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Syrie/Irak : Comment vaincre l’État islamique ?

IRAQ – CONFLICT – ANBAR – AFP – fr

© SABAH ARAR / AFP

Iraqi security forces stand guard as residents from the city of Ramadi, who fled their homes as Islamic State (IS) group militants tightened their siege on the last government positions in the capital of Anbar province, wait to cross Bzeibez bridge, on the southwestern frontier of Baghdad, on May 20, 2015. Taking control of Ramadi would constitute the group's most important victory this year in Iraq, and would give the jihadists control of the capitals of two of its largest provinces. AFP PHOTO / SABAH ARAR

Philippe Oswald - publié le 22/05/15

La question mobilise une grande partie de la communauté internationale au lendemain de la chute de Ramadi et de Palmyre, qui offre à Daesh un territoire de la dimension du Royaume-Uni. En attendant d’autres conquêtes…

Faut-il d’ores et déjà considérer que les conquêtes de Daesh légitiment son ambition d’instaurer un "Califat" et cesser de parler – comme nous le faisons à Aleteia – d’un "pseudo" État islamique ? Non, bien sûr, la force ne donne pas le droit – même si l’Histoire regorge de fondations issues de guerres victorieuses, notamment, au cours du dernier siècle, au Moyen-Orient, avec le démantèlement de l’Empire ottoman. Disons que nous n’en sommes pas encore au stade où des "terroristes" deviennent des interlocuteurs puis des partenaires.

300 000 km2… largement désertiques

Mais les territoires conquis par Daesh sur la Syrie et l’Irak (deux pays forgés, précisément, par les Occidentaux vainqueurs de l’Empire ottoman) couvrent 300 000 km2, soit "l’équivalent du Royaume-Uni avec l’Irlande, une population de 8 millions de personnes, où il contrôle les ressources, prélève l’impôt", relève l’universitaire Fabrice Balanche dans le Bien public. En s’emparant hier, après Palmyre, du dernier poste frontière entre la Syrie et l’Irak (Libération), les djihadistes ont symboliquement unifié les deux États créés par les Britanniques et par les Français sous l’égide de la Société des Nations.

L’avenir dira d’où et dans quelle direction l’EI lancera son prochain raid : Damas ou Bagdad ne sont plus hors de portée, encore que leur conquête serait trop coûteuse (Bagdad compte 5 millions de chiites, Damas est tenue par le régime alaouite et ses alliés). D’ailleurs, remarque Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, dans L’Express, les zones contrôlés par l’EI sont "en grande partie désertiques. L’EI est très à l’aise dans la guerre du désert. L’organisation est très mobile. Dans l’Ouest du pays, qui concentre l’essentiel des zones habitées, c’est une autre affaire. (…) Dans les zones densément peuplées, chaque village représente un obstacle puisqu’il est occupé soit par les forces du régime, soit par les rebelles. Ajoutons que l’EI a connu très récemment des revers contre les Kurdes à l’ouest de Hassaké".   

Vers l’éclatement de la Syrie et de l’Irak

Mais dans les territoires conquis, l’épuration ethnique est en cours. Fabrice Balanche prédit "l’éclatement de la Syrie et de l’Irak sur des bases ethnico-confessionnelles, ce qui veut dire nettoyage ethnique, déplacement de populations, avec l’inexorable montée en puissance de Daesh et son fonctionnement fasciste".

Que faire ? La question hante les Occidentaux, Américains en tête, dont la responsabilité est accablante dans le chaos qu’ils ont engendré avec la guerre d’agression contre l’Irak. L’insuffisance des raids aériens américains et français est devenue une évidence ainsi que le double jeu de ces alliés douteux que sont la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar (trois pays essentiellement sunnites) : leur adversaire commun, ce n’est pas Daesh, c’est l’Iran, bastion du chiisme. Il faudra donc passer à un autre stade, celui de la guerre au sol, sinon directement, du moins avec des troupes formées et motivées. Mais sans s’aliéner les populations sunnites – des tribus – qui sont loin d’être toutes hostiles aux djihadistes : "À chaque étape de leur progression, les gens de Daesh sont accueillis par des sympathisants qui ont préparé leur arrivée", affirme un prêtre chrétien de la région (Le Temps). D’autres, comme toujours et partout, se rallient par peur au vainqueur.

Quels que soient d’éventuels et nécessaires succès militaires contre l’État islamique, il n’y aura d’issue que politique : "Les puissances occidentales doivent proposer mieux aux populations sous contrôle de Daesh que ce que celui-ci leur donne, estime Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, dans

Le Nouvel Observateur. Il ne sert par exemple à rien d’espérer réussir à intégrer les arabes sunnites dans l’État irakien actuel, majoritairement chiite. Il faut leur proposer autre chose : pourquoi pas une partie sunnite indépendante ?". Le fait est qu’en Irak, notamment, "que ce soit les chiites, les Kurdes, les sunnites, chacun veut avoir son État", constate l’universitaire Mathieu Guidère dans Challenges.

Réviser les alliances

Néanmoins, il vaut vaincre Daesh dont l’ambition n’est pas tant territoriale qu’idéologique et universaliste : conquérir le monde pour le convertir à l’islam, au prix d’une Troisième Guerre mondiale. On ne voit pas comment la coalition conduite par les États-Unis y parviendra sans consentir à réviser ses alliances, notamment en acceptant de renouer avec le régime de Bachar el-Assad et la Russie de Poutine, sans oublier l’Iran.

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Chrétiens en SyrieÉtat islamiquepalmyre
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