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Chrétiens d’Orient, mais pour combien de temps ?

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Sylvain Dorient - publié le 22/10/15
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Les chrétiens irakiens réfugiés à Amman en Jordanie disent ne plus avoir leur place au Moyen-Orient.Lorsque nous appelons le volontaire de SOS Chrétiens d’Orient en Jordanie, Samuel Brown, un bruit de fond complique l’interview. Par bonheur, la guerre n’y est pour rien : ce sont les jeunes chrétiens irakiens qui jouent au football ! L’histoire de cette communauté bien vivante de chrétiens exilés, malmenés par l’histoire, n’est heureusement pas faite que de malheurs et de massacres.

11 000 chrétiens irakiens à Amman

Dans la ville d’Amman, en Jordanie, ils seraient 11 000 chrétiens irakiens en exil, attendant de voir leur demande de visas aboutir. Ils disent ne plus avoir de place au Moyen-Orient. “Daesh n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, souligne Samuel Brown, les persécutions envers les chrétiens sont bien antérieures à 2014 !”

De fait, une petite partie des chrétiens qu’il suit avec SOS Chrétiens d’Orient sont arrivés à Amman dès 2006. Ils fuyaient alors la région de Bagdad, gravement déstabilisée par l’intervention américaine de 2003. Leurs dossiers déposés auprès de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) sont adressés en priorité aux États-Unis, à l’Australie et au Canada.

Peur des réfugiés en Europe

Les pays d’Europe, et en particulier la France sont moins prisés que par le passé. Samuel Brown explique : “L’image de la France a beaucoup pâti, dans leur esprit, des attentats de Charlie Hebdo. Beaucoup ont peur de retrouver une situation conflictuelle en atterrissant. L’idée d’une république laïque leur est tout à fait étrangère, pour eux la France est un pays chrétien, et ils ne comprennent pas bien notre refus d’accueillir en priorité des réfugiés chrétiens !”.

Dans la ville, la majorité des chrétiens sont des syriaques catholiques, mais il y a aussi des orthodoxes, des chaldéens, et même 100 familles de la secte gnostique des Mandéens. Ces “disciples de Jean-Baptiste” témoignent de la nature baroque de la société irakienne, mosaïques de peuples et de religions, menacée par la vague musulmane.

Des réfugiés dont les ressources s’épuisent

L’une des difficultés pour les associations qui viennent en aide à ces réfugiés, c’est qu’ils sont dispersés partout dans la ville. Il n’y a pas de camp proprement dit, mais les irakiens louent des logements, au risque de voir leurs économies fondre inéluctablement : leur statut de réfugié en Jordanie les empêche légalement de travailler. Les familles préfèrent donc se regrouper, s’entasser dans des appartements aux loyers modestes pour freiner la perte de leurs économies.

Malgré ces conditions, les parents mettent un point d’honneur à faire en sorte que leurs enfants continuent à aller à l’école, observe Samuel Brown : “Caritas aide 1 400 enfants à être scolarisés dans les écoles chrétiennes d’Amman. Mais dès avant cet aide, les parents avaient mis en place des écoles informelles. L’éducation est prise très aux sérieux par les communautés chrétiennes !”.

Une église et un centre communautaire en projets

La toute jeune action de SOS Chrétiens d’Orient en Jordanie constate les besoins immédiats des communautés : nourriture, médicaments, bientôt vêtements chauds en raison de l’hiver approchant… D’une façon plus lointaine, les volontaires de l’association souhaiteraient que les exilés disposent de lieux où ils puissent renouer les relations d’avant l’exil : une église et un centre communautaire.

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