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Le catholicossat d’Arménie cherche à récupérer ses biens religieux spoliés

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Arthur Herlin - publié le 03/06/15
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Forcée à l’exil après le génocide des Arméniens, la juridiction de Cilicie de l’Église apostolique arménienne espère, par des voies juridiques, récupérer son patrimoine et restaurer sa présence dans sa région d’origine.

Le catholicossat de Cilicie, l’une des branches de l’Église apostolique arménienne, cherche à récupérer son ancien centre religieux de Kozan, dans le Sud de la Turquie. La présence du siège catholicossal dans la région remonte à 1293. Il est, avec la ville arménienne d’Etchmiadzine, l’un des deux centres de l’Église apostolique arménienne, première institution nationale chrétienne du monde. Lors du génocide arménien, les autorités ottomanes avaient saisi tous leurs biens, poussant ces chrétiens à l’exil.

L’un des premiers cas en la matière

Une plainte a été déposée le 27 avril dernier par l’Église catholicossale arménienne de Cilicie, basée depuis 1930 à Antélias, près de Beyrouth, au Liban. "Avec le 100e anniversaire du génocide arménien, nous avons décidé d’entamer ce processus", a déclaré Teni Pirri-Simonian, porte-parole du catholicos Aram Ier, chef religieux du catholicossat de Cilicie. Istar Gözaydın, un consultant juridique du catholicossat et ancien professeur de droit à l’Université d’Istanbul Doğuş et impliqué dans le dossier, affirme que c’est un tournant inédit : "C’est l’un des premier cas en matière de restitution de biens religieux pour les propriétaires d’origine".

Réaction en chaîne

Si jamais l’affaire tournait en faveur du catholicossat, cela pourrait bien être le début d’une réaction en chaîne : en effet, des milliers d’autres églises, abandonnées au même titre que celle de Kozan, seraient alors susceptibles de retourner à leurs propriétaires d’origine. Cependant, le maire de Kozan, Musa Öztürk, membre du parti conservateur AKP, est loin d’être convaincu : "Pas un iota de cette terre ne doit être remis à qui que ce soit", avait-il déclaré à des journalistes locaux fin avril. Si la Cour constitutionnelle de Turquie venait à rejeter la demande du catholicossat, les avocats de l’Église ont d’ores et déjà déclaré qu’ils saisiraient la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dont la Turquie est membre. Le succès est toutefois loin d’être garanti. En janvier, la CEDH a refusé, sur la base de subtilités juridiques, la restitution à l’Église orthodoxe arménienne d’un orphelinat appartenant désormais à l’État turc.

Légende photo : L’église arménienne de la Sainte-Croix d’Aghtamar, située sur une île dans le Sud-Est de la Turquie, est l’un des milliers d’édifices religieux qui pourraient être réclamés par l’Église apostolique d’Arménie.

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