Peu à peu, la basilique-cathédrale Saint-Denis retrouve son apparence, son usage et sa splendeur d’origine. En 2013, en effet, après des années de tractations, d’importants travaux de restauration ont été amorcés sous l’égide de l’État. La façade sera bientôt dévoilée en septembre, en même temps que la monumentale crypte mérovingienne. En cours de restauration, le chœur, quant à lui, se trouve littéralement "bouleversé" par ce "nouveau sous-sol", selon les termes utilisés par Jacques Moulin, l’architecte en chef des monuments historiques. Vient donc la nécessité de repenser complètement son mobilier liturgique, en particulier l’autel et l’ambon.
Jouer avec la lumière
L’ensemble de ce nouveau défi repose sur le respect de l’harmonie créée par la pierre et la lumière transmise par les vitraux caractéristiques de la cathédrale. Le diocèse de Saint-Denis-en-France et le ministère de la Culture viennent de confier cette délicate mission à l’artiste slovaque Vladimir Zbynovsky. 
Cet artisan du verre et de la pierre entend jouer avec les rayons du soleil : selon ses plans, l’autel sera réalisé dans un bloc de pierre couvert d’une épaisse dalle de verre parfaitement translucide censée remplir le rôle d’une lentille. En son centre, un puits en forme de croix laissera passer la lumière naturelle. Tout est ainsi prévu pour que ce halo lumineux atteigne la crypte située sous le chœur et illumine majestueusement le sarcophage de saint Denis. "La crypte sera ainsi éclairée par la liturgie et l’eucharistie", souligne l’architecte Jacques Moulin, maître d’œuvre du projet.
"Exprimer l’inexprimable"
Dans la même veine, le pupitre, ou "ambon", présente un bloc de pierre sculpté cette fois comme un livre ouvert, une épaisse dalle de verre apposée donne une impression de lévitation. Par le verre, "matière inaltérable", et le jeu des lumières, Valdimir Zbynovsky souhaite symboliser "la réflexion qui persiste même quand la lecture est terminée". Tout l’enjeu, selon lui, est ainsi "d’exprimer l’inexprimable" et d’être à la hauteur de ce lieu chargé d’histoire, de tradition et de spiritualité. Portée par les impressionnants vitraux, la lumière est en effet la messagère privilégiée de ce "cimetière des rois". Jacques Moulin ne déclarait-il pas récemment sur France 2 : "Nous sommes ici dans un milieu savant, qui a véhiculé l’idée que la lumière portait le message divin" ?
Restituer à la cathédrale toute sa noblesse a un prix : 400 000 euros au moins, qui ne peuvent être financés que par des fonds privés. L’association des Amis de la basilique-cathédrale Saint-Denis a donc lancé un appel à souscription honnête intitulé : "Pierre et verre pour un chœur de lumière" et prévoit de convier chaque mécène à des visites privées en compagnie de l’architecte Jacques Moulin et de l’artiste Vladimir Zbynovsky.
Notre photo : L’architecte en chef des monuments historiques, Jacques Moulin, supervise le chantier du chœur de la basilique Saint-Denis.
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