Les services secrets allemands détiendraient la preuve que l’organisation terroriste a eu recours au gaz moutarde lors de combats fin août. Gerhard Schindler, le chef du BND, le service fédéral de renseignement allemand, a laissé entendre lundi au quotidien germanique Bild que l’organisation État islamique (EI) aurait lâché la redoutable ypérite* sur les positions kurdes et le village de Marea au nord de la Syrie, empoisonnant 25 civils.
Épiderme couvert de cloques, vomissements, brûlures pulmonaires
Ses déclarations ont confirmé ce que laissaient supposer les effroyables symptômes dont souffrent les victimes du bombardement. L’ONG Médecins Sans Frontières interrogée par le Gardian a confirmé l’hospitalisation en Turquie le 21 août dernier de plusieurs personnes présentant les symptômes d’une exposition à un agent chimique.
Épiderme couvert de cloques, vomissements, brûlures pulmonaires, les images diffusées par le quotidien britannique rappellent cruellement les photos des Poilus asphyxiés en 1917. Une petite fille âgée de quelques jours à peine, grièvement touchée, est actuellement entre la vie et la mort. Le bilan pourrait s’alourdir : le gaz moutarde reste virulent dans l’organisme pendant quatre à cinq semaines, causant des hémorragies internes et détruisant les tissus pulmonaires.
Réactions timides de la Turquie
Le petit village frontalier de Marea qui a essuyé le tir de 59 obus bourrés de produit chimique mortel est situé à mi-chemin des lignes ennemies du pseudo État islamique et du poste de frontière d’Azaa, convoité par l’organisation terroriste, impatiente d’y reprendre ses trafics.
Avertie de ce bombardement visant des civils, la Turquie a mené samedi dernier son quatrième raid aérien contre l’EI depuis le début du mois d’août. À titre de comparaison, sur la même période, l’armée de l’air turque a opéré 300 sorties contre des cibles kurdes.
La “ligne rouge” est franchie
Selon les renseignements allemands, les gaz pourraient provenir des laboratoires de l’université de Mossoul contrôlés par les djihadistes ou de vieux stocks irakiens constitués par Saddam Hussein. L’usage des armes chimiques est prohibé par le Protocole de Genève de 1925.