Interrogé par Radio Vatican, Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient, fait part de son abattement.
La persécution du Daesh se poursuit en Irak mais aussi en Syrie. Ainsi, 230 civils, chrétiens et sunnites, ont été enlevés dans le pays par l’État islamique (Aleteia) : 170 sunnites et plus de 60 chrétiens accusés de "collaboration avec le régime" auraient été kidnappés à Al-Qaryatain, dans le centre du pays, là même où a été enlevé en mai dernier le père Jacques Mourad dans son monastère de Mar Elias (Aleteia). L’EI avait une liste de personnes à emmener, mais les djihadistes ont aussi arrêté des familles qui essayaient de s’enfuir.
Une faute morale et une erreur stratégico-politique
Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, fait part de son désarroi sur les ondes de Radio Vatican : "Je suis complètement abattu de penser Daesh progresse encore en Syrie. Depuis un an, nous ne parvenons pas à neutraliser cette force terroriste. En Irak, pas un seul millimètre carré n’a été libéré dans les zones de peuplement chrétien. En Syrie, nous constatons avec la prise de Palmyre que Daesh progresse dans ses méfaits". Et le religieux martèle : "Cette manière de laisser Daesh prospérer est incompréhensible. C’est une faute morale et une erreur stratégico-politique".
"C’est affligeant sur la situation en Syrie, poursuit-il. Pour le moment, on ne voit aucun espoir concret. Cela renvoie à la responsabilité du régime de Damas et à celle de la communauté internationale. C’est tout à fait affligeant, nous sommes effondrés. Certes, la prière est d’un grand secours pour obtenir la libération la plus rapide de ces otages, mais nous sommes à la fois très angoissés et très affligés."
Plus aucune différence entre les religions pour Daesh
"Daesh est un groupe sunnite, mais il ne fait pas l’unanimité parmi ceux-ci !", réagit avec force Mgr Gollnisch suite au récent enlèvement en Syrie de ces derniers en même temps que les chrétiens. "Les références religieuses sont tombées : nous sommes dans un climat d’horreur où finalement les références religieuses ne signifient plus rien."
Pour le directeur de l’Œuvre d’Orient, la prise de Palmyre a été décisive pour Daesh : "La perte de Palmyre est une grave faute parce que c’était une ville isolée en plein désert où il n’est pas facile de se défendre. On comprenait facilement que cette ville était menacée, (…) c’était un grand enjeu". Aujourd’hui, face à la montée de l’organisation terroriste, et "quelles qu’aient été les positions des uns et des autres il y a quatre ans", le religieux appelle à une prise de la conscience internationale "pour neutraliser Daesh".
La faute à des "chefs de gouvernement machiavéliques"
De son côté, le patriarche de l’Église syriaque catholique, Ignace Joseph III Younan, évoque un "nettoyage ethnique" selon la religion et dénonce le silence de la communauté internationale. "Tout cela, affirme t-il, est de la faute des chefs de gouvernement machiavéliques qui pensent seulement aux opportunités économiques" et non pas à "la population sans défense et innocente".