Dans un message poignant à ses confrères, le père jésuite Sami Halla témoigne de l’étau qui se resserre autour des quelques chrétiens restés à Alep, une des grandes lignes de front de la guerre en Syrie.
Il est urgent de sauver les chrétiens de Syrie avant que leur présence ne disparaisse complètement et que leur patrimoine culturel ne soit définitivement effacé par les organisations djihadistes qui multiplient leurs atrocités sur le territoire, employant contre eux de puissants moyens de destruction.
À Alep, pendant les célébrations de Pâques, on n’avait jamais vu pareille destruction (
Aleteia), et les chrétiens, ne voyant plus d’issue à ce qui prend de plus en plus l’allure d’un vrai génocide, tentent de partir ou, s’ils restent, de se donner mutuellement la force de vivre. « J’encourage les gens à rester calmes, à ne pas fuir tout de suite, car si nous, les chrétiens, sommes nombreux, nous pourrons revendiquer quelque chose auprès des nouveaux occupants », témoigne le père jésuite Sami Halla, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), dans un message à ses confrères.
Aleteia), et les chrétiens, ne voyant plus d’issue à ce qui prend de plus en plus l’allure d’un vrai génocide, tentent de partir ou, s’ils restent, de se donner mutuellement la force de vivre. « J’encourage les gens à rester calmes, à ne pas fuir tout de suite, car si nous, les chrétiens, sommes nombreux, nous pourrons revendiquer quelque chose auprès des nouveaux occupants », témoigne le père jésuite Sami Halla, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), dans un message à ses confrères.
Tout comme d’autres volontaires du JRS, le père Halla a fait le choix de ne pas quitter le pays, et de rester auprès de la population bombardée. Tout comme le père Frans van der Lugt le fit lui aussi, avant d’être froidement assassiné, le 7 avril 2014 (
Aleteia). Ce
message est rédigé sous forme de « journal » dont voici quelques extraits pour rendre compte de la détresse quotidienne de tous ces chrétiens mais également leur courage, leur capacité et leur foi à voir des lueurs d’espoir même dans les pires situations.
Aleteia). Ce
message est rédigé sous forme de « journal » dont voici quelques extraits pour rendre compte de la détresse quotidienne de tous ces chrétiens mais également leur courage, leur capacité et leur foi à voir des lueurs d’espoir même dans les pires situations.
7 avril 2015
Un an est passé depuis le décès du père Frans le 7 avril 2014. Les combats s’intensifient à Alep. Les chrétiens vivent un cauchemar. Heureusement, il n’y a pas Internet, et donc, pas de nouvelles qui manipulent et effraient. Mais la peur est là… J’ai commencé à sensibiliser les évêques pour accélérer la préparation des lieux d’hébergement au cas où les factions armées envahissent nos quartiers. Ce soir c’est terrible. Les bombes tombent tout près de chez nous et nous sentons l’odeur de la poudre. Les murs tremblent à chaque explosion. Les balles ou les éclats, je ne sais pas, touchent les façades des bâtiments et font un bruit de pluie.
11 avril 2015
Un véritable carnage dans le quartier chrétien de Suleymanieh. Les missiles qui tombent démolissent des immeubles entiers. Beaucoup de morts et beaucoup d’immeubles en ruine. Un cauchemar. Je suis allé voir : les gens plient bagages et partent.
Les gens éprouvent un arrachement douloureux : soudain disparaissent toute l’histoire personnelle et tous les souvenirs. Il ne reste que des débris et des personnes tremblantes, effrayées, dénudées psychologiquement de tous les objets d’affection, sans parler de ceux qui ont perdu des personnes chères…
Que dire aux gens ? N’ayez pas peur ! J’ai prononcé cette phrase avec force, et les gens l’ont écoutée avec foi, car celui qui parle est aussi touché comme eux. Gardez votre calme pour pouvoir prendre une décision sage. Voulez-vous partir ? Partez, moi je reste. Priez de tout votre cœur : « Dieu viens à notre aide ! Seigneur à notre secours ! » Ce n’est plus la consolation que j’annonce mais la consolidation. Je sens que le courage que je montre renforce les gens. Que l’Esprit Saint continue à me soutenir par ce courage, car je sens une grande faiblesse au fond de moi-même.
12 avril 2015
C’est la fête de Pâques (orthodoxe). Mais les chrétiens de la ville vivent un Vendredi Saint. Tout le monde crie : « On va partir ! »
. Une fois de plus, la communauté chrétienne montre un esprit de solidarité. Tout le monde commence à héberger les déplacés. L’Église latine est la première à ouvrir ses salles pour accueillir ceux qui n’ont plus de domicile. Les Grecs-catholiques suivent les pas des Latins. Le moral est très bas. Personne ne comprend le sens de ce qui se passe. Mais les chrétiens sont convaincus que le plan de les chasser de la ville commence…