La situation à Bagdad est de plus en plus grave et le patriarche de Babylone des Chaldéens se dit particulièrement inquiet face à la multiplication des actes criminels visant les chrétiens.
Dans la capitale irakienne, en l’espace de deux semaines, quatre chrétiens ont été enlevés et séquestrés. D’eux d’entre eux ont été libérés grâce à une opération de la police et le versement d’une rançon de 50 000 dollars aux ravisseurs. Les familles des deux autres otages ont elles aussi payé la rançon mais cela n’a servi à rien : les corps des hommes ont été retrouvés sans vie par la police (Aleteia).
Le patriarche de Babylone des Chaldéens, Sa Béatitude Louis Raphaël Ier Sako, se dit particulièrement inquiet face à ces actes criminels visant les chrétiens. Il rappelle que le gouvernement irakien a le devoir de protéger tous les citoyens et met en garde contre la menace que représente l’État islamique qui "devient de plus en plus fort", soulignant que "l’Irak seul est incapable de chasser les djihadistes de l’EI".
Il s’est confié sur Radio Vatican au micro de Marie Duhamel. "Des groupes ou des individus ici et là à Bagdad – nous ne savons même pas si ce sont des milices ou des bandits –, menacent les chrétiens ou vont même directement occuper leurs maisons, explique le chef religieux irakien. Celles-ci sont vides parce que les chrétiens ne sont plus là. (…) Ces derniers sont un objectif très facile et ils n’ont pas de tribu pour les protéger ou se venger comme les autres ; nous n’avons pas cette mentalité ou cette culture de violence. Cela pousse les chrétiens à quitter la ville et le pays."
"Les Américains ont un devoir moral d’intervenir"
"Le gouvernement [irakien] nous écoute, mais il est incapable de contrôler toute la ville. (…) Il n’y a pas d’autres solutions qu’une intervention armée terrestre, ajoute Mgr Sako. L’Occident reste indifférent, alors que l’État islamique devient de plus en plus puissant. C’est un risque global pour le monde entier. L’Irak semble incapable de chasser Daesh, et les Américains en Irak ont changé le régime et provoqué une anarchie. Ce sont eux qui ont le devoir moral d’intervenir et de mettre fin à Daesh." Récemment revenu d’une visite officielle en France, le patriarche assure que "les responsables du gouvernement français semblent très décisifs. Ils ont promis de faire quelque chose, mais la France seule ne peut pas intervenir. Il faut une coalition internationale et le mandat de ONU".
Le 9 juillet dernier, un parlementaire chrétien a publié un communiqué pour inviter ses collègues et les forces de sécurité à prendre leurs responsabilités face aux intimidations subies par les chrétiens et qui contribuent à miner l’unité de la société irakienne. En 2003, il y avait en Irak 1,5 million de chrétiens. Aujourd’hui, il n’en reste que 400 à 500 000, les autres étant réfugiés en Occident et dans les pays voisins.