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OPINION. Enterrer le latin et le grec ? Non possumus !

The Intervention of the Sabine Women – Jacques-Louis David – fr

© Public Domain

Philippe Oswald - publié le 18/03/15

La énième réforme du collège, version Najat Vallaud-Belkacem, prépare la mort par asphyxie de ces deux langues anciennes qui sont les sources de notre langue et de notre culture. O tempora, o mores !

Najat Vallaud-Belkacem a entrepris de reléguer les « langues et [la] culture de l’antiquité » dans un fourre-tout intitulé « Enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI). Ces EPI sont supposés solliciter « l’expression orale, l’esprit créatif et la participation » des élèves sous la direction d’enseignants « de toutes les matières », pour définir « en équipe les contenus des cours ». En clair, la réforme du collège conduit à ravaler l’enseignement des langues anciennes au rang de simple gadget dans le bric à brac de l’Éducation nationale.

Fini, les apprentissages laborieux mais combien formateurs du latin et du grec ! Les bons gros dictionnaires Gaffiot (Félix) et Bailly (Anatole) qu’on se passait de génération en génération avec leurs taches d’encre et autres graffitis de diverses époques, ne serviraient plus qu’à consolider les étagères surchargées des bibliothèques. L’ensevelissement de ces bouquins glorieusement poussiéreux signifierait le tarissement  des sources de notre langue et de notre culture. Littérature, grammaire, philosophie, sciences morales et politiques, droit, histoire, médecine… que seraient ces matières sans la sagesse grecque et la rigueur latine ? Sans parler – mais si, justement, parlons-en – de la liturgie et de la théologie chrétiennes qui, telles de grandes orgues, ne sauraient se passer des jeux croisés de l’hébreu, du grec et du latin.

Notre principal déficit : l’humanité 

Tout cet ensemble prestigieux est désigné d’un mot : les humanités. Or c’est là précisément notre principal déficit, l’humanité ! Nous sommes gavés de technologie (tiens, encore un mot grec), abrutis d’informatique (néologisme formé à partir de « information automatique »), coupés du sens des mots, amnésiques donc aphasiques, affolés d’immédiateté, conditionnés par les incessants stimuli (tiens…) de la pub, et voilà que le ministre de l’Éducation nationale s’est mis en tête de priver ceux qui en ont le plus besoin, les collégiens, de la culture classique, le meilleur antidote (du grec antidotos), après la prière (du latin precaria ), à la barbarie contemporaine…

« Le latin attire encore 20% des collégiens »

Allons, résignez-vous, susurrent les défaitistes, le latin, il y a longtemps que c’est tombé aux oubliettes. Erreur ! rétorque Loys Bonod, professeur de Lettres classiques au lycée Chaptal, à Paris : « On a toujours un gros vivier de latinistes en France, c’est même sidérant au regard des attaques dont est victime cette discipline. Le latin attire encore 20% des collégiens en Cinquième. Même si la proportion diminue au fil des années et de la scolarité puisqu’ils ne sont plus que 4,3% en terminale, cela reste massif » (Le Figaro). Et cela, en dépit d’horaires ubuesques, de l’assèchement du nombre d’heures d’enseignement en Lettres classiques données par les rectorats, et de la pénurie organisée des profs, avec seulement un poste sur trois comblé lors du dernier concours de professeurs. Mais le fond du problème, selon Loys Bonod, c’est que l’« on veut la mort du latin, ce symbole de l’effort à l’école. On va finir par s’aliéner notre propre littérature. Car l’étape suivante, selon moi, c’est la destruction des
lettres ».

Pour résister à la « nouvelle civilisation »

« Quousque tandem, Najat, abutere patientia nostra ? » Qu’on ne s’y trompe pas, en effet : une même logique sous-tend l’abandon des humanités à l’école dans le projet de Najat Vallaud-Belkacem et l’adoption du « mariage pour tous » sous l’égide de Christiane Taubira. Il s’agit dans un cas comme dans l’autre d’inventer une « nouvelle civilisation » socialo-libertaire, avec des individus coupés de leurs racines, de leur culture et de leur religion, pour en faire des ilotes soumis aux idoles du marché et de l’Etat. Eh bien, entrons en résistance !
« Labor omnia vincit improbus ! » Inspirons nous des glorieux exemples dont regorge le De viris illustribus  du bon abbé Lhomond, ce manuel de latin qui a traversé les siècles. Son auteur, prêtre réfractaire, réchappa aux massacres de septembre grâce à l’intervention du conventionnel Tallien parce que celui-ci gardait une éternelle reconnaissance à son vieux prof de latin !

Illustration :Les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins, tableau peint par Jacques-Louis David entre 1796 et 1799.

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