Le président russe a tenté de justifier sa politique et de rassurer ses compatriotes, alors que son pays connaît une grave crise économique et demeure isolée sur la scène internationale.
Le président russe Vladimir Poutine s’est plié au traditionnel jeu des questions-réponses, cette année encore, avec la population russe. La session a duré près de quatre heures avec un record de plus de trois millions de questions posées au chef de l’État. Des questions triées avec soin, tout comme l’assistance présente, la presse étant quant à elle reléguée dans une autre salle…
Crise économique russe
En matière d’économie, le président russe à reconnu les difficultés vécues par la population du fait de l’inflation galopante de ces derniers mois. « Les experts voient que nous avons passé le pic des problèmes en termes de remboursement des crédits extérieurs par les banques et par les entreprises du secteur réel. Le taux de change de la monnaie nationale s’est corrigé et il n’y a pas eu de catastrophe », s’est-il même félicité.
Soutenu par l’apaisement des combats en Ukraine et un rebond des cours du pétrole, le rouble a même repris près de 40% depuis début mars face au dollar, ce qui en fait la monnaie la plus performante au monde depuis le début de l’année. Concernant les sanctions occidentales, Poutine s’est voulu réaliste : « Il est peu probable que l’on puisse attendre une levée des sanctions parce qu’il s’agit d’une question politique » dont le but serait selon lui de « contenir le développement » de la Russie.
Annulation du contrat des Mistral français
Au sujet des navires de guerre que la France a refusé de livrer après des mois de tractations, Poutine a reconnu y voir « un mauvais signe » mais a jugé que les conséquences étaient « sans importance » pour la défense nationale. Cette vente avait été conclue « avant tout pour soutenir » l’emploi dans les chantiers navals français, a-t-il assuré. « Nous n’avons pas l’intention de demander de pénalités ou d’amendes (…), mais il est nécessaire que tous les coûts que nous avons supportés soient couverts, a précisé le chef d’État russe. Je suppose que la direction française actuelle et les Français en général sont de bonnes personnes et qu’ils nous rendront notre argent. »
Guerre civile ukrainienne
Vladimir Poutine est resté ferme en ce qui concerne l’Ukraine : « Les troupes russes ne combattent pas en Ukraine. (…) Notre but n’est pas de reconstruire un Empire », a-t-il assuré. Il a par ailleurs confié ne faire « aucune différence entre Russes et Ukrainiens. (…) Ils sont fondamentalement la même nation ». Par définition, une guerre entre Kiev et Moscou est donc tout simplement « impossible » selon lui. Vladimir Poutine a tout de même semblé déplorer l’isolement de son pays. Citant le tsar Alexandre III, il a affirmé : « La Russie n’a que deux alliées : son armée et sa flotte militaire », avant de lancer : « Nous ne considérons aucun pays comme notre ennemi. Et nous ne conseillons à personne de nous considérer comme son ennemi ».
Livraisons d’armes à l’Iran
Il a également justifié sa décision de lever l’interdiction de livrer à l’Iran des batteries sol-air S-300, répétant une nouvelle fois qu’elle découlait des conclusions de l’accord-cadre du 2 avril entre Téhéran et le groupe 5 + 1. « Tous les participants ont annoncé qu’un accord avait été trouvé, il ne reste plus que les détails techniques à régler, ce qui devrait être fait en juin », a-t-il rappelé alors que sa décision a suscité l’inquiétude d’Israël.