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Yémen : la sanglante signature de l’État islamique

Yemeni security guards stand outside a hotel in Sanaa during a protest organised by local women's unions calling for more gender equality in decision making and for an end to the country's political crisis on February 19, 2015, before their meeting with UN Secretary General Advisor on Yemen Affairs, Jamal bin Omar. On February 6, Yemen's Shiite Huthi movement ousted the government and dissolved parliament, tightening their grip after Western-backed President Abedrabbo Mansour Hadi tendered his resignation in protest at their advance. AFP PHOTO / MOHAMMED HUWAIS

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Philippe Oswald - publié le 21/03/15
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Les attaques meurtrières de vendredi contre des mosquées à Sanaa sont les premières commises par l’État islamique au Yémen. Une « catastrophe absolue » selon le ministre français des Affaires étrangères.
Le soi-disant État islamique (EI) a revendiqué le double attentat suicide contre les « infidèles houthis (miliciens chiites, ndlr) bras de l’Iran au Yémen » qui a fait au moins 142 morts et 351 blessés le 20 mars dans deux mosquées de Sanaa, capitale du Yémen, à l’heure de la grande prière du vendredi. Un troisième attentat commis le même jour dans une mosquée de Saada, dans le Nord du pays, a échoué.

L’État islamique supplante Al-Qaïda

Ce sont les chiites qui se sont emparés de la capitale en septembre 2014 que vise l’EI en se posant en défenseur des sunnites. Ceux-ci sont déçus par Al-Qaïda (Aqpa en version locale : Al-Qaïda dans la péninsule arabique) qui n’a pas su les protéger des chiites : « Depuis que les miliciens Houthis ont pris le contrôle de la capitale et conquis une bonne partie du pays, Al-Qaïda a perdu de sa crédibilité, ayant été incapable de défendre même des provinces sunnites », explique à France 24 Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse. C’est pourquoi les sunnites se tournent à présent vers le « Califat » du pseudo État islamique.

Aqpa s’est désolidarisé de l’attentat : « Aqpa, qui a par le passé appelé à soutenir l’EI face aux frappes de la coalition internationale en Syrie et en Irak, a assuré ne pas être impliqué dans l’attaque de vendredi, soulignant dans un communiqué sur Twitter qu’Al-Qaïda se refuse à "prendre pour cible des mosquées" » (Le Point).

« Un coup de publicité énorme »

L’État islamique vient de marquer un point important dans sa rivalité avec Al-Qaïda, explique au Monde Dominique Thomas, spécialiste des mouvements djihadistes à l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) : « Jusqu’à présent, Aqpa a résisté à la montée de l’EI et a maintenu ses influences mais, si des actes de ce type se poursuivent, elle va avoir du mal a rester le centre de gravité. (…) En trois jours, le groupe aurait ainsi mené des attaques en Algérie, en Tunisie et au Yémen, ce qui est un coup de publicité énorme pour cette organisation qu’on dit affaiblie et sur le déclin. Son succès aujourd’hui tient à ce qu’il a complètement décentralisé le système de commandement. Les cellules fonctionnent en autogestion et tout est mutualisé en termes de communication. C’est plus une marque… ».

Pour le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, la situation du Yémen est « une catastrophe absolue »  (20 minutes). Le ministre a démenti par ailleurs les rumeurs d’une libération de la Française Isabelle Prime, enlevée le 24 février à Saana (Aleteia).

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