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Comprendre la coopération Iran-Russie

IRAN-RUSSIA-MILITARY

© IRANIAN DEFENCE MINISTRY / AFP

A handout picture released by the official website of the Iranian Defence Ministry shows Iran's Defence Minister Hossein Dehqan (C) and his Russian counterpart Sergei Shoigu (L) during the signing of an agreement in Tehran on January 20, 2015. Russian Defence Minister Sergei Shoigu signed a military cooperation deal with Iran on Tuesday that his Iranian counterpart touted as a joint response to US "interference". AFP PHOTO/HO/IRANIAN DEFENCE MINISTRY == RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / HO / IRANIAN DEFENCE MINISTRY" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS ==

Thomas Flichy de la Neuville - publié le 03/10/15

L'alliance qui se développe actuellement entre les deux puissances régionales en Syrie, s’explique par l’existence d’une véritable complémentarité entre ces deux États.

Malgré les connexions évidentes entre l’Iran, la Chine et la Russie, le nouvel empire mongol ne forme pas un tout unifié. La relation Iran-Russie reste marquée par des tensions héritées de la colonisation tsariste du XIXe siècle.

Pour y voir plus clair, Aleteia vous propose un extrait de l’ouvrage intitulé : Chine, Iran, Russie, un Nouvel Empire Mongol ? :
Entre la Russie et l’Iran, la collaboration naît tardivement : entre la deuxième moitié du XVe siècle et la première guerre mondiale, la Russie exerce une influence impériale sur la Perse. Celle-ci repose alors essentiellement sur des militaires ayant une connaissance très fine de la civilisation persane. Après la révolution russe, la relation entre les deux pays se rééquilibre néanmoins au profit de l’Iran.
La Russie impériale et la Perse, le temps de l’influence (1466-1917)

Entre le XVe et le début du XXe siècle, la Russie étend son influence au sud du Caucase vers la Perse. En 1466, le marchand russe Nikitin traverse la Perse alors qu’il se rend en Inde et relate son voyage dans son journal. En 1623, Fedor Kotov, un autre marchand russe est envoyé en Perse avec pour mission de décrire les routes et les villes. C’est à partir du règne de Pierre le Grand (1689-1725) que les récits russes concernant la Perse deviennent plus détaillés. L’arrivée au pouvoir de Nader Shah force les Russes, affaiblis par la mort de Pierre le Grand, à évacuer le Gilan et Tales (traité de Rast de 1732). Dès 1781, la poussée russe reprend, avec l’expédition navale du comte Marc Ivanovitch Voïnovich en Caspienne orientale et la tentative de sécuriser une route commerciale vers Boukhara. En réalité, ce n’est pas avant la fin du XVIIIe siècle que les Russes sont à même de s’établir de façon permanente en Transcaucasie. Miné par les querelles politiques internes, le gouvernement qajaride se trouve incapable de faire face au défi d’affronter et même de repérer la menace au Nord que représente la Russie impériale. La Cour Royale affaiblie et en faillite sous Fath Ali Shah est forcée de signer le célèbre traité de Golestân en 1813, suivi d’un second, le traité de Turkmanchai en 1828 après l’échec d’Abbas Mirza dans sa tentative de sécuriser le flanc septentrional de la Perse.

Au cours de deux guerres contre la Perse, la Russie impériale continue sa percée au Sud. Les armées russes occupent la côte d’Aral en 1849, Tachkent en 1864, Boukhara en 1867, Samarcande en 1868 et Khiva et Amudarya en 1873. Le traité d’Akhal achève le dépeçage de la Perse en faveur de la puissance émergente que devient la Russie impériale. Celle-ci redoute en effet l’avancée de la Grande-Bretagne, qui convoite la Perse et l’Asie centrale afin de consolider ses positions aux Indes britanniques. Survient alors un renversement de situation, lorsque les Russes signent avec les Anglais la convention anglo-russe de 1907 qui sépare l’Iran en deux zones d’influence : pour la Russie au nord et pour la Grande-Bretagne au sud, mettant fin pour un temps au Grand Jeu. Les frontières entre les deux Empires se stabilisent alors au détriment d’une Perse sous influence.

Des officiers russes comme agents d’influence à la Cour de Mohammed Ali Shah

Afin d’asseoir son influence en Perse, la Russie s’appuie sur des officiers d’une culture distinguée, soigneusement sélectionnés par le grand État-Major. La plupart d’entre eux ont servi dans le Caucase ou en Asie centrale avant d’arriver en Perse. Certains envoient des rapports secrets à l’État-Major. Ces aristocrates ont été formés à l’Université ou bien dans les collèges militaires de l’enseignement supérieur impérial. Les écrits qu’ils ont laissés de cette période se concentrent sur des sujets d’intérêt pour l’armée russe : l’état des routes dans le nord et le nord-est de la Perse, leur accessibilité au cas où des troupes russes viendraient à les emprunter. Ces mémoires décrivent avec minutie l’armée perse, sa taille, son armement et ses faiblesses, mais également le degré de corruption des fonctionnaires persans. La Russie prend appui sur une poignée d’officiers cultivés afin d’exercer une influence décisive sur la Perse. En février 1907, le médecin militaire Sadovskii, qui relève de la brigade des Cosaques est nommé médecin du Shah. Ce médecin russe aide Mohammed Ali Shah à mettre au point son coup d’État de 1908 contre le régime parlementaire. Le gouvernement russe ne s’en tient pas là. Il sélectionne le capitaine Constantin Smirnov parmi de nombreux candidats afin de devenir tuteur du Shah. Smirnov est mis fictivement à la retraite par le gouvernement impérial et arrive à Téhéran le 1er juillet 1907. Expert distingué de l’Asie centrale et de la Perse en particulier, Smirnov publie de nombreux ouvrages sur l’histoire et la culture persane. Ses Mémoires d’un tuteur du Shah de Perse 1907-1914, constituent un compte-rendu très détaillé sur l’histoire des relations perso-russes. Smirnov faisait régulièrement parvenir des rapports à l’État-Major de l’armée du Caucase sur la situation de la Cour. Une poignée d’officiers russes ont donc joué un rôle d’influence capital et ce, jusqu’à la révolution de 1917.

Nouvel empire Moghol
Le nouvel empire Mongol © Th. Flichy

Une relation irano-soviétique plus équilibrée (1917-1991)

La révolution russe a pour conséquence un net rééquilibrage des relations au profit de la Perse. Le 26 octobre 1917, le congrès panrusse des soviets décrète en effet l’abrogation des traités inégaux. La convention anglo-russe de 1907 est par conséquent jugée nulle. Dès l’arrêt des hostilités militaires, les troupes russes se retirent de Perse, permettant à la population de décider librement de sa destinée. En mars 1918, les Russes ont terminé le retrait de leurs troupes. Seules demeurent les troupes russes commandées par le général Baratov. Celui-ci refuse d’obéir aux ordres soviétiques et place ses troupes au service des Britanniques. L’Angleterre profite en effet de la guerre civile russe pour pousser son avantage en Perse. Elle s’oppose à la substitution des représentants soviétiques à l’envoyé du Tsar. Le 26 février 1921, le traité soviéto-iranien est signé officiellement à Moscou : la Russie rend les voies de chemin de fer, routes, lignes télégraphiques et facilités portuaires à la Perse. Dans les années 1929-1933, la présence économique soviétique se réduit en Perse au fur et à mesure que la présence allemande se renforce. Après l’entrée en guerre, néanmoins, la Russie retrouve son rôle traditionnel d’influence en Perse : le 25 août 1941, les troupes soviétiques entrent en Iran par le Caucase et l’Asie centrale alors que les troupes britanniques entrent par le Sud. Après la seconde guerre mondiale, le rapprochement irano-américain freine la collaboration avec les Soviétiques. La coopération ne reprend qu’en 1963. La coopération technique connaît un approfondissement à l’avènement de Rafsandjani en 1989.

Les relations russo-iraniennes ont ainsi évolué de l’influence au partenariat. La coopération qui se développe actuellement s’explique par l’existence d’une véritable complémentarité entre deux États inégaux en taille. A l’inverse, la relation entre la Chine et la Russie a longtemps souffert d’une relation de jalousie entre pairs.

Chine, Iran, Russie, un Nouvel Empire Mongol ?sous la direction de Thomas Flichy, 92 pages, éd. Lavauzelle (2013) Coll. Renseignement Histoire et Géopolitique, 14,80 €

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