Entretien avec Jean-Baptiste Stuchlik, psychosociologue, a dirigé le secteur Santé/secteur public de plusieurs cabinets de conseil internationaux.
Atlantico : La méditation, science orientale à l’origine, s’est largement internationalisée, comme a pu en témoigner le grand rassemblement de Boston, organisé du 30 octobre au 2 novembre de l'année 2014. Parmi les principaux intervenants, se trouvait le Dalai Lama. Que sait-on précisément des bienfaits de la méditation sur notre santé ? Que disent les études scientifiques menées à ce sujet ?
Jean-Baptiste Stuchlik : En toute rigueur, on devrait plutôt parler de méditations au pluriel, ou de pratiques méditatives. Il existe de multiples techniques, perfectionnées depuis des siècles par différences écoles, qui visent à développer tel aspect de la conscience ou tel autre, la paix intérieure et stabilité émotionnelle (samatha) ou l’altruisme et la compassion (karuna).
Les études scientifiques montrent une efficacité dans de multiples domaines de la santé : la réduction du stress et de l’anxiété, la diminution du risque de rechute dépressive (comparable à la prise d’antidépresseurs), et certaines maladies de peau (psoriasis).
C’est relativement récemment que les psychiatres et les chercheurs en neurosciences ont commencé à s’intéresser à la méditation, et ils s’en sont servi pour créer les thérapies cognitives dites "de 2e vague". Les mécanismes d’action n’en sont pas tous bien connus, en revanche l’imagerie cérébrale en montre certains ressorts. La pratique de la méditation modifie l’activité de certaines zones cérébrales à force d’entraînement, et on dit souvent que les méditants avancés sont de véritables "athlètes du mental".
Dans notre société occidentale, la méditation est-elle une pratique que l’intégralité de la population aurait intérêt à pratiquer au quotidien, ou joue-t-elle un rôle plutôt réparateur pour des personnes éprouvant un besoin spécifique à une période donnée ? En faire un véritable style de vie, est-ce compatible avec notre culture ?
J.-B. S. : En faire un style à part entière est très exigeant : si tout le monde voulait atteindre le seuil de méditant avancé, il faudrait atteindre les 40 000 heures de pratique, ce qui correspond à 25 ans à 35 heures par semaine, un entraînement digne d’un sportif de haut niveau… atteignable seulement en monastère ! En revanche, avec une pratique de 20 minutes par jour, les effets positifs se font heureusement sentir en général dès quatre semaines… Lire la suite sur Atlantico