Avijit Roy, Américain d’origine bangladaise, a été massacré à coups de machettes et sa femme grièvement blessée alors qu’ils sortaient d’un salon du livre à Dacca.
Le 26 février dernier, vers 21 h, le blogueur et écrivain américain d’origine bangladaise Avijit Roy a été assassiné à coups de machettes par plusieurs individus non identifiés alors qu’il sortait d’un salon du livre près de l’université de Dacca. Le fondateur du site d’information mukto-mona.com (« Libre pensée ») semble avoir été « exécuté » selon le même modus operandi que d’autres
« blogueurs athées », assassinés avant lui par les islamistes.
Victimes du groupe islamiste Ansar al-Islam
Avijit Roy, âgé de 42 ans, a été frappé mortellement à plusieurs reprises par des individus armés de machettes qui l’attendaient sur le chemin du retour. Ses agresseurs se sont ensuite rapidement enfuis, laissant son épouse Rafida Ahmed Banna, grièvement blessée. L’écrivain est décédé peu après au Dhaka Medical College and Hospital.
Un autre blogueur, Rajib Haider, connu sous le pseudonyme de Thaba Baba, avait été tué, également à coups de machette, près de son domicile à Dacca le 15 février 2013. Le meurtre avait été rapidement revendiqué par le groupe radical Ansar al-Islam sur sa page Facebook.
C’est toujours cette même organisation islamiste, mais sur son compte Twitter cette fois, qui vient de réclamer la responsabilité de l’assassinat d’Avijit Roy, affirmant « avoir fait d’une pierre deux coups, en tuant un Américain » en même temps qu’un « blogueur blasphémateur ».
Le gouvernement passif devant des menaces de mort réitérées
L’écrivain, menacé de mort depuis des années par différentes factions islamistes, avait trouvé refuge aux États-Unis, où il continuait à écrire « contre l’extrémisme et l’obscurantisme » sévissant au Bangladesh, n’effectuant plus que quelques rares séjours dans son pays natal, à l’occasion d’événements particuliers comme lors du salon du livre de février dernier. Les militants des droits de l’homme accusent aujourd’hui le gouvernement du Bangladesh de n’avoir pas assuré la protection d’Avijit Roy, lequel avait été prévenu qu’il serait « assassiné lors de son prochain passage au Bangladesh ».
Jeudi 27 février 2015, par un communiqué de presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a réclamé « des mesures sans précédent » au gouvernement bangladais afin de « protéger les blogueurs et de lutter contre l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes contre les acteurs de l’information ».
D’autres blogueurs désignés comme cibles
L’organisation pour la défense de la liberté de la presse a également indiqué que les prochaines victimes des groupes islamistes pourraient être les blogueurs Asif Mohiuddin (cité sur la liste des personnes à abattre de la page Facebook d’Ansar al-Islam et ayant déjà subi une tentative d’assassinat en janvier 2013), et Subrata Audhikary Shuvo, également menacé de mort de façon récurrente.
Si l’on en croit les posts diffusés par le groupe islamiste, ce dernier aurait déjà plusieurs autres meurtres à son actif, dont le professeur d’université Shafiul Islam, assassiné, toujours à coups de machette, en novembre dernier (Aleteia), ainsi que d’autres « apostats » accusés d’avoir « blasphémé contre l’islam ».
Quant aux blogueurs athées, ils sont particulièrement la cible des islamistes depuis l’instauration en 2011 des Tribunaux spéciaux destinés à juger plusieurs de leurs leaders. Les tensions et affrontements que ces procès ont engendrés dans le pays ont fait déjà plus de 300 morts.
Dès février 2013, peu après l’assassinat de Rajib Haider, et alors que tombaient les premières condamnations à mort de leurs leaders, les groupes islamistes avaient lancé une manifestation générale dans le pays réclamant l’exécution de tous les blogueurs athées et la promulgation d’une loi anti-blasphème, déclenchant de violents heurts avec les forces de l’ordre.