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La réforme du collège, nouveau boulet pour le gouvernement

Najat Vallaud-Belkacem – fr

© KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Philippe Oswald - publié le 12/05/15

La réforme des programmes scolaires est la cible non seulement d’adversaires politiques mais d’intellectuels de tous bords. Et la défense crispée et pleine de « boulettes » de Najat Vallaud-Belkacem en fait un boulet pour les socialistes.

La réforme du collège, prévue pour entrer en application à la rentrée 2016, ainsi que celle des programmes du CP à la 3e, est devenue un chemin de croix pour le gouvernement et sa majorité. Le déluge des critiques a ouvert un nouveau front qui met en difficulté la ministre de l’Education. Chaque jour,  la polémique enfle et rebondit. Ce matin, sur RTL, c’était au tour de Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de l’Éducation nationale et l’un de ceux qui se sont sentis visés par l’accusation de « pseudo-intellectuels » proférée par la ministre de l’Education nationale quelques jours plus tôt (le 30 avril également sur RTL) contre ses opposants. « Je suis peut-être un pseudo-intellectuel et elle est une pseudo-ministre » a-t-il répliqué. A ses yeux, les nouveaux programmes sont « scandaleux, débiles, nuisibles, partisans -et je pèse mes mots !». L’Histoire en quatrième ? « Un pur scandale : un monde dominé par l’Europe : empires coloniaux et (…) traites négrières’ (…) c’est une idéologie post-11 janvier. On est dans l’Europe de la repentance. Évidemment qu’il faut parler de ces thèmes mais vous ne pouvez pas voir la civilisation européenne uniquement de ce point de vue. Il faut débrancher le déconomètre ». Et l’ancien ministre d’accuser : « Ce programme est la destruction de l’idée républicaine (…) Il va décérébrer des générations d’innocents. »

« Un projet désastreux », « une démolition »

Certes, c’est un UMP qui s’exprime – Nicolas Sarkozy l’a fait la veille avec la même vigueur : un projet «désastreux pour notre République», « sans doute la plus détestable de la longue liste des réformes inutiles que nous avons connues depuis trois ans » (Huffington Post). Mais le centriste François Bayrou, lui aussi ancien ministre de l’Education nationale, ne s’est pas montré plus indulgent :  « Ceci n’est pas une réforme, c’est une démolition», a-t-il-lâché ce dimanche, au micro de l’émission «Tous politiques» de France Inter, France 3 et Le Parisien. Une pétition signée par plus de 150 parlementaires de la droite et du centre demande le retrait pur et simple du texte (Francetvinfo).

« La haine d’être français »

Quant aux « pseudo intellectuels », ils occupent un large éventail : Jacques Julliard, Pierre Nora,  Régis Debray , Alain Finkelkraut, Michel Onfray, Pascal Bruckner, Alain Minc, Marc Fumaroli figurent parmi ceux qui s’insurgent contre la réforme de celle que l’académicien Jean d’Ormesson dépeint en «Terminator de charme» tandis que le philosophe Jean-Pierre Le Goff préfère dévier le coup en fustigeant les « petits idéologues qui gravitent autour de Najat Vallaud-Belkacem, et profitent de l’école pour installer un meilleur des mondes à leur mesure ». Pour Jacques Julliard, journaliste, historien et intellectuel de gauche, «ces programmes respirent la gêne d’être français, la haine d’être français» en raison notamment de la place faite à l’Islam par rapport au christianisme et au rationalisme (Le Parisien). L’essayiste et universitaire Régis Debray pointe la fin programmée du latin, le tout-anglais, et plus généralement une école qui « reproduirait tous les vices du monde extérieur : le zapping, le surfing, le cocooning, le packaging, le marketing », en concluant par cette formule choc : « La civilisation, ce n’est pas le Nutella, c’est l’effort » (allusion aux EPI, les Enseignements pratiques interdisciplinaires, dans lesquels N.V-B voit un moyen de lutter contre l’ennui supposé des collégiens).  Le professeur au collège de France et académicien Marc Fumaroli dénonce le « coup de grâce » donné au latin et au grec (sacrifiés par la suppression des classes bilangues ainsi que des sections européennes, accusées de favoriser l’élitisme et de creuser les inégalités au collège) (
Francetvinfo) tandis que l’essayiste Alain Minc se dit « épouvanté » par ce « mépris des humanités »  (Europe 1).  « C’est vraiment prendre les Français pour des imbéciles, s’indigne Pascal Bruckner. On leur supprime le latin, le grec et l’allemand pour leur donner à la place du Jamel Debbouze. (…) Au motif de favoriser le « vivre ensemble », horrible terme de la novlangue actuelle, on prône l’effacement de ce qu’il y a de meilleur dans notre héritage. » (Le Figaro)

On n’a pas fini d’entendre « le concert des immobiles »

Côté socialiste, ceux qui continuent à défendre la réforme, concèdent qu’elle « n’a qu’un défaut, son explication» et souhaitent que « la ministre de l’Education nationale reçoive les intellectuels, et sans pseudo», selon les termes du député socialiste Eduardo Rihan Cypel sur Sud-Radio.  Avant lui, Julien Dray, vice-président de la région Île-de-France, avait jugé qu’il faut « reprendre » le texte tandis que Ségolène Royal jugeait inopportun de provoquer ainsi « un conflit politique ».
Mais Manuel Valls et François Hollande sont montés au créneau pour défendre Najat Vallaud-Belkacem, le premier ministre appelant les Français à «se mobiliser pour défendre» cette «belle réforme» (20 minutes) et le président de la République proclamant sa volonté de braver « le concert des immobiles ».  Pourtant l’orchestre est large, à défaut d’être symphonique : outre tous ceux mentionnés plus haut, intellectuels et parlementaires, il comprend 80 % des enseignants (Les Echos), notamment les professeurs d’allemand et de langue ancienne, et les syndicats, Snes, FO , SNALC , FSU, qui ont appelé à la grève le 19 mai contre cette nouvelle organisation en dénonçant l’esprit libéral de la réforme (en cause, les 20 % d’autonomie laissée aux établissements) !  Le président du Conseil supérieur des programmes lui-même semble d’avis de lâcher du lest en faisant son « mea culpa » sur Europe 1 (le 7 mai).
Une journée de grève et de manifestation est prévue le 19 mai pour tenter de faire reculer le gouvernement.

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