbone. “Une grande partie de mon travail consiste à organiser la régénération des arbres. Quand ils sont trop âgés, les arbres se régénèrent moins bien. Et une forêt en mauvaise santé stocke moins de carbone”, poursuit Laure.

Ainsi, lorsqu’une parcelle arrive à maturité et que le bois est exploitable, l’agent patrimonial met donc tout en œuvre pour que les jeunes pousses prennent le relais dans de bonnes conditions. La parcelle est éclaircie par la coupe d’arbres afin de faire descendre la lumière au sol. Les graines tombées du haut de magnifiques arbres centenaires pourront alors donner naissance à de jeunes plants.

“Quand on m’accuse de couper la forêt, je montre du doigt le parterre de semis et je dis : mais regardez, elle est là la forêt de demain !”, ironise-t-elle.

(1) Près des trois-quarts de la forêt française sont privés, soit environ 12 millions d’hectares.

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