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Inde : cinq ans de prison pour un steak ?

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Sylvain Dorient - publié le 06/03/15
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Avec une nouvelle loi anti minorités du BJP, le parti hindouiste et nationaliste au pouvoir, manger du bœuf mène en prison, quelle que soit sa religion.
Le président indien Pranab Mukherjee a approuvé mardi 3 mars une loi interdisant strictement l’abattage, la vente, la consommation de bovins… voire même la simple détention de cette viande ! Cette loi s’applique dans l’État de Maharashtra, où se trouve Mumbai. Elle concerne non seulement les vaches mais les bœufs et les taureaux, mais pas les buffles d’eau, qui ne sont pas considérés comme sacrés.

Une loi contre les minorités

Les premiers atteints par cette loi sont les membres de la communauté musulmane, les Querishi, qui ont la mainmise sur ce commerce. Pour des raisons religieuses, la viande de bœuf était surtout exportée, si bien qu’elle était devenue l’un des produits d’exportation principaux du pays, battant même le riz basmati en termes de chiffre d’affaires ! La nouvelle loi affectera près de 10,5 millions de personnes, menacées de ruine ou de chômage.

En plus des musulmans, les intouchables, auxquels revient le commerce du cuir et le transport du bétail, sont menacés par cette loi draconienne. Immédiatement après que cette loi a été votée, des membres de l’organisation nationaliste Vishwa Hindu Parishadindien (VHP) ont contraint plusieurs abattoirs dans l’État de Maharashtra à fermer leurs portes.

Le fait que ce ne soit pas la police qui ait agi mais des partisans hindouistes est un signal extrêmement préoccupant pour l’état de la démocratie en Inde. Le secrétaire du VHP, lié au Premier ministre Narendra Modi, explique : « Pourquoi aurions-nous attendu encore cinq ou six jours, juste pour des formalités administratives ? Si nous avions attendu, des milliers de bovins auraient été abattus ».

Application d’une loi vieille de 20 ans

Cette loi remonte en fait à plus de 20 ans. Élaborée par les nationalistes indiens, elle n’a jamais été mise en application sous les gouvernements précédents, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Modi. C’est une particularité de la société indienne que de nombreuses lois votées ne soient pas appliquées. La coutume l’emporte le plus souvent, mais ce système induit qu’un gouvernement militant peut du jour au lendemain décider de faire appliquer une loi sans débat préalable. Dans le cas présent, c’est un bouleversement inédit pour des millions d’Indiens, dont beaucoup de travailleurs-pauvres qui vont être réduits à la misère du jour au lendemain.

Contexte hostile pour les chrétiens

Les membres des communautés chrétiennes ont protesté contre cette loi. Gordon D’Souza, président de l’association catholique Bombay Catholic Sabha explique que la viande de bœuf occupe une place importante dans le régime non-végétarien et ajoute : « La religion est quelque chose de personnel, et le gouvernement ne devrait pas l’introduire dans ses lois ». Les attaques contre les minorités chrétiennes et musulmanes ne viennent plus des minorités nationalistes hindouistes mais de proches du gouvernement. Ainsi Mohan Bhagwat le chef de la Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une organisation humanitaire hindouiste, a-t-il accusé ouvertement mère Teresa de prosélytisme. « L’œuvre réalisée par mère Teresa aurait pu être bonne, mais elle était menée dans un but précis : convertir au christianisme les personnes à qui elle venait en aide. » (Aleteia).

Depuis l’élection de Modi comme Premier ministre le 26 mai 2014, le climat se tend pour les Indiens qui n’appartiennent pas à la majorité hindoue.

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