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L’archevêque de Sydney : “On ne peut forcer les gens à changer de conception du mariage”

Philippe Oswald - publié le 19/07/15

Un sermon de Mgr Fisher, archevêque de Sydney, sur l’alliance de l’homme et de la femme, se heurte à l’entreprise de normalisation du “mariage gay” en Australie.
C’est un nouvel épisode dans la bataille en cours dans tous les pays occidentaux pour imposer le "mariage homosexuel" comme une norme, à égalité avec l’union entre un homme et une femme. En Australie, le "mariage gay" reste interdit – la Haute Cour de justice australienne a invalidé, en décembre 2013, une loi qui l’autorisait dans le Territoire de Canberra, la capitale (Aleteia). Mais ses partisans, aidés par de puissants lobbies, ne désarment pas.

"Imposer la déconstruction du mariage"

Ils ont pris à partie l’archevêque de Sydney, Mgr Anthony Fisher, pour avoir défendu le mariage "traditionnel", fondé sur l’altérité sexuelle, dans une homélie. L’évêque s’adressait à des couples qui renouvelaient leurs vœux de fidélité conjugale à l’occasion de leur anniversaire de mariage dans la cathédrale Sainte-Marie le 12 juillet (Catholic News Service). Mgr Fisher a dénoncé des tentatives d’"intimidation" pour imposer à l’opinion publique "la déconstruction du mariage", en soulignant que cette volonté d’"homogénéisation" au nom de l’égalité occultait ces questions fondamentales : "Qu’est-ce que le mariage ?", "À qui est-il destiné ?".

"Dans notre univers culturel, a-t-il notamment déclaré, des voix s’élèvent pour affirmer que le mariage n’a plus besoin d’être contracté pour la vie, ni d’être ouvert à la naissance d’enfants, ni d’être exclusif, ni d’être l’alliance entre un homme et une femme." Ces pressions mettent les couples chrétiens dans "une position inconfortable, a-t-il poursuivi, car des puissances politiques, culturelles et commerciales sont déterminées à réduire au silence toute contestation du discours politiquement correct ; il s’agit de les forcer à accepter la déconstruction du mariage et à la redéfinition de cette institution fondamentale, tout en reléguant à l’arrière-plan les questions sur la nature du mariage au nom d’un nivellement égalitaire".
Aussi, les opposants au mariage homosexuel sont-ils systématiquement discrédités : "Ceux qui s’en tiennent au sens traditionnel du mariage sont présentés comme des ignorants et des fanatiques".

"Le mariage est un témoignage et un signe prophétique"

Dans ce contexte, le véritable mariage est "une forme d’apologie et de thérapie", a ajouté Mgr Fisher : "C’est un témoignage sans parole rendu à la conception chrétienne de la personne humaine et de la société, à la mission que Dieu nous a donnée d’aimer non pas tant d’un amour romantique d’auto-exaltation comme on le célèbre avec des cœurs croisés à la Saint-Valentin, mais d’un amour privilégiant le don de soi, un amour rédempteur, un amour en forme de croix pascale".

Reconnaître l’exclusivité de l’alliance entre l’homme et la femme dans le mariage, qui n’en fait pas des "partenaires" mais des époux, ce n’est pas critiquer qui que ce soit, a souligné l’évêque, qu’il s’agisse de personnes ayant une attirance homosexuelle ou de personnes divorcées. "À l’occasion de ce jubilé de votre mariage, a-t-il dit en s’adressant aux époux présents dans la cathédrale, nous célébrons l’union complète, corporelle, psychologique et spirituelle entre un homme et une femme, l’alliance dans laquelle vous êtes devenus "une seule chair" et par laquelle vous avez fondé une famille. Ces dimensions du véritable mariage en font aujourd’hui un signe prophétique, un signe de contradiction, parce que certains voudraient réduire le mariage à n’être tout au plus que la déclaration publique d’une liaison physique et émotionnelle entre deux personnes."

"L’enseignement catholique subit une pression énorme"

Ces propos ne sont pas passés inaperçus alors que la propagande pour la légalisation du mariage de personnes de même sexe bat son plein en Australie, dopée par le "oui" au mariage homosexuel des Irlandais, le 22 mai dernier (
Aleteia). Ce vote a poussé nombre de parlementaire australiens à annoncer leur ralliement au "mariage pour tous". Le leader travailliste de l’opposition a déposé le 1er juin un projet de loi pour légaliser le mariage entre personnes de même sexe, auquel s’oppose fermement le Premier ministre conservateur, Tony Abbott, catholique. Mais il subit la pression de plusieurs membres de son parti en faveur de ce projet de légalisation du mariage homosexuel, et même l’opposition publique de sa propre sœur, qui vit en couple avec une autre femme (Le Figaro).​ En outre, en Australie comme ailleurs, le monde du business a pris fait et cause pour le "mariage gay" à grand renfort de publicité pour "l’égalité" de tous devant le mariage. 

La Conférence épiscopale a réagi dans une lettre pastorale de 18 pages intitulée : "Ne jouons pas avec le mariage" qui a été distribuée dans les paroisses et dans les écoles catholiques. Des parents d’élèves ont protesté, certaines écoles se sont désolidarisées, un groupe d’étudiants étant même allé jusqu’à brûler publiquement le document épiscopal à Sydney !
"Quiconque s’oppose au changement de définition du mariage doit s’attendre à subir d’intenses intimidations", a commenté Mgr Julian Porteous of Hobart, ancien évêque auxiliaire de Sydney. Il prédit que les écoles catholiques, qui bénéficient de subventions de l’État australien et des gouvernements fédéraux, allaient devoir résister à "une pression énorme" pour continuer à enseigner la doctrine catholique.

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