Alors que les Nigérians retiennent leur souffle en attendant le résultat des élections présidentielles, d’autres n’ont pour préoccupation que leur survie après avoir fui Boko Haram.
Les Nigérians ont voté en masse et généralement dans le calme pendant le week-end. Ils attendent à présent le résultat d’une présidentielle très disputée entre le président sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, un chrétien, du People’s Democratic Party (PDP) au pouvoir, et son rival Muhammadu Buhari, 72 ans, un musulman, candidat du Congrès progressiste (APC) rassemblant une large partie de l’opposition.
69 millions d’électeurs
Quelque 69 millions d’électeurs – sur 173 millions d’habitants – ont voté pour élire, outre le président, les 109 sénateurs et les 360 députés du pays le plus peuplé d’Afrique, premier producteur de pétrole et première puissance économique du continent, mais gangréné par la corruption et la violence.
Après s’être félicité que le scrutin ait respecté « les principes continentaux des élections démocratiques », l’Union africaine a appelé ce lundi « toutes les parties à avoir recours aux moyens légaux existants au cas où il y aurait contestation des résultats » (lors de la précédente présidentielle en 2011, près d’un millier de personnes avaient été tuées…) (TV5monde).
Fait notable : malgré des raids sanglants dans plusieurs localités situées dans l’État de Borno et celui, voisin, de Yobe (au nord du pays), Boko Haram n’est pas parvenu à perturber véritablement les élections comme la secte islamique l’avait annoncé. C’est sans doute un signe de l’affaiblissement de ce groupe terroriste face aux contre-offensives des armées tchadienne et nigériane. Cette dernière a notamment effectué des frappes aériennes et lancé une opération terrestre hier dimanche contre les insurgés assiégeant la ville de Bauchi. Mais c’est aussi que « rien de ce qui concerne Boko Haram n’a plus ces jours-ci d’impact sur l’opinion nigériane hors des zones touchées par l’insurrection. Le pays est tout entier emporté par la bataille politique et le résultat de l’élection, bien plus que par les mouvements de ses soldats dans le lointain Nord-Est » (Le Monde).
Réfugiés dans la région du lac Tchad
Il en va tout différemment pour les malheureuses populations victimes de ces violences sans fin. Ces élections ont encore été endeuillées par la mort de sept personnes dans des attaques contre des bureaux de vote dans l’État de Gombe. Ces attentats avaient été précédés par les décapitations de 23 personnes, vendredi, dans l’État de Borno. Ces horreurs répétées « ont provoqué le départ de près d’un million de Nigérians ces derniers mois, rapporte Radio Vatican. Environ 15 000 d’entre eux se sont établis au Tchad voisin, dans la région du Lac, dans des camps, ou bien répartis sur les îles du lac ». Ils manquent de tout, témoigne Roland Ndoyom, le représentant de Caritas Tchad, sur les ondes de Radio Vatican. Les conditions sanitaires, l’approvisionnement en eau potable et l’alimentation sont une urgence vitale.