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Migrants : l’indifférence impossible

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Pierre-Hervé Grosjean - publié le 03/09/15
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“Sans tomber dans les solutions faciles portées par l’émotion d’un moment, comment rester capable d’une véritable compassion ?”, s’interroge l’abbé Grosjean sur Padreblog. Les photos sont insoutenables. Ces corps d’enfants rejetés par la mer. Cette mer Méditerranée devenue jour après jour “ce grand cimetière” – le Pape nous alertait d’ailleurs de ce risque dans son discours devant le Parlement européen en novembre 2013 – pour des milliers de migrants qui fuient la misère ou la guerre. Ces nouveaux boat-people nous bouleversent et nous effrayent en même temps.

Humilité avant tout

Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire. Peut-être faut-il commencer par cette humilité-là ? Reconnaître que nous sommes désemparés. J’entends bien que le problème est complexe. Que tous ne fuient pas les persécutions. Qu’il y a des enjeux géopolitiques derrière. Que certains pays jouent un jeu trouble. Qu’il ne faut pas être dupe. “Qu’on ne peut accueillir toute la misère du monde”. Que les partisans des solutions faciles – les “y a qu’à…” – ou les auteurs de grandes envolées riches en émotion seront souvent les derniers à porter concrètement les conséquences de leurs propositions… Je sais tout cela. J’ai aussi lu Le camp des saints de Raspail… et je n’habite pas Calais, qui croule sous le nombre de réfugiés, ou ces cités où l’échec de l’intégration rend la vie impossible pour beaucoup.

Ma paroisse accueille une famille de huit chrétiens d’Irak qui a fui Mossoul. Je vois bien ce que cela représente comme difficultés, une fois la joie et le soulagement des débuts passés. Pour eux, comme pour ceux qui bénévolement se démènent pour les aider et les intégrer, tant au niveau de la ville que de la paroisse. Car il ne s’agit pas d’accueillir pour quelques jours mais bien d’intégrer pour longtemps, si ce n’est pour toujours. Les campements et les solutions d’urgence ne résoudront rien sur la durée.

Alors on ne dit rien ? On ne fait rien ? J’entends les appels du Pape répétés depuis sa venue à Lampedusa. Il n’a pas attendu les photos choc, lui ! C’était le seul à l’époque, parmi les dirigeants, à alerter sur le drame qui se jouait. Aujourd’hui, je sens bien que ce drame ne peut pas nous laisser inactifs. Encore moins indifférents. Je crois même qu’il représente un vrai défi pour notre veille Europe.

Un défi pour ceux qui nous gouvernent

L’Église n’a pas les solutions. Elle est là pour alerter les consciences. Le pape François ne cesse d’exhorter les pays “à coopérer avec efficacité pour empêcher ces crimes qui offensent la famille humaine toute entière”. Il attend que les dirigeants prennent leurs responsabilités. L’Histoire se fait avec des hommes et des femmes. Elle peut dépendre d’une ou deux décisions courageuses. Reconnaître qu’on s’est trompé. Décider d’intervenir. L’impunité de Daesh reste révoltante ! C’est la pression des peuples qui force le courage des gouvernants et leur impose de trouver une solution.

C’est aussi autour de ces grands défis, de ces grandes causes qu’ils pourront rassembler leur peuple. Rétablir le droit dans ces pays qu’on fuit. Tout faire pour convaincre et aider ces familles à rester. Éradiquer ces passeurs qui jouent avec les vies. Faire plus pour le développement des ces régions qu’on a souvent livrée au chaos, ou pillées allègrement. Le Pape rappelait dans son encyclique “la grave dette sociale” que nous avons envers ces pays aujourd’hui pauvres. On pourrait parler d’une dette morale aussi envers ceux que nous avons laissés s’enfoncer dans le chaos… Qu’avons nous fait de l’Irak ou de la Syrie ? Lire la suite sur Padreblog 

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