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Suisse : arrestation surprenante d’un anti-djihadiste

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Sylvain Dorient - publié le 12/03/15
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Johan Cosar s’est battu aux côtés des chrétiens syriaques pendant deux ans. Il risque théoriquement jusqu’à trois ans de prison.
Ancien militaire et journaliste, Johan Cosar est un Suisse d’origine syrienne de 33 ans. Interpellé dans un train en Suisse, il est interrogé par la justice militaire. Il est accusé de violation de l’article 94 du code pénal militaire suisse, qui interdit l’enrôlement dans une armée étrangère sans l’autorisation du Conseil fédéral. Théoriquement, cette infraction pourrait lui coûter jusqu’à trois ans de prison et une peine pécuniaire, mais le fait qu’il ait combattu contre l’Etat islamique joue en sa faveur. Le porte-parole de la justice militaire Tobias Kühne confirme d’ailleurs qu’il n’a pas été placé en détention préventive, il est seulement privé de passeport et n’a pas le droit de quitter son pays.

« Si tu ne les défends pas tu n’es pas humain »
Parti pour un simple reportage sur la guerre civile syrienne, il est resté dans le pays pour défendre, les armes à la main, ses frères syriens. Sa participation à cette guerre n’a rien de planifié, mais la situation qu’il découvre est catastrophique. Quand il entre en Syrie en 2012, les Occidentaux ne condamnaient pas encore ouvertement les mouvements rebelles qui secouaient le pays. L’Etat islamique n’existait pas, et les médias Suisses, comme tous ceux d’Europe occidentale, voyaient dans la guerre civile syrienne en cours un nouveau Printemps arabe. Les rebelles « démocrates » devaient déposer le régime de Bachar Al-Assad, pour le plus grand bien du pays. En fait de rebelles démocrates, Mr Cosar a vu des barbares qui « décapitent tout le monde, de l’enfant au vieillard, qui détruisent sans discernement églises et mosquées ». Il conclut pour la chaîne Suisse RTS« Si tu ne les défends pas tu n’es pas humain ».

« Tu es la dernière personne à le voir vivre »
Ancien sergent instructeur dans l’armée Suisse, il a fait profiter les milices chrétiennes de sa formation, mais il affirme « ne pas aimer la guerre ». Pourtant il a choisi de troquer son appareil photo pour la lunette d’un fusil de précision russe Dragounov : « Nous prenons  notre propre défense, car personne ne le fera à notre place ». Il explique avoir abattu des djihadistes « Si tu ne tires pas, c’est lui qui te tirera dessus. Alors tu tires. Et l’homme qui se trouve dans ton collimateur, tu es la dernière personne à le voir vivre. »

« Mon peuple est le premier de la Mésopotamie »
Le 12 décembre 2012, le ministre Français des affaires étrangères s’opposait à la classification de l’organisation Al Nosra comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Il affirmait que « tous les Arabes sont vent debout contre cette position », car sur « le terrain ils font du bon boulot ». Le ministre prévoyait que grâce au concours de cette organisation – qui est une filiale d’Al Quaeda – le président syrien serait prochainement déposé. Sur le terrain, Johan Cosar a vu les protégés de Laurent Fabius à l’oeuvre et s’est juré de ne pas les laisser exterminer le peuple syriaque auquel il appartient. « Mon peuple est le premier de la Mésopotamie », s’enorgueillit-il !

Au nom du père
Fin 2012, son père, Saïd Cosar, aurait été tué par des djihadistes – probablement des membres d’Al Nosra, justement – alors qu’il acheminait un convoi humanitaire dans le nord du pays. Johan Cosar ne croit pas à cette mort, mais l’attaque du convoi a dû achever de le convaincre de la nécessité de prendre les armes pour défendre ses proches. Il fondait avec un groupe d’autres miliciens le 8 janvier 2013 le Conseil militaire syriaque, une milice chrétienne qui compte désormais 500 à 600 hommes.
 

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