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« Pilules du lendemain » : une « urgence »… anodine ?

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Philippe Oswald - publié le 17/04/15
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Désormais toutes disponibles sans ordonnance en pharmacie, elles sont présentées comme une contraception d’urgence mais sans risque. Une affirmation doublement contestable.

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La « pilule du lendemain » la plus récente, disponible sur simple demande voire en libre-service dans les pharmacies de 28 pays de l’Union européenne, dont la France : présentée comme une nouvelle « avancée » dans la libération de la femme, cette mesure est due à la Commission européenne qui a décidé d’autoriser l’accès direct à une molécule, l’ulipristal acétate, en pharmacie.

Plus besoin de consultation médicale

Après le lévonorgestrel (commercialisé par HRA Pharma  sous le nom de Norlevo ) délivré sans ordonnance, cette seconde pilule, l’EllaOne, commercialisée elle aussi par le laboratoire HRA Pharma, était jusqu’à présent soumise à une prescription médicale.  « C’est donc toute la contraception d’urgence orale qui devient accessible sans ordonnance. » constate Le Parisien.
L’EllaOne concerne aussi les mineures, qui peuvent en disposer de façon anonyme et gratuite au même titre que le Norlevo, alerte Gènéthique : cela « prive les jeunes femmes des avantages de la consultation médicale préalable et des garanties qu’apporte une prescription médicale en termes de pertinence d’usage du médicament et de fréquence d’utilisation. Le pharmacien se trouve impuissant à contrôler la fréquence de ces prises. Par ailleurs, le libre accès contribue à la banalisation du médicament, et empêche toute traçabilité, la dispensation ne faisant plus l’objet d’une inscription à l’ordonnancier. »

Une expression trompeuse

En outre, l’expression « pilule du lendemain » est trompeuse, avertit Le Point : « "La contraception d’urgence orale doit être utilisée le plus rapidement possible et jusqu’à 72 heures (pour le lévonorgestrel), jusqu’à 120 heures pour l’ulipristal acétate, après un rapport sexuel non ou mal protégé", précise Christian Jamin (gynécologue-endocrinologue) ».
Enfin, ajoute cet hebdomadaire en reprenant une affirmation reprise par presque tous les media français, « il faut savoir qu’elle ne provoque pas d’avortement. Si l’ovulation a eu lieu, elle n’a pas d’effet sur la fécondation. »

Une désinformation

Est-ce si sûr ? Les « pilules d’urgence » ne sont-elles qu’anticonceptionnelles ? Alliance Vita dénonce une « désinformation » : « En réalité, il est scientifiquement reconnu que les effets sur l’endomètre des deux « contraceptifs d’urgence » utilisés en France demeurent flous. (…) Concernant le Norlevo, la Food and Drug Administration (FDA) – Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux – prévient que sa molécule peut causer des modifications de l’endomètre et pourrait empêcher la nidation dans l’utérus s’il y a eu conception. La FDA n’a pas démenti cette analyse.
Dans le cas d’EllaOne et la molécule acétate d’ulipristal, l’Afssaps devenue l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé)  précisait en 2009 que « l’effet de cette molécule sur l’endomètre n’est pas élucidé » lorsqu’elle a été saisie par Alliance VITA qui demandait des précisions sur les modes d’action de la molécule acétate d’ulipristal d’EllaOne.
« Nous constatons que le doute plane sur le fonctionnement réel d’EllaOne ou du Norlevo. Les femmes ont raison de s’interroger sur leurs conséquences réelles. Ce qui nous semble extrêmement grave, c’est cet acharnement à vouloir voiler la réalité scientifique », s’étonne Caroline Roux, coordinatrice des Services d’écoute d’Alliance VITA.
« Pourquoi cette campagne de promotion commerciale d’un produit surdosé, désormais vendu sans ordonnance, dont le fabriquant se targue au même moment de faire baisser le prix? Et pourquoi cacher aux femmes la réalité du fonctionnement des procédés qu’on prétend uniquement contraceptifs ? Comme le stérilet, ces pilules du lendemain sont susceptibles de supprimer un être humain déjà conçu. Proclamer l’inverse, c’est de la désinformation. »

« A visée anticonceptionnelle ou abortive »

 La Commission européenne elle-même « reconnait le caractère potentiellement abortif d’EllaOne® puisqu’elle la classe dans « les produits à visée anticonceptionnelle ou abortive », constate pour sa part Gènéthique. C’est pourquoi elle en limite l’application : les Etats membres restent libres d’« interdire ou limiter la vente, la fourniture, ou l’utilisation de médicaments à visée anticonceptionnelle ou abortive ».
Mais en France, le discours officiel -repris sans sourciller par la plupart des médias- est que les « pilules du lendemain » ne sont que contraceptives. Comme si, s’agissant de la santé de la femme et de la protection de l’embryon, il n’était pas question d’invoquer le principe de précaution.
 

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