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Ceci est mon corps, ceci est mon sang
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : "Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ?". Il envoie deux de ses disciples en leur disant : "Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : "Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?". Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs".
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : "Prenez, ceci est mon corps". Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : "Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le Royaume de Dieu". Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Textes liturgiques © AELF, Paris.
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La Pâque juive
On imagine bien dans quelle ambiance Jésus a célébré ce dernier repas : dans tout Jérusalem, on préparait la Pâque ; d’innombrables agneaux étaient égorgés au Temple pour être ensuite partagés en famille ; dans les maisons, c’était le premier jour de la fête des pains sans levain (on disait des "azymes"), les femmes débarrassaient méticuleusement la maison de toute trace du levain de l’année écoulée pour accueillir le levain nouveau, huit jours plus tard. Depuis des siècles, ces deux rites commémoraient la libération d’Égypte, au temps de Moïse : ce jour-là, Dieu était "passé" parmi son peuple pour en faire un peuple libre ; puis, au Sinaï, Il avait fait Alliance avec ce peuple et le peuple s’était engagé dans cette Alliance, "Tout ce que le SEIGNEUR a dit, nous y obéirons" (nous l’avons entendu dans la première lecture) parce qu’il faisait confiance à la Parole du Dieu libérateur ; et le psaume 115/116 répétait en écho : "Je suis, SEIGNEUR, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes".
Désormais, pour toutes les générations suivantes, célébrer la Pâque, c’était entrer à son tour dans cette Alliance, vivre d’une manière nouvelle, débarrassée des vieux ferments, libérée de toute chaîne. Car faire mémoire, ce n’est pas seulement égrener des souvenirs, c’est vivre aujourd’hui de l’œuvre inlassable de Dieu qui fait de nous des hommes libres. Il est clair, dans cet Évangile, que Jésus a choisi d’inscrire ses derniers instants dans cette perspective-là, perspective d’Alliance, perspective de vie libérée : "Ceci est mon sang, le Sang de l’Alliance, répandu pour la multitude". Ce soir-là, il ne fait aucun doute pour personne qu’Il parle de sa mort et de son Sang qui va être répandu ; mais voilà qu’Il donne à sa mort le sens d’un sacrifice d’Alliance avec Dieu, dans la ligne de celui de Moïse au Sinaï.
Le problème, c’est qu’il ne pouvait être question pour aucun Juif, même pas pour les disciples, d’envisager le moins du monde la Passion du Christ comme un sacrifice : Jésus n’est pas prêtre, Il n’est pas de la tribu de Lévi, et surtout son exécution s’est déroulée hors du Temple, hors même des murs de Jérusalem ; or, seul un prêtre pouvait offrir des sacrifices à Dieu et ce ne pouvait être que dans le Temple de Jérusalem. Enfin, et c’est beaucoup plus grave, il n’était pas possible en Israël d’envisager la mort d’un homme comme un sacrifice susceptible de plaire à Dieu : il y avait des siècles qu’on savait cela. Ceux qui ont exécuté Jésus n’ont jamais eu l’intention d’accomplir un sacrifice : ils ont cru se débarrasser purement et simplement d’un mauvais Juif qui, à leurs yeux, troublait la vie et la religion du peuple d’Israël.