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Évangile de dimanche : Un royaume pas comme les autres

aleteia - publié le 15/06/15

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Évangile de dimanche (Marc 4, 26-34 – 11e dimanche du Temps Ordinaire)

C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit, elle dépasse toutes les plantes potagères. En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : "Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé."

Il disait encore : "À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre".

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

Textes liturgiques © AELF, Paris.

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Un royaume pas comme les autres

Jésus ne disait rien à la foule sans employer de paraboles, nous dit Marc ; c’était certainement la seule manière d’avoir un petit espoir d’être compris ! Car la leçon était quand même rude à faire passer ! Jésus Lui-même annonce d’entrée de jeu qu’Il va parler du Royaume de Dieu, mais tout le monde a déjà des idées là-dessus ; et les idées des hommes ne coïncident pas du tout avec les siennes, apparemment ! Alors Il lui faut déployer toute une pédagogie dans la ligne de la conversion que l’Ancien Testament avait déjà entreprise.

Au début, le peuple d’Israël, comme tous les peuples, ne pouvait envisager le Règne de Dieu qu’en termes de Souveraineté. Les psaumes, par exemple, chantent la souveraineté de Dieu sur le monde : "Le SEIGNEUR a établi son trône dans les cieux et sa royauté domine tout" (Ps 102/103, 19)… "Le Seigneur, le Très-Haut est terrible ; il est le grand roi sur toute la terre" (Ps 46/47, 3)… "Le SEIGNEUR est roi, il est vêtu de majesté" (Ps 92/93, 1)… "Le SEIGNEUR est roi, que la terre exulte, que tous les rivages se réjouissent" (Ps 96/97, 1). Dans cette optique, dire "À toi le règne, la puissance et la gloire" revient à dire "c’est toi le plus fort !". Si les textes du livre de l’Exode nous présentent toujours les rencontres de Moïse avec Dieu dans l’orage, les éclairs, le feu et le tremblement de la montagne, c’est que sans toutes ces preuves de grandeur et de puissance, le peuple n’aurait jamais pu prendre ce Dieu au sérieux !

Même le grand prophète Élie, au début de sa carrière, ne peut pas imaginer Dieu autrement que dans des manifestations grandioses : et c’est le feu du ciel qu’il implore pour impressionner les prophètes des idoles. On se souvient de cette grande démonstration qui devait faire taire à tout jamais les incrédules : "À l’heure de l’offrande, le prophète Élie s’approcha et dit : ‘SEIGNEUR, Dieu d’Abraham et d’Israël, fais que l’on sache aujourd’hui que c’est toi qui es Dieu en Israël… Réponds-moi, réponds-moi : que ce peuple sache que c’est toi, SEIGNEUR, qui es Dieu…’ Et le feu du SEIGNEUR tomba et dévora l’holocauste, le bois, les pierres, la poussière, et il absorba même l’eau qui était dans le fossé. À cette vue, tout le peuple se jeta face contre terre et dit : ‘C’est le SEIGNEUR qui est Dieu ; c’est le SEIGNEUR qui est Dieu’ !" (1R 18, 36-39). Ce jour-là, Dieu n’a pas désavoué son prophète, mais, quelque temps après…

On se souvient comment, plus tard, Dieu a révélé au prophète Élie que sa puissance n’est pas ce que l’homme croit spontanément. C’est le fameux épisode d’Élie à l’Horeb : "Le SEIGNEUR dit à Élie : Sors et tiens-toi sur la montagne devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu, le bruissement d’un souffle ténu (une brise légère). Alors, en l’entendant, Élie se voila le visage avec son manteau" (1R 19, 11-13). Cette fois, Élie avait tout compris : Dieu n’est pas dans les démonstrations de puissance que nous aimons tant, Il est dans la brise légère.

Ce paradoxe, si on y réfléchit, parcourt toute la Bible, dès l’Ancien Testament : à commencer par le choix surprenant d’un tout petit peuple pour porter au monde la plus grande des nouvelles. Et que dire du choix d’un homme bègue (Moïse) comme porte-parole et d’un couple stérile (Abraham et Sara) pour porter l’espoir d’une descendance nombreuse comme les étoiles. Dieu a choisi un petit berger de Bethléem pour vaincre le géant Goliath ; et des siècles plus tard, c’est aussi de Bethléem, petit village insignifiant que sortira le Fils de Dieu lui-même ; lequel va vivre caché pendant trente ans dans uns bourgade perdue dont on se demandait : "Que peut-il sortir de bon de Nazareth ?".

Ce qui sort de Nazareth, justement, c’est le Verbe, comme dit Saint Jean, la Parole : comme une semence, elle est jetée à tous les vents, aux risques de la mauvaise terre et des piétinements ; et Dieu sait si le Verbe a été piétiné ; au risque même de se faire traiter de possédé du démon (Béelzéboul : Mc 3, 22) ; mais Il court le risque quand même, simplement parce que c’est la seule chose à faire. À travers même les échecs apparents du Christ, la déchéance et la mort sur la Croix, s’est levé sur le monde le triomphe de l’amour.

Confiance, la moisson viendra

Telle est la leçon de ces paraboles, une magnifique leçon de confiance : Dieu agit, le royaume est une semence qui germe irrésistiblement, il est peut-être encore invisible, mais la moisson viendra. Jésus nous dit quelque chose comme : "Vous savez la puissance de vie qui se cache même dans une toute petite graine. Contentez-vous de semer : c’est votre travail de jardiniers. Dieu vous fait confiance pour cultiver son jardin. À votre tour, faites-lui confiance : la semence poussera toute seule, car c’est Dieu qui agit… C’est votre meilleure garantie". Jésus l’avait bien d
it en parlant de lui-même : "En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si, au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance" (Jn 12, 24). C’est là que se manifeste la vraie puissance de Dieu : la parole semée dans la pauvreté et l’humilité devient peu à peu un arbre immense dont les bras sont assez grands pour accueillir l’humanité tout entière. Voilà le dessein bienveillant de Dieu : "Réunir l’Univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre". "La graine de moutarde, quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères, et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre."

Marie-Noëlle Thabut (L’intelligence des Écritures – Éd. Artège)

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