Devront-ils rendre leur tablier pour faire de la politique ? Les députés du Grand Conseil valaisan, en Suisse, pourraient être obligés d’afficher leur appartenance à une loge. Les uns crient à la chasse aux sorcières, les autres soulignent qu’au moment de voter, “le citoyen est en droit de savoir si un élu est engagé par un serment d’allégeance à une organisation”. Bien que ce ne soit pas, et de loin, le canton de Suisse où l’on compte le plus de loges maçonniques, une proposition de modification du Règlement du Grand Conseil valaisan, en cours de refonte participative, prévoit que les membres d’une loge maçonnique le disent.
Selon les sources consultées par le quotidien suisse Le Temps, seul un député valaisan serait membre d’une loge. Une version à laquelle ne croit pas le chef de groupe de l’UDC (Union démocratique du centre), qui défend le texte. soumis au vote mardi prochain. Du côté gauche de l’échiquier politique suisse, on proteste contre le fait de cibler une organisation précise, et aucune autre. Pour le chef de groupe du PLR (Parti libéral radical), Christophe Claivaz, “si on veut chasser les sorcières, il faut aussi obliger les députés à annoncer leur appartenance à des organisations catholiques telles que l’Opus Dei ou la Fraternité Saint-Pie X, qui représentent des réseaux d’intérêts plus puissants”.
Mais rien ne dit, même voté, que ce règlement soit légal : en 2007, la Cour européenne des droits de l’homme avait déjà jugé illégal le fait d’obliger les élus francs-maçons à déclarer leur appartenance à une loge, au sujet d’un règlement similaire dans la région du Frioul, en Italie. Elle avait alors condamné “une ingérence dans le droit à la liberté d’association”. Dernier bémol qui viderait ce texte de sens : “Le bureau du Grand Conseil valaisan n’aura pas les moyens d’enquêter ou d’infliger des sanctions”.