Son dossier a été déposé à Rome il y a quelques mois. Le père Peyrous, postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin, éclaire sur son témoignage d’écoute et d’attention aux autres.
Qu’est-ce qui caractérise la figure de Marthe Robin ?
Père Bernard Peyrous : C’est une femme très simple, d’origine paysanne, gravement handicapée, qui depuis sa chambre a fondé les Foyers de charité (communautés de baptisés, dont la mission principale est l’animation de retraites spirituelles. On compte 76 Foyers de charité à travers le monde, dont 12 en France métropolitaine, ndlr). Précurseur de Vatican II, elle a reçu plus de 100 000 personnes en entretien dans sa chambre. C’est une femme qui a eu une influence énorme, qui a donné sa vie pour le renouvellement de l’Église. Je vois en elle la sainte patronne de la Nouvelle Évangélisation.
Comment peut-elle toucher, aujourd’hui, les personnes fragiles, malades, en fin de vie ?
Père Bernard Peyrous : C’est le plus important. Marthe Robin a eu une vie humaine perdue. Malade dès l’âge de 6 ans, grabataire à 18 ans, elle a passé 53 ans dans son lit, souffrant affreusement d’une encéphalite qu’à l’époque on ne pouvait ni soigner, ni soulager. Elle représente ce que le monde actuel rejette : aujourd’hui, l’euthanasie aurait sans doute été proposée. Or son évolution spirituelle, puisqu’il s’agit bien de cela, liée à la découverte de la Passion du Christ et de son amour donné jusqu’au bout provoque en elle un véritable retournement. À partir d’une vie inutile, elle devient l’une des femmes les plus influentes en France. Elle incarne parfaitement le Magnificat : les pauvres, les inutiles, ceux qui n’ont pas de place dans la société sont bénis par Dieu. Son témoignage est extrêmement fort. Il triomphe de la faiblesse. Le chemin de Marthe Robin montre qu’il n’y a pas d’explication à la vie humaine en dehors du Christ. C’est lui qui apporte une lumière qui transforme toute situation. Au nom de la vie donnée par le Christ : il y a toujours une espérance, aucune vie n’est perdue. Marthe Robin en est une démonstration aveuglante.
Quelle parole particulière retenez-vous d’elle ?
Père Bernard Peyrous : Marthe Robin a beaucoup parlé, elle a eu de nombreuses conversations. Mais ce qui s’exprime d’abord chez elle, c’est un sourire de bonté, d’affection, de bienveillance. Ce sourire d’amitié, même si on ne le voyait pas, est le plus frappant chez elle, avec l’écoute et l’attention aux autres. (…) Lire la suite des propos recueillis par Florence de Maistre sur Église catholique en France