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La transition islamique dans le viseur des terroristes à Tunis

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Thomas Flichy de la Neuville - publié le 25/11/15
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Au moins 12 personnes ont été tuées dans l’attaque d’un autobus de la police mardi 24 novembre au coeur de la capitale tunisienne.

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La Tunisie est marquée, depuis son indépendance, par une lutte de pouvoir entre deux tendances antagonistes. La première, qui est majoritaire, est celle du kémalisme tunisien : un État fort plaçant l’islam sous son autorité. Tel est le mouvement qui triomphe à travers Bourguiba, puis son successeur Ben Ali. Ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Ben Ali tient fermement les rênes de l’État tunisien en main et fait reculer l’islamisme.

La Tunisie, pays stable, attire alors des  industriels, des touristes, mais également des patients en quête de soins médicaux de qualité. Le régime de Ben Ali fait cependant l’objet d’une campagne de dénigrement, menée par les milieux d’affaires occidentalisés à compter des années 2000. Il s’effondre en janvier 2011. Cet effondrement s’explique par la conjonction d’un mouvement de citadins privilégiés, en quête de libertés supplémentaires, et celui d’un mécontentement populaire dû au chômage et à la cherté de la vie.

La transition islamique, objectif de l’opposition.

La seconde tendance politique est celle de l’islamisme. Cette tendance est minoritaire mais absolument déterminée. Or, nous le savons, l’Histoire est écrite par les minorités agissantes au détriment des masses dépourvues d’initiative créatrice. Le parti islamique Ennahda minoritaire aux élections de 2011, s’est appuyé tout à la fois sur les partis de centre-gauche et sur les milices islamistes, qualifiées de “conscience de la révolution”, afin d’éliminer ses adversaires. Son objectif est parfaitement clair : opérer une transition islamique. Il a pourtant échoué à confisquer la révolution à son profit et a perdu le soutien de la population. Il lui reste aujourd’hui l’action armée.

Comment l’action armée des islamistes est elle rendue possible ?

L’action militaire des islamistes tunisiens est facilitée par l’émergence d’une zone de non-droit à l’Est. En ce sens, nous payons aujourd’hui très cher l’absence de solution politique consécutive à la destruction du régime de M. Khadafi. Les groupes terroristes tunisiens bénéficient d’appuis solides au sein des structures terroristes voisines. De surcroît, la réorientation du trafic de cocaïne sur un axe Nigeria – Niger – Libye, permet à la Libye de s’ériger en épicentre de la menace terroriste, en menaçant directement la Tunisie. La Libye est en passe de devenir le premier émirat du nouveau Califat. Or, cet émirat cherche à son tour des satellites dans son environnement proche.

La meilleure cible est la Tunisie, pays coupé en deux entre le Centre et le Sud – où les islamistes sont bien implantés – et le nord, qui comprend Tunis, plus modéré. Dans ce contexte, la prise de Tunis ferait tout basculer. Ne pouvant le faire par les urnes, les islamistes la préparent par la terreur. Tunis est en effet l’endroit le plus sensible médiatiquement. Il s’agit donc d’un espace idéal pour la perpétration d’attentats.

Thomas Flichy de La Neuville est membre du Centre Roland Mousnier, Université de Paris IV – Sorbonne.

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