En quête d’une alternative à l’avortement
L’une d’elle raconte : "Lorsque j’attendais dans la salle d’attente de ma gynécologue, une jeune femme dans la même situation que moi a craqué. Je n’oublierai jamais sa détresse et les questions qu’elle se posait (…). J’espère qu’elle a eu ce délai de sept jours et qu’elle a trouvé une main tendue. Elle voulait garder son enfant et était contrainte d’y renoncer…". Cette main tendue est évoquée par d’autres qui regrettent de ne pas avoir trouvé de solution pour garder leur bébé. Plusieurs évoquent "un sentiment de solitude puisqu’impossible d’en parler à qui que ce soit" : "J’attendais juste le moment fatidique, je n’avais personne avec qui en parler…", même en couple : "On se sentait extrêmement seuls". Ce que la loi Veil se proposait justement d’éviter (cf. Gènéthique vous informe du 24 novembre 2014).
Un délai qui a permis à certaines de garder leur bébé
A fortiori, l’une d’elle explique que ce délai lui a permis "d’éviter de faire la plus grosse erreur de ma vie", tandis qu’une autre ajoute : "Sans cette réflexion à l’heure d’aujourd’hui je n’aurais pas mon bébé, c’est une longue semaine certes mais pour les femmes qui doutent, elle est importante !".
2/ L’avis de celles qui s’interrogent ou veulent la suppression de ce délai
Celles qui demandent la suppression du délai de réflexion (22 d’entre elles) ne veulent pas faire face à la culpabilité qu’elles ressentent en allant jusqu’à l’avortement (cf. Le coin des experts, Gènéthique du 24 avril 2015) : "On se sent déjà assez coupable de faire ça", "Nous culpabilisons encore plus", et elles estiment que "ce délai est infantilisant", "une pression supplément
aire", "une obligation irritante" (…). Tandis qu’une autre raconte : "Cela ne fait qu’empirer la situation, car pendant cette semaine de réflexion, on a un petit cœur qui grandit en nous, et plus on attend, plus il grandit, et plus ça nous fait du mal de le faire partir". À 19 ans, cette jeune femme choisit de garder son bébé.
Certaines femmes "ne savent pas", d’autres "regrettent"
Celles qui hésitent, elles sont au nombre de 11, estiment que ce délai "provoque beaucoup d’incertitudes, mais permet aussi de ne pas prendre une décision trop rapide pour ensuite la regretter" (…). Si certaines estiment que ce délai est inutile, plusieurs femmes, qui n’ont pas pu en bénéficier expriment leurs regrets : "J’ai eu un rendez-vous pour une ordonnance de prise de sang pour le groupe sanguin et le lendemain, on m’a donné le traitement. Je regrette énormément. J’aurais aimé avoir du temps car c’est très dur. J’aurais pu réfléchir et dire non à ceux qui m’y ont amenée". Enfin une autre avoue : "Avec le recul, je pense que si j’avais eu le délai légal, je ne l’aurais pas fait". Si l’article 17bis du projet de loi Santé est adopté, toutes les femmes se trouveront alors dans cette situation.
3/ Choisir l’IVG : une décision difficile souvent contrainte
La plupart des femmes qui ont répondu au questionnaire disent qu’elles ont avorté. Une décision souvent contrainte : si 12 femmes considèrent que l’avortement était "une évidence, cette grossesse n’était ni prévue, ni désirée", et pour cinq autres, juste "une alternative possible", 33 d’entre elles expliquent que l’avortement a été "une réponse douloureuse à une situation sans issue". Et elles sont 19 à exprimer que cette solution n’était pas la leur, mais "la réponse qui m’était imposée". Elles racontent : "Sous pression j’ai avorté", "C’est ma mère qui a décidé l’avortement", (…) "J’ai été contrainte de subir une IVG médicamenteuse. On m’a imposé de ne pas le garder" (…).