La série consacrée à Daredevil, le célèbre justicier aveugle, débarque sur Netflix. Son arme secrète : sa foi catholique.
Que vous aimiez ou non les super-héros, vous allez peut-être jeter sur celui-ci un regard différent. Non pas à cause de son handicap, mais plutôt en raison d’une autre de ses différences notables par rapport à ses nombreux cousins nés des pages des Comics de Stan Lee et de Marvel : c’est l’un des (très) rares super-héros catholiques. Un héros qui, après les films à grand spectacle autour d’Iron Man et des Avengers, et les séries TV consacrées à l’Archer Vert et aux Agents du Shield, débarque ce mois-ci sur Netflix pour 13 épisodes.
En lutte contre sa conscience
Aveugle et catholique ? Faut-il y voir une condamnation implicite de la foi en général, et de la foi chrétienne en particulier, de la part d’écrivains new-yorkais très peu portés sur la fréquentation des églises ? Pas du tout, bien au contraire. D’abord, qui est Matt Murdock ? Un héros de papier, un de plus, créé par Stan Lee, Bill Everett et Jack Kirby en 1964, rendu aveugle par un produit chimique radio-actif en sauvant la vie d’un vieil homme. Une irradiation qui, à l’inverse, renforce à l’extrême ses autres sens et ses réflexes, faisant de lui une sorte de radar humain. Sa mère part quand il est encore bébé, son père est tué par un truand, et Murdock décide de mener une double vie : avocat défendant les justes causes le jour, vigilant la nuit. Un genre de Batman sans cape ni gadgets, et en rouge, en quelque sorte ?
Certes, mais sans le comportement de psychopathe schizophrène du Batman : ce contre quoi se bat en premier lieu ce super-héros, c’est sa conscience. À l’inverse du navet cinématographique sorti il y a quelques années, avec Ben Affleck sous le collant frappé d’un D, la série qui vient d’atterrir sur Netflix, dans laquelle Matt Murdock est interprété par Charlie Cox, est plus proche de la réinvention récente de ce Comics par une légende contemporaine de la BD : Frank Miller, l’homme derrière la saga Dark Knight, mais aussi Sin City ou 300. Dans un documentaire sorti en même temps que le film, en 2003, l’auteur l’expliquait clairement : « J’ai décidé qu’il était nécessaire qu’il soit catholique, car seul un catholique pourrait être en même temps vigilant et avocat ». D’où son idée d’en faire une sorte de « born again » à l’américaine, à qui la vie n’aurait rien épargné mais ne jetant pas l’éponge pour autant. Un homme tiraillé entre la défense de la justice le jour, et une justice personnelle et violente parfois proche de la vengeance chaque nuit.
Un supplément d’âme
Ceci explique bien la scène d’ouverture de la série, qui pose l’importance de la foi dans la compréhension du parcours du super-héros : une confession. Alors que le prêtre lui demande de simplement confesser ce qu’il a fait, Murdock lui répond : « Je ne cherche pas le pardon pour ce que j’ai fait, mon Père. Je le demande pour ce que je suis sur le point de faire ». Et ce n’est pas son super-pouvoir mais bien sa foi qui, à chaque immersion nocturne dans les bas-fonds de la ville, l’empêche de basculer du statut de super-héros à celui de « vilain ». C’est sans doute là la différence majeure existant entre Daredevil et son demi-frère de papier, tout aussi nocturne et combatif,
Arrow : le supplément d’âme.